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06 juin 2009

Elections européennes, enjeux nationaux

Nombreux sont ceux, ces dernières semaines, qui critiquent le franco centrisme de la campagne pour les élections européennes qui se dérouleront demain. Que ces critiques soient sincères quand elles viennent des corps constitués de la société civile comme de simples citoyens frustrés car en attente d’informations et de débats, ou hypocrites quand elles viennent de partis qui ont parlé de tout durant leur campagne sauf des grands thèmes européens, ces critiques n’en sont pas moins fondées.

Et si les têtes de liste MoDem ont durant leurs rencontres avec les Français prioritairement exposé la vision de l’Europe qu’a le parti, au travers de son action et de ses projets, ils n’ont pu éluder la dimension franco-française de ce scrutin : car demain ce vote ne sera pas (malheureusement ?) seulement un vote européen, il sera aussi (et surtout ?) un vote français.

Mais contrairement à ce que veulent faire croire les ténors du PS, de l’UMP ou encore Daniel Cohn-Bendit en manque d’argument, François Bayrou n’y est absolument pour rien !

Les raisons sont multiples, parfois complexes, souvent connexes.

La première d’entre elle, et pas des moindres tient au mode de scrutin et à son organisation à l’échelle européenne : en délégant aux gouvernements nationaux le mode d’organisation et le timing de l’élection, l’Union Européenne a cassé la symbolique unificatrice du Parlement, lieu de représentation de tous les citoyens européens.

L’une des conséquences de ce choix de mode de scrutin est la mise en concurrence de listes nationales et non européennes. Où qu’il soit, quelque soit sa nationalité, l’électeur européen votant dans son pays aura à choisir entre des listes représentants des partis de son pays et non des listes européennes et se déterminera donc aussi, voir surtout, selon un paradigme national classique. Dimanche, l’électeur français mettra avant toute chose le bulletin d’un parti français dans l’urne, pas celui d’un parti transnational. Or qui dit partis nationaux, dit fatalement enjeux nationaux et débats nationaux centrés.

Seul moyen permettant d’européaniser le débat : l’instauration d’une élection pour des listes transnationales au programme claire, avec un quota minimum de pays dans les quels être présent.

A ce pêché originel européen s’est ajoutée une french touch politique qui a amplifié le phénomène d’éloignement entre le citoyen et le Parlement, l’électeur et les enjeux : il s’agit de la subdivision du territoire en 8 circonscriptions au sein des quelles peuvent se présenter les listes qui le souhaitent. Ce découpage, officiellement effectué pour rapprocher le citoyen de l’élu a eu pour effet de gommer la dimension européenne du vote, perçu maintenant comme une élection régionale bis, où les enjeux européens sont dilués dans des préoccupations locales qui cloisonnent le débat, le localise le rend intraduisible au plan national.

Conséquence : l’absence de débats nationaux télévisés entre les têtes de liste qui se sont contentés de la presse régionale pour présenter leurs projets. Le seul débat national, ayant eu lieu sur France 2 le jeudi 4 juin, a opposé 8 chefs de partis dont 3 qui ne sont pas eux-mêmes en course pour ces élections et 4 qui n’ont aucune ambition pour l’Europe. Devant un tel cas de figure, l’Europe ne pouvait plus être objet réel de discussion. Or, ce sont ces grandes messes cathodiques qui sont les principales sources d’informations de nos concitoyens.

La publicité faite à l’Europe dans les médias français est aussi une des causes de l’absence de réelle discussion sur son avenir. Les débats et décisions prises au Conseil et approuvées au Parlement (qui représentent plus de 70% des lois qui régulent notre vie  de citoyen) font rarement l’objet d’un article ou d’un reportage dans les journaux français. Le MoDem entend d'ailleurs combattre cette absence d'information par l'obligation de diffuser les sujets en débat au Conseil. La méconnaissance de l’Europe par nos concitoyens se retrouve généralement dans les rédactions, et électeurs comme  journalistes politiques sont plus à l’aise dans un débat franco centré que dans un débat euro technique.

Alors, à cette demande inconsciente mais conjointe répond une offre politique qui se délecte de joutes franco françaises et qui perçoit ces élections soit comme une validation ou contestation de la politique en cours, soit comme un tour d’échauffement avant d’autres échéances plus cruciales. La campagne de l’UMP, au-dessus de laquelle a plané l’ombre tutélaire de Nicolas Sarkozy est en ce sens très explicite : voter UMP le 7 juin, c’est donner un satisfecit à la politique actuelle du Président, la promesse de le voir la continuer, et enfin être assuré de le voir parader le 8 juin à la télévision comme l’explique très bien cet article du Figaro.

Alors oui, le 7 juin votre bulletin de vote comptera double : il vous permettra de vous exprimer non seulement sur l’avenir de l’Union Européenne, mais aussi sur la politique actuelle du gouvernement sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy. Or un seul bulletin et un seul peut vous permettre de dire « Je veux une Europe plus respectueuse des citoyens, plus démocratique, plus unie et je veux aussi sanctionner la politique actuelle du gouvernement Fillon ».

Ce bulletin c’est celui de votre liste MoDem.     

Alexandre Joly.

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