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12 mai 2007

De la versatilité de certains élus UDF

Depuis l'entre deux tours de l'élection présidentielle, on a vu plusieurs députés UDF rejoindre ou soutenir Nicolas Sarkozy. Ceux qui ont choisi de le soutenir ponctuellement afin de faire campagne contre Ségolène Royal avaient sans doute des raisons compréhensibles dans le contexte électoral. Parmi ces élus UDF, certains avaient opté pour le candidat UMP dès avant le premier tour. Ce fut notamment le cas de Gille de Robien et d'André Santini. Ceux-la ont clairement trahi leur parti et feraient mieux d'adhérer à l'UMP afin que les choses soient plus claires et cela rendrait leur action cohérente jusqu'au bout ... Mais sont-ils capables d'être cohérents ?

Le plus choquant dans tout ça est l'attitude des élus qui ont choisi de voter Nicolas Sarkozy au second tour et qui persistent maintenant dans ce soutien qui n'a plus rien de ponctuel. Des gens comme Hervé Morin, Maurice Leroy ou encore Pierre Albertini qui étaient des proches de François Bayrou ont même signé un texte intitulé "Pour un centre libre dans la majorité présidentielle" dans le Figaro du 8 mai 2007. Dans ce texte, ils voudraient que la mouvance centriste s'intègre à la majorité présidentielle c'est-à-dire à l'UMP. Ils s'appuient pour sur 3 arguments pour justifier leur prise de position :

  • L'incompatibilité du programme économique de Ségolène Royal : "économie, retraites, 35 heures, interventionnisme public débridé."

  • l'accord de principe de Nicolas Sarkozy à une dose de proportionnelle et la ratification des nominations aux grands emplois par les commissions parlementaires compétentes décidant à la majorité qualifiée,

  • Les propositions institutionnelles de Nicolas Sarkozy concernant l'Europe et sa position concernant la Turquie.

Cette prise de position de divers élus UDF ou apparentés est une véritable injure à l'intelligence, à la morale et aux électeurs de François Bayrou. Sur le plan économique, les programme de S. Royal et de N. Sarkozy bien que relativement différents nécessitaient à peu près le même montant de dépenses publiques et allaient donc contre toute logique de réduction du déficit public. La dose de proportionnelle envisagée par N. Sarkozy ne sert qu'à fourvoyer et à manipuler les élus de "petits partis" afin qu'ils deviennent des valets de l'UMP. Cela n'a rien à voir avec la refonte du système électoral voulue par l'UDF et par François Bayrou. En outre, N. Sarkozy semble plutôt vouloir un peu de proportionnelle pour les élections sénatoriales et non législatives...

Ce qui est surtout dommageable, c'est que la majorité de ce groupe de parlementaires se ment à elle-même et donc aux électeurs. Maurice Leroy, député du Loir-Et-Cher, déclarait le mars 2007 (source: site de l'UDF) : "Si on était dans le schéma Ségolène Royal-Nicolas Sarkozy, c'est . C'est le choix du vieux système. Moi je n'appelle à voter ni pour l'un ni pour l'autre". Il ne lui aura fallu que quelques semaines pour retourner sa veste. Quant à Hervé Morin, il s'en était souvent pris à Nicolas Sarkozy et également à ceux qui l'avait rallié depuis longtemps comme Gilles de Robien. Lors d'une interview accordée au journal 20 Minutes en août 2006, on lui avait demandé : "le divorce avec Gilles de Robien est-il consommé ?"  et il avait répondu : "Je n'ai pas vocation à être un coupeur de têtes. Mais à un moment, il faudra qu'il nous indique s'il soutient François Bayrou ou s'il veut faire le jeu de l'UMP. On ne peut pas être constamment le cul entre deux chaises." (source : 20 Minutes, éditions du 08/06/2006). Cela vaut également pour lui.

Ce ne sont que quelques exemples de ce gigantesque retournement de veste effectué conjointement par ces "élus du peuple". Ils n'hésitent pas à se trahir et nous avec au nom de petites tractations politiques. J'espère que leurs électeurs sauront leur faire regretter ces trahisons lors des prochaines élections. Touts ça semble donner raison au vieil adage : "qui se ressemble s'assemble". Et en matière de trahison politique, Nicolas Sarkozy n'est pas le premier venu. Le Mouvement Démocrate peut donc se passer de ces personnes, d'autres sont prêtes à les remplacer et à oeuvrer à un vrai parti centriste indépendant et ouvert.

Hervé Tisserand