Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20 avril 2007

Sarkozy décrypté : Episode II

Mercredi soir, N. Sarkozy était l'invité de Arlette Chabot et Gilles Leclerc dans l'émission de France 2 Questions ouvertes. Cette interview était emblématique de sa campagne : une merveille d'exercice d'hypocrisie, de contre vérités, de contradictions, de mensonges, et de cynisme... Pour qui s'est donné la peine d'écouter et de décrypter. En voici un petit florilège :

Tout d'abord, fidèle à son style offensif , le candidat U.M.P s'en est pris à ses concurrents. La calomnie étant plus belle quand elle est pure mensonge, il n'a pas hésité à accuser François Bayrou de vouloir « se trouver allié avec le Parti Communiste, les trotskystes » car « il était plus à gauche que Ségolène Royal ».

On se demande de quelle bouffée délirante N. Sarkozy a été pris pour annoncer une telle ineptie. Rappelons tout d'abord que le P.C et les trotskystes s'inscrivent comme lui dans une optique binaire de conflit Droite-Gauche, et que ceux-ci mettent dans le même sac l'U.D.F et l'U.M.P. Ce qui est certes stupide, mais en tout cas démontre clairement que tout rapprochement entre eux et l'U.D.F est inenvisageable.

Cette volonté d'attiser la peur d'un nouveau péril rouge qui se cacherait dans les bagages de François Bayrou est d'autant plus surprenante et ridicule que dans le même interview il dénigre ceux qui le diabolise, les comparant à ceux qui "en 1981 disaient que les chars russes arriveraient avec F. Mitterrand." Dénoncer la diabolisation par une diabolisation encore plus ridicule nous amène à nous demander si cet homme est réellement conscient de ce qu'il dit ?

Enfin qui franchement peut penser que François Bayrou irait s'associer avec des partis anti-européens et anti-libéraux ? Ce n'est franchement pas sérieux. François Bayrou veut réunir des gens autour d'un projet et de valeurs communes aux quels aucun parti extrémiste n'adhère.

Le mirage d'une telle alliance n'est pas la seule pensée délirante du candidat U.M.P. Jouant sur des thèses paranoïaques il n'a pas hésité à fustiger, vieille thèse d'extrême droite, "une gauche bien pensante" qui policerait le débat et affaiblirait l'identité nationale. S'emportant, il s'exclama :  "Ca suffit la repentance, l'excuse d'être Français."

Surprenante et cynique analyse de la part d'un homme qui depuis 5 ans est ministre et qui a brillé par sa faculté à promouvoir des lois qui ont rogné les libertés individuelles. Mais surtout, il faudrait que N. Sarkozy et ses sbires nous disent qui un jour lui a demandé de s'excuser d'être Français ? Et si un Français a un jour eu à subir cet affront ? N. Sarkozy incapable de résoudre les vrais problèmes des Français en invente des fantasmagoriques...

Car son bilan n'est pas brillant. Ce qui lui permet de démonter une certaine aptitude au fanambulisme dialectique, quitte à dire une chose et son contraire. En effet dans la même interview il s'en attribue néanmoins un bon, commençant ainsi par dire "qu'il a eu des résultats, () des résultats importants", tout en compatisssant avec « la peur des Français de la violence qui monte dans la société. ». Ce qui peut déjà paraître paradoxal. Mais plus paradoxal encore, afin probablement de justifier sa réthorique sécuritaire, il se laissa néanmoins à reconnaître qu' en France, "il y a un problème de sécurité, d'autorité." On ne va pas le démentir sur cette dernière analyse...

Mais qui a eu en charge de juguler cette violence depuis 5 ans ? Qui a été incapable, malgré un arsenal de lois répressives toujours renforcés, d'enrailler la progressions des agressions physiques ? Qui a sapé le travail de collecte de renseignement des policiers en les retirant des quartiers sensibles ? Qui n'a pas su anticiper et gérer les émeutes d'octobre-novembre 2005 ? Sinon N. Sarkozy lui-même.

Le faible bilan, il est en partie à chercher dans l'approche du pouvoir de N. Sarkozy. Nous l'avons déjà dit, mais le Ministère de l'Intérieur et la Police ont depuis 5 ans servi les seuls intérêts de son chef. Et malheur à ceux qui n'auraient pas la même vision que lui. Ainsi, il n'a pas hésité dans cette émission à menacer indirectement la directrice de la S.N.C.F qui pense que ses méthodes ne seraient pas les plus judicieuses. Il explique ainsi que « si elle ne (les) veut pas elle devra en accepter les conséquences. ».

Message claire, et pourtant en complète contradiction avec l'état qu'il prétend vouloir incarner, dans lequel selon lui "les nominations (...) doivent être faites sur le stricte critère de la compétence et non plus de la connivence". Difficilement crédible quand on voit avec quelle ardeur il a surveillé et négocié toutes les nominations du C.S.A au C.S.M. Quand il ne s'est pas occupé de faire virer des journalistes qui ne lui étaient pas inféodés (Voir la vidéo ci-dessous).

Mais le comble de l'hypocrisie sarkozyenne est résumé dans cette phrase qu'il martèle régulièrement avec des yeux de chiens battus : "Dans cette campagne, je n'ai attaqué personne. Je crois que la tolérance est décisive." Leitmotiv qui ne leurre que les gogos, car franchement N. Sarkozy dans le rôle de Blanche Neige, qui peut vraiment y croire ? Il a non seulement fait une campagne agressive à l'encontre de ses adversaires mais il a même eu l'incroyable indécence et le culot de faire passer François Bayrou pour un traître, car ni de droite, ni de gauche et qui aurait "trahi ses électeurs". Lui, N. Sarkozy qui a construit sa carrière politique sur la trahison de ses mentors de C. Pasqua à J. Chirac. On pourrait sombrer dans le ridicule, si ce mot avait encore un sens en France.

Ou alors la trahison est pour N. Sarkozy une qualité, et il cherchait à être agréable....

N. Sarkozy a dans cette campagne beaucoup parlé. Non pour expliquer et démontrer, mais pour saoûler et hypnotiser. Quiconque a pris la peine de l'écouter et de mettre en perspective ses différents propos ne peut qu'être frappé par le manque de cohérence, et la multiplication des contradictions qu'il a prononcé, n'hésitant pas à mentir honteusement. Comme par exemple hier soir ou il a fait l'éloge "des débats"... Lui qui pourtant n'aura rencontré et débattu avec aucun de ses adversaires, repoussant toutes les propositions de débat qui lui furent lancer.

Alexandre Joly.