Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14 mai 2007

Gros mensonges entre amis

Mardi, alors qu'il venait de finir son jogging quotidien sur une île maltaise, N. Sarkozy a tenu à s'expliquer sur les réactions qu'a suscité son séjour sur un yacht de V. Bolloré. Affirmant qu'il « ne voyait pas de polémique », il a ajouté que l'entrepreneur français lui lançait des invitations depuis plus de 20 ans et qu'il les avait toujours repoussées.

Anticipant les questions sur la pertinence d'une relation si poussée entre le monde politique et le monde des affaires, il a affirmé que V. Bolloré n'avait « jamais travaillé avec l'Etat ». Le groupe Bolloré confirma ces dires dans un communiqué de presse le mercredi 09 mai indiquant qu'il n'avait « jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat français. »

Mensonges assez hallucinants pour qui se prend la peine de faire un tour sur le site du groupe  http://www.bollore.com

On peut ainsi y lire que le groupe se targue dans sa rubrique Activités-Terminaux et Systèmes spécialisés de fournir via son entreprise IER et sa filiale Automatic Systems « une gamme complète d'équipement d'accès sécurisé des piétons et des véhicules (contrôle d'immigration, contrôle d'embarquement...) et de protection des sites sensibles. ». De même le groupe Bolloré est fier d'annoncer que « IER développe des bornes pour les administrations, les collectivités locales... ». Donc contrairement à ce qu'affirment de concert N. Sarkozy et le groupe Bolloré, ce dernier a bien été et continue à être un client de l'Etat.

Que le groupe Bolloré émette des communiqués de presse mensonger, cela ne pose pas de problèmes démocratiques. Que le futur président le fasse, cela est plus problématique. Surtout qu'il ne peut plaider l'ignorance puisqu'à travers la sécurité c'est le ministère de l'Intérieur qu'il a dirigé qui a été client du groupe Bolloré.

Preuve en est facile à trouver dans le Journal Officiel. Ainsi l'annonce 357 du 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003C nous apprend que le ministère de l'intérieur et de l'aménagement a passé une commande de 342 329,00 EUR (H.T) pour la «  mise en place de locaux de sûreté modulaires à l'hôtel de police de Grenoble (38). ». Appel d'offre ouvert le 22 février 2006 et attribué le 11 décembre 2006. Donc le ministère que N. Sarkozy a dirigé, a lui même était un client du groupe Bolloré mais celui-ci prétend le contraire. Voilà qui est plutôt déconcertant.

D'autres contrats ont été signés entre l'Etat et le groupe Bolloré. Un très bon article du monde les a recensé, et je le retranscris plus après.

N. Sarkozy affirmait durant sa campagne qu'il modifierait sa façon de faire la politique s'il était élu. Effectivement, les mensonges sont plus gros que jamais, la collusion entre le pouvoir politique et le monde de l'argent et des médias à son paroxysme (aucun JT n'a contredit N. Sarkozy et même cherché à savoir si ce qu'il disait était vrai !). Et aux yeux de tous.


Alexandre Joly.


* * *


Le groupe de Vincent Bolloré a bien obtenu des marchés publics

LEMONDE.FR | 10.05.07 | 20h52 


ontrairement à ce qu'avaient affirmé Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy, mercredi 9 mai, le groupe de l'homme d'affaires s'est bien vu attribuer ces dernières années des marchés publics. Sur le site Internet des Journaux officiels de la République française, on retrouve ainsi la trace de plusieurs attributions de marchés publics.

SDV
, la filiale logistique du groupe Bolloré, a obtenu le 10 août 2006 l'attribution du marché du "traitement de la valise diplomatique fret" par le ministère des affaires étrangères, selon l'annonce numéro 368 publiée le 6 novembre 2006 dans le Bulletin officiel des annonces de marchés publics (BOAMP). "Ce marché est un 'contrat sensible' au sens de l'arrêté du 18 avril 2005 (...) relatif aux conditions de protection du secret et des informations concernant la défense nationale et la sûreté de l'Etat dans les contrats", précise l'annonce. La valeur totale estimée de ce marché est comprise entre 1,4 million et 5,6 millions d'euros, hors taxes, pour "une durée de 48 mois à compter de la notification du marché".

SDV s'est également vu attribuer le 17 juin 2005 un marché de "transport de fret par voie aérienne commerciale à la demande et pour le compte du ministère de la défense", d'une valeur estimée à 36 millions d'euros, hors taxes, peut-on lire dans l'annonce numéro 907 publiée le 26 septembre 2005. Le contrat est lui aussi d'une durée de 48 mois. On retrouve également SDV logistique internationale dans l'annonce numéro 329 publiée le 13 mars 2006. Cette fois, l'attribution du marché, le 5 janvier 2006, concerne des "prestations de transport aérien et d'opérations ponctuelles de dédouanement de diverses marchandises pour la direction des monnaies et médailles". Le montant est "indéfini". L'annonce 839, publiée le 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003 C, fait également mention de SDV TTA, parmi d'autres entreprises, dans l'attribution d'un marché, le 16 novembre 2006, concernant un "accord carde acheminements" par l'économat des armées.

"VINCENT BOLLORÉ N'A JAMAIS TRAVAILLÉ AVEC L'ÉTAT"

Par ailleurs, selon l'annonce numéro 474 publiée le 16 mars 2007 dans le BOAMP 017C, le groupe Bolloré Energie a obtenu l'attribution du marché, le 6 janvier 2007, "de fourniture de fioul domestique" par le centre hospitalier de Laval. Le montant du marché est de 130 152,36 euros, hors taxes. Bolloré Energie apparaît également dans l'attribution, le 21 décembre 2006, du marché de "fourniture de fioul domestique" par la ville de Colmar dans l'annonce 602 publiée le 23 mars 2007 dans le BOAMP 018C. Le montant du marché, qui est reconductible annuellement pour 2008, 2009 et 2010, est de 153 390 euros hors taxe.

Enfin, l'annonce numéro 357 publiée le 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003C, le groupe Bolloré a obtenu le 11 décembre 2006 du ministère de l'intérieur un marché de "mise en place de locaux de sûreté modulaires à l'hôtel de police de Grenoble", d'un montant hors taxe de 342 329 euros.

Dans le cadre de la polémique suscitée par le séjour de Nicolas. Sarkozy sur le yacht de Vincent Bolloré au large de Malte, le groupe de l'homme d'affaires avait affirmé mercredi qu'il n'avait "jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat français". Nicolas Sarkozy avait indiqué de son côté que "Vincent Bolloré est un des grands industriels français. Il n'a jamais travaillé avec l'Etat. Il fait honneur à l'économie française".


Le Monde.fr

10 mai 2007

Ploutocratie

 48 heures. Il n'aura fallu attendre que 48 heures pour que N. Sarkozy affiche la façon dont il va diriger le pays et le système de gouvernance qui sera le sien. Celui de l'alliance du pouvoir ( kratos en grec) et de l'argent (ploutos) : la ploutocratie ou le pouvoir fait par ceux qui ont de l'argent pour ceux qui ont de l'argent... Contredisant ouvertement sa promesse électorale de «changer la façon de faire de la politique».

L'escapade de notre nouveau président à Malte pour 2 jours n'a en soit rien de scandaleuse. Il a largement mérité ses vacances après une campagne rude durant laquelle il n'a pas ménagé ses efforts. De même il n'y a rien de scandaleux à quitter la France pour prendre le large en Europe et prendre ainsi un maximum de recul. Enfin, il n' y a rien de scandaleux à prendre des vacances de luxe quand on en a les moyens et qu'on se les paye.

Mais voilà...Qui a payé ?

N. Sarkozy n'est pas encore président de la République : il aurait donc dû payé son voyage en jet privé « Falcon » entre Paris et Malte. De même le yacht sur lequel il se repose ne lui appartenant pas, car étant propriété d'une société de location de navire, il aurait dû en payer la location : entre 160 000 et 190 000 euros la semaine.

Nul doute que N. Sarkozy a des revenus importants et donc les moyens de s'offrir de jolies vacances, mais il n'a jamais fait parti du club des milliardaires français. Or ces vacances en sont dignes. Et ses anciennes et nouvelles fonctions doivent l'obliger à dévoiler si c'est lui qui a financé son séjour ou quelqu'un d'autre. Et qui serait ce quelqu'un d'autre et pourquoi aurait-il fait cela ?

La société qui loue ces yachts appartiendrait au groupe Bolloré. Vincent Bolloré est une des plus grosses fortunes de France (la 13ème ) et est présenté comme un ami de N. Sarkozy. Ce dernier a reconnu que V. Bolloré l'avait invité à maintes reprises depuis 20 ans mais qu'il avait « toujours refusé ». Alors question, pourquoi accepter maintenant ?

Cette question n'est pas fortuite. Car s'il y a eu service, il est fort logique de penser qu'il y aura un jour compensation, engrenage logique de toute collusion néfaste. Et si le groupe Bolloré crie haut et fort n'avoir jamais eu aucun contrat avec l'Etat, il est comme toute société redevable devant cet Etat de la bonne gestion de ses finances, du paiement d'impôts et susceptible de contrôles de la part du Trésor Public.

Vouloir être « l'ami » bienveillant de celui qui peut inciter ou au contraire freiner ces contrôles n'est pas sans arrière pensée. C'est en tout cas une terrible claque pour tous ceux qui avaient voté pour un candidat qui voulait lutter « contre le copinage » pour aider ceux qui « n'ont pas de carnets d'adresse».

Dans une démocratie, les différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) doivent être indépendants. Pour conserver cette indépendance il ne doit y avoir de collusion ni entre eux ni avec quel qu'autre forme de pouvoir que ce soit (financier, militaire, industriel, médiatique...). Au risque sinon de perdre leur partialité, leur crédibilité et leur légitimité.

Comme l'a montré la dernière législature avec l'affaire Clearstream entre autre, et la campagne électorale avec sa couverture médiatique très orientée, notre régime actuel est d'une très grande porosité quant à la séparation des pouvoirs et à la limitation de leur champ de compétence. Une transformation radicale est indispensable. C'est l'un des leitmotiv du Mouvement Démocrate. Car il en va de la crédibilité, de la légitimité et de la survie de notre démocratie toute entière.

Ce n'est malheureusement pas la priorité du nouveau président qui a marqué sa volonté de ne rien changer à l'actuelle constitution et donc de perpétuer les mêmes moeurs politiques.

A regarder le « Paloma » et les côtes maltaises, on comprend pourquoi.


Alexandre Joly.