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07 novembre 2007

Arche de Zoé : une affaire d'état ?

S'agissant d'une affaire en cours, il n'est pas question ici de faire le procès des membres de cette association, de ceux qui ont travaillé à divers degrès avec elle, ou bien de celles qui se sont retrouvées de facto complices de cette sinistre parodie humanitaire. Les instructions en cours au Tchad et en France le feront.

En revanche il nous est impératif de nous demander comment cette situation a pu se produire et si les pouvoirs publiques avaient ou non les moyens de l'empêcher. Car à la lecture de la chronologie des événements des zones d'ombre plannent sur l'attitude de certaines administrations. En cela, la demande de François Hollande que soit créée une « mission d'information parlementaire » est parfaitement justifiée et même une exigence minimale dans cette affaire qui porte atteinte à l'image et surtout aux intérêts de la France ainsi qu'à tous les humanitaires qui travaillent en Afrique.

En effet si l'opération a pu être stoppé sur l'aéroport d'Abeche ce n'est pas le fruit d'une enquête ou d'un suivi coordonné entre autorités françaises et tchadiennes de l'affaire mais plus celui du hasard, ou plutôt le fait qu'un « couvre-feu dans la région » avait été décrété, et que « le déplacement du groupe a attiré l'attention » comme le signal le journal Le Monde.

On peut ainsi se demander, alors que le Ministère des Affaires Etrangères et notament Brigitte Collet la directrice de cabinet de Rama Yade, Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères et aux droits de l'homme, étaient au courant de la préparation du projet depuis le 31 juillet 2007 suite à sa rencontre avec Eric Breteau, grand organisateur de l'opération, pourquoi rien a été mis en place pour le contrecarrer ?

Rama Yade a beau clamé haut et fort qu' : "On a alerté, prévenu et mis en garde les autres ministères, nos postes à l'étranger, tout  le monde a été prévenu. Nous avons saisi la justice, que pouvions-nous faire de plus ? ". On peut être surpris quand on sait que les différents aller-retour d'Eric Breteau au Tchad n'ont alerté personne au Quai d'Orsay, que le transport de ses équipes effectuées dans des transports militaires français ont été autorisé par l'ambassade ou que l'ambassadeur au Tchad a appris de la bouche d'un ministre tchadien ce qui se passait. Mais acceptons les explications de Rama Yade. Ce n'est pas la faute de ses services. Mais alors qui ?

Le ministère de la Défense qui a transporté des membres de l'association et leur a ouvert les portes de ses magasins au Tchad pour se ravitailler sans enquêter sur leur mission ? Ou le ministère de la Justice, saisi de l'affaire par un courrier du 24 juillet émanant du Quai d'Orsay et qui a diligenté une enquête préliminaire qui n'aboutit à rien. Ou encore est-ce la faute des fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur, ceux de la Brigade de protection des mineurs, qui ont interrogé Eric Breteau le 10 août et l'ont mis en garde contre les aspects illégaux de son opération, laissant toute nouvelle initiative au Parquet ?

Il est indispensable qu'une commission parlementaire fasse la lumière sur cette affaire et pas seulement les ministres Hervé Morin et Bernard Kouchner. Il faut que les responsabilités de chacun soient clairement établies, afin qu'on n'en reste pas sur l'image d'un Nicolas Sarkozy super-sauveur de Français emprisonnés à l'étranger, oubliant les incuries des uns et des autres dans un gouvernement où la qualité première semble plus être la photogénie que la compétence ou le sérieux.

Car une chose est sûre. Beaucoup de monde savait et rien a été fait pour empêcher ce qui d'un point de vue médiatico franco-français est une sinistre farce, mais d'un point de vue plus objectif (et pas seulement tchadien !) n'est rien d'autre qu'un abjecte trafic d'enfant sous couvert humanitaire.
 

Alexandre Joly

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