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20 mai 2007

Le Japon et l'immigration choisie

Il n' y a pas qu'en France que se pose le problème de l'immigration. Au Japon, cette question est en train de devenir un enjeu national majeur. Le Japon n'est pas une terre d'immigration comme le sont par exemple la France ou les Etats-Unis mais l'entrée du pays dans une phase de dénatalité a poussé les dirigeants politiques et économiques à prendre en compte ce problème. Le Japon va avoir de plus en plus de mal a trouver de la main d'oeuvre dans différents secteurs de l'activité économique et pense donc faire appel à des travailleurs étrangers. Ainsi a-t-on vu le gouvernement japonais autoriser le recrutement de milliers étrangers issus de pays en voie de développement (essentiellement des Philippines) afin d'occuper des postes de personnels soignants (aides-soignants, infirmières, etc).

Comme on peut le constater ici, l'accueil de travailleurs étrangers résulte d'une exigence économique et est perçu comme une contrainte. Il n'est pas question, pour l'instant, d'encourager l'installation définitive et à grande échelle d'immigrants sur le sol japonais. Le gouvernement cherche à contrôler les flux migratoires par tous les moyens. En effet, le terme utilisé par les officiels et par les journalistes est celui de « travailleur étranger » et non celui d' »immigrant ». Cela signifie que ceux qui viennent travailler au Japon ne devront pas y rester quand on n'aura plus besoin d'eux ou quand ils auront atteint l'âge de la retraite ! Pendant ce temps là, ils devront toutefois s'acquitter des différents impôts et cotiser au système de protection social local. Le pays veut bien faire venir des travailleurs étrangers mais selon des conditions assez strictes.

On peut donc penser que le résidant étranger restera un citoyen de seconde zone ayant beaucoup de devoirs et peu de droits si ce n'est celui de gagner plus d'argent que dans son propre pays. En outre, ils auront sans doute encore beaucoup de difficultés à accéder à la propriété (il faut être résidant permanent pour avoir droit à un crédit immobilier) ou à faire valoir leurs droits en cas de conflits avec des Japonais.

Pourtant, certains dirigeants se sont déjà inquiétés de la possible exploitation de ces résidants, exploitation qui existe déjà. Ainsi le ministère de la santé et du travail et le ministère de l'économie réfléchissent à une réforme du programme de formation de stagiaires étrangers dans des entreprises japonaises (en anglais: trainee-intern program). Selon ce programme qui a bénéficié à plus de 41 000 ressortissants étrangers en 2006, un ressortissant peu ou pas qualifié d'un pays en voie de développement peut venir (dans le cadre de structures gouvernementales) au Japon pendant 3 ans afin d'y acquérir une formation et une expérience. Ce programme suppose que ces ressortissants soient formés pendant un an et qu'ils travaillent ensuite 2 ans dans une entreprise japonaise, le plus souvent dans des PME. Ce système permet d'aider au développement de certains pays (formation de leur main d'oeuvre) tout en permettant à nombre d'entreprises japonaises d'avoir du personnel disponible dans certains secteurs en manque de candidats. Le problème est que ces stagiaires ont souvent été exploités car certaines entreprises les ont fait travailler pour des salaires bien en-dessous des normes japonaises et avec en plus des heures supplémentaires non payées ! N'étant pas considérés comme des salariés, ces personnes ne sont pas protégées par le code du travail japonais... Le ministère de la santé et du travail souhaite changer ça en les considérant comme des salariés dès leur arrivée au Japon mais le ministère de l'économie et du commerce s'oppose à un changement de statut de ces stagiaires et souhaite seulement une hausse des amendes pour les entreprises se comportant mal. Le problème est qu'au Japon, les inspecteurs du travail ne visitent que rarement les entreprises qui ont donc peu de choses à redouter de leur part.

Le Japon a opté depuis longtemps pour l'immigration choisie mais cela n'empêche en rien les problèmes : certains stagiaires (mais aussi nombre d'étudiants étrangers) restent plus longtemps que leur visa ne le leur permet et deviennent des travailleurs illégaux facilement exploitables, des réseaux mafieux profitent également du système pour faire venir des femmes de pays pauvres en leur promettant un emploi qui se transforme en prostitution à leur arrivée sur le territoire, etc. A cela, il faut ajouter une certaine crainte des étrangers qui sont considérés comme une des causes principales (mais fallacieuses) de la hausse de la criminalité. Cette inquiétude de la population face à un possible afflux d'étrangers est surtout un problème mêlant le politique, le culturel et l'éducatif. Ce pays devra essayer de le résoudre relativement rapidement s'il veut conserver un certain dynamisme économique.

Hervé Tisserand

 

Pour plus d'informations, je vous recommande de lire "A New Framework for Japan’s Immigration Policies" de Hidenori Sakanaka, directeur du Japan Immigration Policy Institute et  ancien  responsable  du  Service de  l'Immigration de Tokyo.

Commentaires

Portez haut nos couleurs au pays du soleil levant. Un soleil orange un jour en France ?

Écrit par : toulouse | 20 mai 2007

Portez haut nos couleurs au pays du soleil levant ! un soleil orange en france pour bientôt ?

Écrit par : toulouse | 20 mai 2007

Merci de vos encouragements. Nous allons tout faire pour que les Français du Japon et plus généralement de l'étranger soutiennent François Bayrou et le MoDem.

Écrit par : Hervé | 25 mai 2007

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