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17 juillet 2011

Double nationalité : l'UMP se dévoile

Chassez le naturel, il revient au galop.

Au mois de juin, les journaux publiaient le projet du député UMP Claude Goasguen, portant sur l'obligation pour les Français ayant d'autres nationalités à y renoncer officiellement pour ne conserver que la française.

Devant la polémique provoquée par l'inconséquence de cette proposition, et le risque électoral dans les circonscriptions des Français de l'étranger, les cadors de l'UMP nous l'ont assuré : nos concitoyens qui bénéficient d'une seconde voir d'une troisième nationalité sont une chance pour la France, ils sont tout aussi français que les autres et pour reprendre les propos de J.F. Copé : « un citoyen français binational a les mêmes droits, civiques notamment » que n'importe quel autre.

Mais patatra, voilà que ces belles paroles lénifiantes cachaient des idées bien plus sombres que la candidature d'Eva Joly a fait resurgir. Il n'aura fallu qu'une polémique sur un sujet insignifiant comme le défilé du 14 Juillet pour que les propos xénophobes habituels entourant la thématique des binationaux soient tenus dans le camp présidentiel, s'appropriant ainsi la campagne que le FN entretient depuis plus d'un an.

A la chorale « nationale-intégriste » habituelle UMP composée de la Droite populaire des Vanneste, Myard, Luca mais sans Thierry Mariani (futur candidat UMP dans la 11ème circonscription aux législatives de 2012 il est pour le coup un peu obligé de se démarquer de ses camarades), s'est joint de façon plus emblématique le Premier ministre lui-même.

Les propos sont d'une incroyable violence et malheureusement éloquents quant à la vison de la nationalité de leurs auteurs. Ils dénotent l'incapacité d'une frange de la population à admettre comme français à part entière une grande partie de nos concitoyens du fait de leurs origines étrangères qui entacheraient une nécessaire « pureté » liée à l'identité française. Car si les dirigeants de l'UMP, comme ils le prétendent, étaient si attachés au modèle républicain d'intégration ils devraient citer en exemple Eva Joly qui par son nom, sa maîtrise de la langue, ses services rendus à la France, sa réussite sociale est un modèle du genre...

Mais que nenni, le binational qui a des origines hors du sol national et ne les renie pas, est condamné à vie à être suspect, dans la plus grande tradition maurrassienne, et se retrouve donc a fortiori illégitime sur le territoire.

Et quand bien même il renierait officiellement ses autres nationalités, on peut être assuré que cela ne serait de toute façon pas suffisant comme l'histoire l'a démontré.

Les conséquences d'une telle vision se retrouvent naturellement actées dans des projets comme celui de Claude Goasguen. Sachant que ces valeurs sont acceptées, dixit Christian Vanneste, par « Nicolas Sarkozy (qui) s'est montré tout à fait favorable à ce que (la Droite populaire aille) très loin dans la réforme de la nationalité. » (Le Figaro, 1er juin 2011), et qu'elles sont donc portées par les plus hauts représentants du gouvernement, nul doute que nous les verrons prendre corps sous forme de loi si l'UMP remporte les échéances électorales de 2012.

Le rétropédalage UMP de juin n'était donc qu'illusion électoraliste à 10 mois de la campagne. On peut ainsi être certain que l'offensive de ces « purificateurs » de la nationalité française reprendra aussitôt leur victoire célébrée.

Alors, pour être sûre que la République ne cherchera pas dans l'avenir à humilier les enfants de couples binationaux en exigeant d'eux qu'ils choisissent entre la nationalité de leur père ou celle de leur mère, en 2012 il nous faudra faire les choix qui s'imposent.

Alexandre Joly

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