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24 mars 2007

Bigoteries nationalistes

Bernard Attali, l'ancien conseiller de F. Mitterrand, interviewé cette semaine par S. Attal sur le plateau de France 24, avouait qu'il avait pressenti avant la campagne que celle-ci « aurait pour thème centrale l'identité nationale. ». Force est de constater que N. Sarkozy et S. Royal répondent à ses oracles plus que de raison.

Que l'on parle de la nation et de l'identité nationale, de leurs fondements et leur avenir est chose tout à fait normal. Répétons le, aucun sujet n'est tabou dans une démocratie. Néanmoins, les Français étaient en droit de s'attendre à une qualité de débats telle que celle qui prévalut en Europe à la fin du dix-neuvième siècle quand le Français Ernest Renan s'opposait aux thèses germanistes de Nomsen et d'Herder. Ernest Renan qui par son discours de 1883 à La Sorbonne est à l'origine de l'idée de la nation la plus communément admise par les républicains français, il est donc surprenant que deux candidats issus de formations républicaines aient une vision différente de la nation et aient besoin d'en débattre

C'est pourquoi ses derniers jours, faisant fis de toute capacité à avancer des idées originales et novatrices, les deux candidats U.M.P et P.S ont fait assaut de bigoteries nationalistes toutes plus ridicules les unes que les autres. Ainsi N. Sarkozy dégaina son « ministère de l'immigration et de l'identité nationale » le 12 mars. Vendredi 23 mars au soir, en meeting dans le Var, S. Royal contre-attaqua, émettant le souhait " que tous les Français devraient avoir chez eux le drapeau tricolore. Dans les autres pays, on met le drapeau aux fenêtres le jour de la fête nationale".

Des drapeaux contre un ministère, voici la seule vision qu'ont de la France nos deux nouvelles têtes pensantes de la politique. Cette caricature de la nation rappelle ces apprentis supporteurs de football des campagnes de 1998 et 2002. Ces supporters de l'équipe de France qui en 1998 et 2002 se mirent à aimer la sélection nationale le lendemain des victoires de demi-finale, après l'avoir snobée et vilipendée à tous les autres matchs. Caricature de supporter contre carricature de fierté nationale.

Les campagnes de S. Royal et de N. Sarkozy sont toutes deux basées sur des incantations aussi creuses que ridicules. Des slogans et des postures, souvent changeantes, en fonction des sondages et des terres sur les quelles aller chasser des voix. Mais est-ce que les Français veulent pour président des gens aussi versatiles et inconséquents ?
La réaction de N. Sarkozy, quand on lui faisait remarquer les critiques que suscitèrent ses propos est à ce sens d'un cynisme et d'une clareté sans pareil : « Depuis que j'en ai parlé, j'ai pris six points par rapport à Bayrou. »

Justement F. Bayrou, a lui pris le contre-pied des deux candidats. Rejetant tout amalgame entre amour de la nation et chauvinisme primaire, il expliquait à La Réunion que : « J'aime beaucoup la France, je suis bien dans mon pays, mais cette obsession qui fait qu'il va falloir avoir des drapeaux et les mettre à la fenêtre tel jour, et que la présidente de la République va vous dire ce qui est bien et ce qui est mal, ça ne ressemble pas à mon pays. » . Avant d'ajouter que :  «  Tout ça, c'est la société américaine. »

Dans une démocratie, chaque citoyen est LIBRE d'avoir l'idée qu'il veut de la nation, de l'identité nationale et de la façon de le démontrer. Comme l'a dit F. Bayrou, "la nation, c'est quelque chose qui nous appartient à tous, et il n'appartient à personne de dire comment organiser les rapports entre une famille et une nation", a-t-il ajouté.
J'ajouterai qu'aucun gouvernement ne peut imposer à ses concitoyens une façon d'aimer son pays. Sauf à quitter le champ de la démocratie pour celui... du totalitarisme.

Et c'est malheureusement ce que nous promettent S. Royal et N. Sarkozy. Comme l'a écrit T. Todorov, historien des idées dans une tribune pour Le Monde du 16 mars, « c'est à chaque individu de s'occuper de ses affaires amoureuses. Ni le gouvernement ni le Parlement n'ont à s'en mêler. C'est en cela que notre démocratie est libérale : l'Etat ne contrôle pas entièrement la société civile ; à l'intérieur de certaines limites, chaque individu reste libre. ». Jusqu'à quand ?

Alexandre Joly.

Commentaires

Il n'y a qu'un seul pays au monde où l'on se pose la question de l'identité nationale et où ce sont les rabbins qui décident qui est juif et qui ne l'est pas, c'est Israel.
Sarkozy serait-il en panne d'idées pour importer des "idées" de l'étranger? ou ne serait-il qu'un individu à l'esprit nourri au macdo et à la sakhina qui parle hypocritement d'identité nationale?
Un français, on le devient par adhésion aux valeurs de la République.
Il y a des français dits de souche et qui n'adhèrent pas aux valeurs de la République, cela va des monarchistes à l'extrême droite catholique-intégriste. Ces gens ne reconnaissent pas la laicité. Leurs valeurs sont incompatibles avec les idéaux républicains. Ils sont aussi inassimilables que certains extrêmistes musulmans qui veulent appliquer la charia ou certains autres adeptes d'autres religions qui conservent toutes leurs croyances et pratiques intactes à l'intérieur des murs et qui ne prennent de la république que ce qui dessert leurs intérêts. Cela va du satanisme au nihilisme.

Écrit par : Marcel | 28 mars 2007

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