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14 avril 2007

A propos de l'appel de Michel Rocard

Dans le monde daté du 13 avril 2007, Michel Rocard, ancien premier ministre socialiste de 1988 à 1991, a appelé à une alliance Royal-Bayrou avant même le premier tour afin de battre Sarkozy.

Le premier secrétaire du PS François Hollande a immédiatement réagi en déclarant à l'AFP qu'il n'y avait "pas d'alliance concevable entre la gauche et une partie de la droite". Quant à Ségolène Royal, elle a eu une réaction quelque peu étrange. Elle a récusé cet appel en arguant de son refus de toute "tractation" électorale "dans le dos des électeurs". Etrange argument car il s'agit d'un appel public et non d'une manoeuvre politicienne exécutée dans l'ombre. Le paradoxe est qu'elle pensait déjà à faire un appel aux électeurs de François Bayrou. En effet, d'après le journal Le Monde, elle avait demandé à un de ses conseillers, Jean-Pierre Mignard, de réfléchir à un texte devant lui servir au soir du 22 avril puisqu'elle croît pouvoir se qualifier pour le second tour. En outre, Vincent Peillon, l'un des porte-parole de Ségolène Royal, a déclaré vendredi sur France Bleu Picardie que Michel Rocard était "à côté de la plaque" ajoutant que "L'UDF est à droite depuis des décennies. M. Bayrou a toujours été à droite et il faut que cette bouffonnerie cesse et que les électeurs de gauche mesurent que si leur priorité c'est la lutte contre la précarité, il ne faut ni voter Sarkozy ni voter Bayrou".

Que déduire de tout ça ? Il semble bien que le vote Bayrou va s'affirmer de plus en plus comme un vote très utile face à Nicolas Sarkozy. Le parti socialiste semble être entré une fois de plus dans une zone de turbulences. Une de ses plus grandes personnalités est favorable à un rapprochement avec le centre tandis que dans l'entourage de Ségolène Royal et à la direction du PS, beaucoup restent campés sur des positions passéistes ; ils continuent de croire au traditionnel clivage gauche-droite. Mais en même temps, beaucoup de socialistes semblent se rendre compte de la possibilité de voir François Bayrou devancer Ségolène Royal au premier tour ce qui risque de faire imploser le PS.
Faire l'amalgame entre le l'UMP et l'UDF d'aujourd'hui comme l'a fait monsieur Peillon relève de l'escroquerie intellectuelle car, comme le dit Michel Rocard, les programmes de F. Bayrou et de S, Royal ont plusieurs point en commun. Le parti socialiste ne veut le pouvoir que pour lui seul tout comme le veut l'UMP ! Les dirigeants de l'UMP et du PS ont la même vision dogmatique et rétrograde de la société française. Mais les électeurs de ces partis sont souvent plus ouverts et plus responsables que leurs dirigeants.

Les électeurs de Ségolène Royal devraient comprendre que François Bayrou est celui qui a le plus de chance de battre Nicolas Sarkozy comme l'ont montré tous les sondages jusqu'à présent. La volonté du parti socialiste de voir sa candidate être présente au second tour doit surtout permettre la survie du PS à cause du « traumatisme Jospin », le fait qu'elle puisse gagner ou pas est largement secondaire. Du fait de sa personnalité, Ségolène Royal n'a pas su rassembler son propre parti et nombre de cadres du parti ne la soutiennent que du bout des lèvres car ils doutent fortement de ses capacités. François Bayrou a tenu des propos qui prouvent que le centre d'aujourd'hui est un vrai centre. Suite à cet appel de Michel Rocard, il a déclaré : "A mes amis qui pourraient douter de la nécessité de construire une majorité différente, poursuit-il, je pose la question : qu'est-ce qu'un centre qui ne regarde que vers la droite ? Ce n'est pas du centre, c'est de la droite. Eh bien, nous devons être capables de travailler avec notre main droite et avec notre main gauche. (...) Ce n'est pas parce que l'on n'est pas d'accord sur tout que l'on ne peut pas travailler ensemble."

Alors, électeurs de gauche votez utile dès le premier tour en votant pour François Bayrou afin d'avoir une chance réelle de changer les choses dans notre pays et afin d'éviter 5 ans de pouvoir Sarkozyste.

 Hervé Tisserand