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14 avril 2008

Abandon de souveraineté

« Par principe, c'est à la police  (du pays hôte) d'assurer la sécurité. C'est notre rôle de protéger le relais de la flamme et pas celui des Chinois. Il n' y aura pas de policiers chinois ». Voilà des propos qu'on aurait aimé voir être mis en pratique lundi 07 avril lorsque la flamme olympique a traversé Paris. Une telle idée, pourtant évidente pour quiconque le mot  « souveraineté » à un sens, n'ont malheureusement pas traversé les esprits de nos dirigeants dont aucun n'est l'auteur de ces propos. En effet, ils ont été prononcé par Shinya Izumi, le Directeur de la Commission Nationale de la Sécurité Publique japonaise, le grand patron de la police ce vendredi 11 avril.

Car, assurément, le fiasco du relais organisé pour le passage de la flamme dans Paris n'aurait pas pris cette tournure si les autorités françaises avaient assumé pleinement leur responsabilité première. Nous n'aurions, peut-être pas été les témoins d'abus dignes de la police chinoise, commis par la police française, tel que le matraquage ou l'interdiction de filmer faite à des cameramen de France 2 et des photographes de presse, ou le violentage de manifestants pro-tibétains qui n'entravaient en rien le bon déroulement de la cérémonie.

Tout aussi navrant était le spectacle du directeur du cabinet du Préfet de Police de Paris recevant des ordres de la part d'un conseiller de l'ambassade de Chine, M. Song, qui ordonnait le non-passage de la flamme devant l'Hôtel de Ville et modifiait le déroulement du parcours, sans aucune consultation ou demande d'accord des autorités françaises. Décisions prises en secret, règne de l'arbitraire, usage inconsidéré de la violence, tant de caractéristiques propres aux dictatures, voilà ce que nous retiendrons de cette journée. Journée qui devait être, rappelons-le, celle des valeurs de l'olympisme.

Pierre Mure, Directeur de l'Ordre Public et de la Circulation à Paris, et Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur ont ainsi beau jeu de condamner les cafouillages de l'organisation chinoise, on est en droit de se demander pourquoi et qui a « délégué » des pouvoirs de sécurité publiques sur le sol français à ces fameux organisateurs chinois ? Qui a autorisé un tel abandon de souveraineté ? Comment a-t-on pu laisser une trentaine de ces fameux « Wujing », force paramilitaire en survêtement, assurer de façon quasi autonome une partie de la sécurité de la flamme dans les rues de la capitale, parasitant le travail des forces de l'ordre française ?

M.A.M a beau expliqué dans une interview diffusée le 09 avril dans le 20 heures de France 2 qu' « aucune consigne de retirer les drapeaux, de les prendre aux manifestants » n'avait été donné, plusieurs dizaines de policiers en différents endroits du parcours l'ont fait. Et il y a peu de chance que ce fût de leur propre initiative. Si quand bien même ce fût le cas, comme certainement lors du matraquage de journalistes, on peut se demander si la modification de la chaîne de commandement liée à l'ingérence chinoise n'est pas étrangère à ces comportements. Et on en revient donc au rôle, ou à l'abandon d'une partie de ses prérogatives, des autorités.

Afin de calmer les quelques critiques émises contre les interventions déplacées et agissements violents d'une partie des policiers en charge de la sécurisation du parcours de la flamme, la Ministre de l'Intérieur a « demandé qu'il y ait une enquête administrative pour savoir dans quelles conditions il y avait eu ces retraits de drapeaux et pourquoi ». Autant dire que seuls deux ou trois lampions vont se retrouver blâmer et que cela restera sans suite. En attendant qu'une réelle mais hypothétique opposition démocratique et parlementaire ne fasse son travail en questionnant et enquêtant sur le rôle du gouvernement.

Alexandre Joly.