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19 mars 2007

Le huitième fléau ?

Aux armes citoyens ! La nation est en danger... J.P. Raffarin l'a dit, un danger imminent guette notre pays. Plus attroce que Ben Laden et plus sournois qu'Ahmadinejad, Attila des temps modernes venant des profondeurs de l'Europe et du Béarn, François Bayrou serait porteur « d'un projet sympathique mais dangereux ».

Etrange prophétie que voilà. Jusqu'à présent, UMP et PS, dans une logique politique manichéenne d'opposition Gauche-Droite, traitaient F. Bayrou et l'UDF par le mépris. Mépris partagé, avouons le, par une grande partie de la société française pour qui le Centrisme n'était qu'un repère de couards et de mous qui n'osaient pas prendre part aux grands combats entre le Capital et le Prolétariat, le Fonctionnariat et la France qui travaille. Conception romantique du combat politique, porteuse de cette violence « accoucheuse de l'Histoire » qui alimente nos extrêmistes de tous bords depuis plus de deux siècles et qui s'oppose à l'attroce réalisme de la social-démocratie.

Mais voici que depuis deux semaines, ce centre mou, par la grâce des sondages qui le créditent de plus de 20 %, s'est transformé aux yeux des états-majors socialistes et sarkozystes en une menace nationale immédiate.
Dans un grand délire anti-cartésien comme seule la classe politique française peut nous en offrir, ceux qui comme Sarkozy annoncent fièrement le matin qu'ils vont « se battre » pour faciliter les parrainages de deux partis anti-démocratiques (le F.N. et la L.C.R), nous annoncent sans sourciller le soir même que le candidat le plus attaché aux valeurs de démocratie, de liberté et de laicité, celui qui est le plus modéré et le plus prudent dans ses propositions et promesses serait devenu une menace pour la République.

Ce même Sarkozy qui dimanche 18 mars était l'invité de l'émission politique de France 3 et France Info, France Europe Express, a réitéré sa menace en affirmant que le vote Bayrou "c'est la confusion, parce que si ça échoue, qu'est-ce qu'on fait ? On laisse (la place) à M. Le Pen et à Mme Laguiller ?". Ou la peur du grand méchant loup comme leitmotiv politique.
Mais notre ministre de l'Intérieur aurait-il oublié les résultats du premier tour des élections de 2002 ? Doit-on lui rappeler à quels résultats l'opposition stérile Droite-Gauche nous avait amenés : Près de 40 % des voix allèrent à des partis extrêmistes et Jean-Marie Le Pen se retrouva ainsi au second tour. Alors là, oui, il y eut danger ! Et nul besoin de F. Bayrou...

Mais parce que Droite et Gauche n'ont tiré aucun enseignement de cette comédie politique, et parcequ'ils veulent garder leurs privilèges, ils persistent et signent dans leur aveuglement. Ainsi Simone Veil, le 16 mars à l'Elysée, n'a pas hésité à se ridiculiser en affirmant qu' "il faut savoir choisir et Bayrou, c'est pire que tout". Pire que Le Pen ? Pire qu'un Ministère de l'Identité Nationale ? Pire que le communautarisme, la discrimination positive ou l'abandon de la laïcité ?

Le P.S et l'U.M.P. ont peur et ils ont raison. Les deux partis jouent en effet leur propre survie dans cette élection. Une victoire de F. Bayrou mettrait à nue les fractures et les clivages qui les traversent, les verrait imploser tous les deux laissant place à une recomposition du champ politique.
Et c'est cette peur, non pas pour la France et les Français, mais pour la défense leurs propres intérêts qui alimentent leur haine et leur agressivité envers F. Bayrou. Souhaitons donc que les Français ne soient pas dupes.

Alexandre Joly.