Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27 novembre 2007

Cavada et loyauté

« J’ai épuisé tous les recours de la loyauté ». C'est par cette phrase que J.M. Cavada, dans Le Figaro du 25 novembre, entend expliquer et justifier son choix de conduire la liste UMP aux prochaines élections municipales dans le 12 ème arrondissement de Paris.

Desertion peu surprenante, qui est la dernière en date d'une série qui a vu des « têtes d'affiche» du Modem le quitter pour aller rejoindre (bizarrement essentiellement) les rangs d' un UMP triomphant et dominateur.

Comment alors, ce qui sous toutes les lattitudes du monde s'appelle une trahison peut-elle être justifiée ? A qui et à quoi J.M. Cavada a-t-il donc été si « loyal » ?

Au Modem ? Non. En passant sous la bagnère de l'UMP il trahit de facto le Modem qui refuse tout accord avec le parti présidentiel. A noter d'ailleur que s'il a défendu les couleurs de l'UDF jusqu'à présent, il n'en a jamais été adhérent.

A François Bayrou ? Certainement pas. Sa défection s'est accompagnée de commentaires peu sympathiques puisque celui-ci est accusé d' « indécision », voir plus grave de ne pas vouloir « que ses idées prévalent » car ayant refusé de «négocier une alliance de gouvernement sur la base d'un programme minimal».

Aux adhérents du Modem ? Lui, qui prétend refuser «que les militants de l’UDF-MoDem soient sacrifiés aux négociations municipales». Mais question : qui méprise ici l'identité et les valeurs des électeurs du Modem sinon celui qui veut les annihiler et les fondre dans celles, oh combien différentes, de l'UMP ?  Depuis trop longtemps les Démocrates de ce pays souffrent de ne pouvoir avoir un vote qui les représente réellement, et maintenant qu'ils en ont la possibilité, monsieur Cavada veut leur confisquer.

Aux électeurs du XII ème arrondissement ? J.M. Cavada habite Neuilly et sera donc « parachuté » par l'UMP. Il n'a donc aucune attache sentimentale et aucune loyauté envers eux. Mais beaucoup plus grave il est l'instrument du mépris de l'UMP envers cet arrondissement que le parti cherche à conquérir à coup de People. Après Arno Klarfeld pour les législatives de 2007, J.M. Cavada c'est l'estempille « UMP. Vu à la télé » qu'on essaie de refourguer de Bercy à la Nation. Et pour le débat d'idée et les propositions de gestion de la municipalité on repassera.

A ses valeurs ? Mais quelles sont-elles ? J.M. Cavada depuis le début de la campagne présidentielle en 2006 martèle avec le Modem, que nos valeurs sont différentes de celles du PS et de l'UMP. Et alors que N. Sarkozy n'a rien fait d'autre depuis 6 mois que ce qu'on s'attendait à ce qu'il fasse (augmenter son salaire, accroitre les revenus des classes les plus aisés, paralyser la France par des conflits qui auraient pu être évité si le gouvernement n'avait pas attendu 10 jours pour commencer les négociations..), comment J.M. Cavada peut-il voir en lui celui qui veut « rassembler les énergies nationales autour de réformes justes et aider à les négocier équitablement » ? Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut voir...

A ses intérêts personnels ? C'est clairement l'explication. Au delà d'un poste de conseiller municipal et de maire du XII ème arrondissement dont il se contrefiche, c'est un poste gouvernemental qui le motive. Or, rester au Modem, c'est la certitude pour lui de ne pas en avoir avant 5 ans et encore à condition d'une victoire de François Bayrou en 2012. Difficile à vivre...
Alors, une petite OPA sauvage sur les électeurs du Modem de Picpus à Dugommier semble plus rapide, plus facile, plus rentable et tellement plaire au Président distributeurs de portefeuilles ministériels.

La défection de J.M. Cavada c'est donc avant tout le symbole d'une France, pas seulement politique, qui s'accommode du cynisme et des petites magouilles pour faire avancer ses intérêts propres, ses ambitions au détriment du bien public, de la vie politique, de la démocratie. Reste aux électeurs du XII ème arrondissement à montrer leur detestation de ce genre de comportement.

Alexandre Joly