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14 mai 2008

Interview au blog du démocrate

Je retranscris ci-après, l'intégralité d'un questionnaire que nous a fait parvenir le blog du démocrate en début de mois. 

 * * *

 - Quelle est l'image générale du mouvement démocrate parmi les français résidant du Japon, de Tokyo ? Quelles sont les réactions des japonais curieux de vos actions et démarches ?

Alexandre Joly : L'image du Modem parmi la communauté française au Japon est similaire à celle des Français de l'hexagone. Cela va de la sympathie et la communion de valeurs ou d'idée, à la critique habituelle des partisans du bipartisme selon lesquels nous n'avons pas d'idée ou de programme et que nous sommes indécis.

Ceci dit, les bons résultats de François Bayrou lors du premier tour de la présidentielle de l'an dernier sur le Japon, où il a terminé second avec un résultat supérieur à 23% dans chacun des deux bureaux de vote de l'archipel, tendent à démontrer que son message passe bien dans la communauté.

Pour ce qui est de l'attitude des Japonais concernant le Modem, elle à l'image de celle qu'ils ont pour la politique française en général: un desintérêt poli. Si les grands médias ont traité de la campagne de 2007, c'était plus pour mettre en valeur le fait qu'une femme avait des chances d'être élue que sur le contenu des programmes.

Hervé Tisserand : Les Japonais ne connaissent guère la situation politique française. Nicolas Sarkozy est bien évidemment connu mais c'est pratiquement le seul leader politique français actuel à l'être.

De l'élection présidentielle, les médias japonais n'ont retenu que l'affrontement Sarkozy-Royal. Malheureusement, François Bayrou et le Modem ne sont guère connus en dehors de quelques cercles francophiles et de spécialistes. Cependant, on peut considérer qu'il en va de même pour les Français concernant ce qui se passe au Japon.

Quant aux Français résidant au Japon, le regard qu'ils portent sur le Modem est semblable à celui des Français de France comme l'a bien dit Alexandre. Ce qui est inquiétant, c'est le peu d'intérêt pour les programmes d'où une méconnaissance de ceux-ci et de ce qu'ils impliquent malgré le fait qu'ils soient souvent disponibles sur le net. Cela peut expliquer le désenchantement de certains qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy.

- Quelles sont les initiatives originales prises par l'antenne d'Osaka dont vous êtes le plus fiers ?

 A. J. : Incontestablement notre blog. Nous avons été les précurseurs au Japon dans la blogosphère des mouvements politiques français à en créer un. Si bien que des sympathisans locaux de l'UMP ont découvert notre site et se sont empressés d'en organiser un pour soutenir leur candidat dans les semaines qui suivirent.

H. T. : Je confirme que notre blog est ce dont nous sommes le plus fier. Il a permis de diffuser les idées du Mouvement Démocrate au sein de la communauté francophone du Japon. Il a également permis de donner des informations importantes à cette même communauté concernant la vie au Japon.

- Quelle sont les spécificités de l'antenne modem d'Osaka ?

A. J. : D'être à Osaka et non à Tokyo, la capitale du pays. C'est un concours de circonstance qui résultait de l'existence d'une forte concentration de jeunes Français dans une entreprise japonaise sur Osaka et qui a donc amener à des échanges de point de vue politique et au rassemblement de certains sympathisants du modem.

Cela tient aussi à la structure sociologique de la répartition géographique des ressortissants français au Japon. Dans la région d'Osaka/Kyoto, le Kansai, nombreux sont les universitaires, professeurs et artistes. Cela s'est ressenti lors du premier tour où S. Royal a fini en tête et F. Bayrou deuxième. Inversement, à Tokyo les cadres d'entreprise, les entrepreneurs sont majoritaires et N. Sarkozy a fini en tête, juste devant F. Bayrou.

H. T. : Comme l'a bien remarqué Alexandre, les Français du Kansai (la région d'Osaka et de Kobe) diffèrent sensiblement de ceux du Kanto (la région de Tokyo). Ici, la population française est sans doute plus jeune et un peu moins liée aux grandes entreprises françaises.

- Quelles sont les attentes des français de l'étranger pour participer à la vie du mouvement ? Quelles seraient vos suggestions ?

A. J. : Les Français de l'étranger ne sont pas un groupe homogène, il y a différents types d'émigrès et donc différents types d'attentes. Aux deux extrêmes, vous avez tout d'abord l'expatrié, envoyé pas sa société pour une mission à moyen terme, dont les préoccupations sont de l'ordre du pratique et de l'instantané (école pour les enfants, côtisations retraite, impôts...) et puis vous avez l'émigré intégrationniste, qui travaille dans une société japonaise, a un conjoint japonais qui ne sait pas s'il va rentrer un jour et dont les attentes politiques seront plus idéologiques et globalisantes (image de la France, relations avec le pays en question, politique sur la double-nationalité...)

Un parti politique moderne devrait avoir une fédération regroupant des membres qui incarneraient ces différentes tendances.

H. T. : Beaucoup de résidants regrettent leur manque de représentativité à l'assemblée nationale. Il est difficile de faire entendre la voix des Français vivant à l'étranger alors que nous sommes de plus en plus nombreux. François Bayrou et le Modem envisagent d'importantes réformes concernant la décentralisation. Il faudrait que certains de ces projets concernent ceux ne résidant pas ou plus sur le sol français et notamment leur représentativité politique et leur participation à la vie nationale.

Nous pouvons apporter beaucoup de choses et notamment un regard sur la France plus distant. Nous pouvons également faire savoir comment ça se passe ailleurs - certaines idées sont bonnes à prendre. On éviterait ainsi les débats trop franco-français.

- Le potentiel d'internet est souvent mis en valeur pour l'animation interne des mouvement politiques, notamment à l'étranger. Quelles vertus lui accordez-vous réellement ?

A. J. : Pour les Français de l'étranger, Internet a révolutionné notre relation avec la métropole en général et le suivi de la politique française en particulier. Pour avoir vécu deux campagnes présidentielles depuis le Japon (2002 et 2007), je peux vous affirmer que la seconde a été vécu comme l'ont vécu des millions de nos concitoyens alors que la première n'a été qu'un lointain cauchemard.

Cette différence se voit tout d'abord dans la capacité et la rapidité d'accés aux programmes politiques, aux informations générales et au débat public qu'offre l'Internet. Les blogs et surtout les sites d'information des journaux, TV, radio accessibles online sont des moyens de s'informer en temps réel, quand il fallait attendre une semaine au par avant pour avoir les journaux par courrier.

Ensuite, Internet est un moyen très efficace pour « atteindre » les gens et débattre avec eux. Les forums et sessions de « chat » sont notament de très bons vecteurs pour lier les différents membres de la commuanuté française.

Car il ne faut pas oublier une chose, c'est que nos concitoyens sont isolés quand ils vivent à l'étranger. Imaginez que sur un archipel comme celui du Japon il n'y a que 2 bureaux de vote à Tokyo et Osaka, qui correspondent aux deux grandes concentrations de ressortissants français, et des centaines de nos concitoyens vivent à des heures de transport de celles-ci.

H. T. : Internet permet à toute personne éloignée du sol national de garder un contact direct avec son pays: Il est possible de suivre l'actualité au jour le jour et de savoir où en est le pays.

Pour les personnes vivant dans un pays étranger, cela permet d'établir des contacts et de former des communautés dans lesquelles on peut discuter voire débattre.

Internet est aussi un moyen de partager des expériences et des ressources. Les mouvements politiques devraient plus utiliser ce vecteur pour communiquer avec leurs adhérents et leurs sympathisants et pas seulement lors des grandes échéances électorales. Je ne crois pas trop, pour des raisons de cohérence et de faisabilité, à l'idée de la démocratie participative telle que la conçoit Ségolène Royal mais il n'empêche que les discussions, qu'elles aient lieu dans une salle ou sur internet, peuvent permettre d'enrichir le débat politique.

-  A quelles consultations du mouvement démocrate souhaiteriez-vous être associer ?

A. J. : Aujourd'hui, comme jamais dans l'histoire de notre pays, de nombreux Français s'expatrient et émigrent plus ou moins longtemps. Nous entrons dans une ère d'hyper-nomadisme pour reprendre les termes de Jacques Attali dans sa « Bréve histoire du futur » et un parti politique moderne doit pouvoir capter ces Français nomades en les intégrant pleinement à ses structures.

Des fédérations des Français de l'Etranger d'Asie, d'Amérique ou d'Afrique, en fonction de leur nombre devraient être créées et ses membres avoir les mêmes possibilités d'agir sur le parti que les membre de la fédération du Gers ou celle de Paris...

De même que les institutions de la République devraient mieux prendre en compte les ressortissants français de l'étranger. Mais ceci est une autre histoire.

Ensuite, en tant que blog de sympathisants du Modem, nous aimerions aussi avoir un interlocuteur privilégié à l'intérieur de celui-ci qui répondrait à nos questions, qu'elles soient d'ordre politique ou juridique.

Aujourd'hui, la révolution Internet dont nous parlions précédemment permet d'abattre toutes les difficultés matériels,comme l'éloignement, pour les mettre en place.

H.T. : De nos jours, de plus en plus de Français vivent à l'étranger. La mondialisation fait que les pays sont de plus en plus interdépendants et en même temps et chacun d'entre eux cherche à profiter au maximum de ce mouvement. Je pense qu'un parti politique tel que le Mouvement Démocrate a besoin d'une structure permettant à ses adhérents et à ses sympathisants de faire connaître leurs expériences. Les experts ne suffisent pas. Les Français de l'étranger peuvent montrer comment on vit dans d'autres pays et mettre en lumière les avantages et les inconvénients de ces derniers.

- Quels sont vos perspectives et objectifs pour 2008-2009 ?

A. J. : Les blogs comme le nôtre ont un pic d'activité lors des campagnes électorales. Les prochaines échéances seront donc européennes, même si les Français de l'étranger ne sont pas conviés à s'exprimer sur cette élection importante comme sur tant d'autres, comme les Législatives.

D'ici là nous continuerons à nous concentrer sur les trois objectifs de notre blog : Participer au débat politique par la publication de points de vue et de commentaires, informer sur la vie au Japon et surtout tenter de rassembler autour de la diffusion des valeurs démocrates.

H. T. J'espère que nous pourrons mieux faire connaître l'actualité japonaise aux Français – le Japon est quand même la deuxième puissance économique du globe.

J'espère également que des Japonais accepteront d'intervenir directement sur notre site afin de diversifier les points de vue.

- Un dernier mot ?

A. J. : La démocratie et ses valeurs sont aujourd'hui mises à mal dans de nombreux pays par une substitution du principe de raison à celui de passion. De chacun de ces deux principes découlent pourtant deux façons radicalement opposées de s'adresser au peuple souverain et d'obtenir ses suffrages : c'est la voix du démagogue contre celle du démocrate.

C'est cette dernière que notre blog entend porter.

H. T. : Nous sommes dans une situation où nous avons l'impression de prêcher dans le désert. Quand on souhaite débattre sur le fond, on nous oppose une politique de communication, quand les gens veulent parler d'un sujet important, on préfère donner la parole aux experts qui sont souvent coupés de certaines réalités, quand il faudrait réfléchir à certaines questions à tête reposée, on est convié à réagir vite et en fonction de notre émotion du moment, etc. Il ne faut pas désarmer mais continuer à faire part de nos convictions.

 

06:33 Publié dans News du Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : modem, japon, blogs