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10 mai 2007

Ploutocratie

 48 heures. Il n'aura fallu attendre que 48 heures pour que N. Sarkozy affiche la façon dont il va diriger le pays et le système de gouvernance qui sera le sien. Celui de l'alliance du pouvoir ( kratos en grec) et de l'argent (ploutos) : la ploutocratie ou le pouvoir fait par ceux qui ont de l'argent pour ceux qui ont de l'argent... Contredisant ouvertement sa promesse électorale de «changer la façon de faire de la politique».

L'escapade de notre nouveau président à Malte pour 2 jours n'a en soit rien de scandaleuse. Il a largement mérité ses vacances après une campagne rude durant laquelle il n'a pas ménagé ses efforts. De même il n'y a rien de scandaleux à quitter la France pour prendre le large en Europe et prendre ainsi un maximum de recul. Enfin, il n' y a rien de scandaleux à prendre des vacances de luxe quand on en a les moyens et qu'on se les paye.

Mais voilà...Qui a payé ?

N. Sarkozy n'est pas encore président de la République : il aurait donc dû payé son voyage en jet privé « Falcon » entre Paris et Malte. De même le yacht sur lequel il se repose ne lui appartenant pas, car étant propriété d'une société de location de navire, il aurait dû en payer la location : entre 160 000 et 190 000 euros la semaine.

Nul doute que N. Sarkozy a des revenus importants et donc les moyens de s'offrir de jolies vacances, mais il n'a jamais fait parti du club des milliardaires français. Or ces vacances en sont dignes. Et ses anciennes et nouvelles fonctions doivent l'obliger à dévoiler si c'est lui qui a financé son séjour ou quelqu'un d'autre. Et qui serait ce quelqu'un d'autre et pourquoi aurait-il fait cela ?

La société qui loue ces yachts appartiendrait au groupe Bolloré. Vincent Bolloré est une des plus grosses fortunes de France (la 13ème ) et est présenté comme un ami de N. Sarkozy. Ce dernier a reconnu que V. Bolloré l'avait invité à maintes reprises depuis 20 ans mais qu'il avait « toujours refusé ». Alors question, pourquoi accepter maintenant ?

Cette question n'est pas fortuite. Car s'il y a eu service, il est fort logique de penser qu'il y aura un jour compensation, engrenage logique de toute collusion néfaste. Et si le groupe Bolloré crie haut et fort n'avoir jamais eu aucun contrat avec l'Etat, il est comme toute société redevable devant cet Etat de la bonne gestion de ses finances, du paiement d'impôts et susceptible de contrôles de la part du Trésor Public.

Vouloir être « l'ami » bienveillant de celui qui peut inciter ou au contraire freiner ces contrôles n'est pas sans arrière pensée. C'est en tout cas une terrible claque pour tous ceux qui avaient voté pour un candidat qui voulait lutter « contre le copinage » pour aider ceux qui « n'ont pas de carnets d'adresse».

Dans une démocratie, les différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) doivent être indépendants. Pour conserver cette indépendance il ne doit y avoir de collusion ni entre eux ni avec quel qu'autre forme de pouvoir que ce soit (financier, militaire, industriel, médiatique...). Au risque sinon de perdre leur partialité, leur crédibilité et leur légitimité.

Comme l'a montré la dernière législature avec l'affaire Clearstream entre autre, et la campagne électorale avec sa couverture médiatique très orientée, notre régime actuel est d'une très grande porosité quant à la séparation des pouvoirs et à la limitation de leur champ de compétence. Une transformation radicale est indispensable. C'est l'un des leitmotiv du Mouvement Démocrate. Car il en va de la crédibilité, de la légitimité et de la survie de notre démocratie toute entière.

Ce n'est malheureusement pas la priorité du nouveau président qui a marqué sa volonté de ne rien changer à l'actuelle constitution et donc de perpétuer les mêmes moeurs politiques.

A regarder le « Paloma » et les côtes maltaises, on comprend pourquoi.


Alexandre Joly.

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