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20 avril 2007

Le bal des voyous

Mercredi soir, N. Sarkozy s'est aventuré en terrain miné. Non pas parce qu'en se rendant à Issy-les Moulineaux, terre U.D.F il ait pris un quelconque risque, puisque « son ami » Santini lui avait apporté son soutien, mais parcequ'il a attaqué François Bayrou en des termes qui ont ouvert la boîte de Pandore.

Entouré par ses plus proches lieutenants, sur la scène il a raillé l'honnêteté intellectuelle de François Bayrou, mis en doute ses convictions, l'accusant même de vouloir fonder avec M. Rocard une « république des combines ».

Les combines. Voilà un thème qui n'a pas été abordé durant cette campagne. Pourtant, avec le feuilleton de l'affaire Clearstream en 2006 on pouvait s'attendre à une charge virulente des différents présidentiables contre l'actuel gouvernement et son candidat proclamé. Mais non, ceci ont fait preuve d'une retenue impressionnante sur le sujet et c'est au contraire N. Sarkozy qui a lancé l'offensive.

Ce qui dans le contexte d'Issy-les-Moulineaux, où un double jeux d'urnes vient d'être découvert, est assez cocasse. Mais c'est surtout quand on voit les soutiens du candidat U.M.P qu'on est le plus en peine de comprendre pourquoi il a voulu aborder ce sujet. Car en fils spirituel de Charles Pasqua sénateur des Hauts-de-Seine, à l'ombre duquel il a fait toute sa carrière politique, il devrait savoir qu'il y a des sujets qu'il vaut mieux éviter d'aborder. Et la gestion du « 92 », avec ses magouilles et passes droits en est une.

Les élus U.M.P et U.D.F des Hauts-de-Seine sont la garde rapprochée de N. Sarkozy, ils sont ses amis, ses premiers soutiens et étaient en grand nombre derrière lui mercredi soir. Ils seront aussi les premiers à bénéficier des largesses du nouveau président. Or quand on regarde les C.V de beaucoup d'entre eux, le mot « combine » est un de leur dénominateur commun. Et les imaginer dans arcanes du pouvoir à de quoi nous inquiéter.

Premier sur la photo de mercredi, derrière N. Sarkozy, on pouvait voir Patrick Balkany, qui est le maire U.M.P de Levallois-Perret, la ville qui jouxte Neuilly. P. Balkany, soutien du candidat à la présidentielle, est présenté par l'intéressé comme un ami proche puisqu'il aurait été son témoin lors de son mariage avec Cécilia. Mais il est avant tout, pour nous, un habitué de la chronique judiciaire des médias.

Il a tout d'abord été accusé par sa maîtresse de lui avoir imposé une fellation sous la menace d'une arme à feu. Cette accusation folklorique, sans preuve tangible, n'a pas eu de suite, mais elle en disait déjà long sur les moeurs du maire. Celui-ci a d'ailleurs été très vite rattrappé pas la justice mais cette fois-ci pour des motifs au combien plus grave pour la république. Accusé d'avoir pendant plusieurs annèes utilisé les services de 3 employés municipaux, il a été condamné en 1996 à 15 mois de prison avec sursis et plus de 500 000 euros d'amende. Ce sont les intérêts de cette amende qu'il doit payer à la mairie de Lavallois qu'il a sans vergogne, demandé au ministre de l'économie d'effacer en début d'année.

Autres personnalités U.M.P charmantes du « 92 », la famille Ceccaldi-Raynaud, dont la dynastie père / fille dirige Puteaux depuis plusieurs annèes. La fille est aussi et surtout la suppléante de N. Sarkozy à l'Assemblée Nationale. Cette famille est principalement connue pour sa gestion opaque de la ville, son clientélisme, sa détestation des opposants et des caméras de journaliste mais son amour des caméras de surveillance. Tant de dérives peu démocratiques qui sont dénoncé par le site « monputeaux ».

C'est ainsi que ces deux personnages s'en sont régulièrement pris à leurs principaux opposants au conseil municipal, n'hésitant pas à user de l'intimidation physique ou de la calomnie. C'est parcequ'ils avaient fait croire que leur principal opposant socialiste qui dirige le site sus-nommé, était pédophile et qu'avec 2 policiers municipaux Charles l'avait fait violenter, qu'ils ont été condamné chacun à 2 500 euros d'amende.

Détournements de fonds, violences et calomnies, voici les moeurs de la galaxie Sarkozy.

Enfin, on ne peut pas parler des Hauts-de-Seine sans aborder son sénateur et véritable boss : Charles Pasqua. Ce dernier est le mentor de N. Sarkozy et son principal soutien. Et ce, malgré le coup bas que lui a fait son protégé en 1983, en s'emparant de la mairie de Neuilly qu'il convoitait. Mais C. Pasqua ne lui en a pas voulu et est à l'origine de toutes ses promotions dans les annèes 80 et 90 jusqu'à son poste de ministre dans le gouvernement Balladur.

Mais raconter la vie de C. Pasqua c'est aussi faire la chronique judiciaire de la Vème République. Celui-ci est à l'heure actuelle cité dans 6 affaires, dont 3 sont traitées par la Cour de Justice car concerne des délits accomplis dans l'exercice de ses fonctions publiques, et notament comme Ministre de l'Intérieur : On le retrouve dans les affaires Falcon, SOFREMI, Alsthom, Hamon, du casino d'Annemesan et enfin dans l'affaire « pétrole contre nourriture »....

Si ces gens, une fois N.Sarkozy élu, profitent de leur proximité avec le président pour se dévoyer on ne pourra pas être surpris. Et on ne pourra pas dire :  « on ne savait pas. ».

Alors certes, nul n'est comptable des errements de ses amis ou même de sa famille. Mais N. Sarkozy fait de la politique avec de tels délinquants depuis plus de 25 ans sans qu'il n'ait jamis jugé bon de les écarter ou de s'en dissocier. Il les a au mieux volontairement laisser s'égarer pour s'assurer de leur soutien bienveillant, au pire n'a rien trouvé à redire à de telles pratiques, les cautionnant de facto. Cette grande mansuétude à l'égard de voyous en col blanc, à condition qu'ils soient son ami pourrait expliquer le soutien qu'il a reçu d'autres politiques sulfureux, comme G. Longuet ou plus récemment B. Tapie.

Le pouvoir grise et peut faire tourner la tête. Et les exemples que nous venons de voir ne sont qu'une petite partie de la réalité, confinée à un simple département. L'exemple du joug sous lequel sont les Hauts-de-Seine n'est probablement qu'un aperçu de ce qui attend les Français si N. Sarkozy et son clan sont élus.


Alexandre Joly.

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