Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12 juin 2007

Quelles conclusions tirées du premier tour des législatives ?

Il y en a plusieurs et la première est une certaine déception à la vue du score global du MoDem. En effet, avec 7 à 7,5% des voix, le parti centriste est un peu loin du résultat obtenu par François Bayrou à l'élection présidentielle. Cela s'explique par plusieurs facteurs : le mode de scrutin, l'engouement sarkozyste de nombreux français et la désagrégation du parti socialiste. Un dernier facteur important est la jeunesse du MoDem dont dont nombre de candidats n'étaient guère connus.

Deuxième conclusion : le taux d'abstention confirme qu'appeler les électeurs à voter un mois à peine après une autre élection majeure est une aberration qui encourage es gens à rester chez eux ! Le taux d'abstention est de 39,56 % ce qui est très élevé et bien supérieur à celui de l'élection présidentielle. A la vue d'un tel taux, l'UMP devrait éviter de parler de grand succès car une si faible mobilisation des électeurs amoindrit grandement la représentativité de la nouvelle assemblée.

Troisième conclusion : le mode de scrutin amplifie beaucoup trop les résultats. L'UMP et ses alliés ont obtenu 46% des voix ce qui devrait leur permettre d'obtenir plus de 400 sièges sur 577 ! Mais cela ne devrait leur donner mathématiquement et proportionnellement que 265 sièges. Le MoDem, avec 7% des voix, auraient pu obtenir 40 sièges ! Je ne suis pas pour un mode de scrutin à la proportionnelle intégrale mais un seuil de 5% améliorerait grandement la représentativité de l'Assemblée Nationale. Un autre facteur expliquant ce décalage entre le nombre de voix et le nombre de sièges est le découpage des circonscriptions car les députés ne représentent pas le même nombre de citoyens.

Quatrième conclusion : un nombre record de députés, principalement UMP, ont été réélus ce qui est loin de traduire concrètement la volonté de rupture exprimée par Nicolas Sarkozy et ses supporters. On le sait, les Français ne sont pas à une contradiction près. A mon humble avis, cela confirme le manque de maturité politique de notre peuple.

Les élections législatives montrent que la France a encore beaucoup de progrès à faire en matière de représentativité démocratique. Le mode de scrutin devrait être modifié et les dates des élections revues. Les médias ont encore une fois eu un comportement discutable de part leur complaisance envers le chef de l'Etat. Enfin, une majorité de Françaisn'est pas capable de prendre certains risques politiques et préfère rester conservatrice dans ses choix politiques en reconduisant toujours les mêmes candidats et les mêmes partis...

Cependant, il reste un deuxième tour qui pourrait permettre de réduire un peu la force de la vague bleue et j'espère que les électeurs du MoDem se mobiliseront pour leurs candidats encore en lice.

Hervé Tisserand 

22 mai 2007

Démocratie, où es-tu ?

L'année 2007 sera sans nulle doute une année faste pour les comptes des agences de sondage. Après plusieurs mois passés à répondre aux demandes des partis et journaux pour façonner l'esprit des Français dans l'optique de la Présidentielle, ils se remettent en ordre de bataille pour les Législatives de juin. A nous donc de les commenter, les décripter.

Année rose pour les sondeurs, mais annèe noire pour notre démocratie. Car certains résultats de cette élection, connus par avance grâce au systême mis en place, sont une incroyable insulte à la démocratie. Je veux parler ici de la sous-représentation pour ne pas dire l'absence possible de députés du MoDem, du F.N ou de la L.C.R au Parlement bien que leurs leaders aient totalisé près d'un tiers des suffrages lors de l'élection présidentielle.

Le sondage BVA pour Orange et la presse régionale publié vendredi 18 mai montre que malgrè un score total de plus de 12 %, le Modem pourrait n'avoir aucun représentant à l'Assemblée Nationale, pour un maximum de 4 ! Le F.N qui reprèsente encore 10 % de l'électorat n'aurait quant à lui aucun député. Tout comme la L.C.R.

Ironie démocratique, des partis n'ayant aucune assise populaire seraient eux représentés au palais Bourbon : représentants du PRG, du MDC et surtout entre 18 et 21 communistes alors que ceux-ci ne représentent à peine que 4 % du corps électoral.

En cause, le système électoral dont le seul but est de créer un parlement bipolarisé, docile aux ordres de l'exécutif et de sa majorité parlementaire. C'est aussi la pluralité de la société française qu'on ne veut pas voir représentée. Car en limitant la représentation, on limite le débat et les demandes d'explication. Ainsi le pouvoir a moins besoin de justifier ses choix et c'est le principal contre-pouvoir qu'on baillonne.

Le système électoral actuel a été conçu pour offrir un maximum de liberté, non pas au peuple, mais aux gouvernants. Il est cependant terriblement problématique sur trois points :

Il favorise tout d'abord la création de fiefs et baronnies dont la principale conséquence est une approche clientéliste de la politique : un député pour se faire réélire devra aller dans le sens de ses administrés quitte à oublier l'intérêt général de la nation. Le député est un colosse aux pieds d'argile : fort car s'appuyant sur la légitimité procurée par son élection personnelle dans sa circonscription, mais faible car dépendant des forces qui agitent celle-ci et simple marionnette à leurs ordres dans l'hémicycle.

Pour que l'intérêt national l'emporte sur les intérêts personnels, il faut une liste unique par parti aux législatives.

Ensuite, il n'est pas ouvert à tous les Français. Dans le cadre actuel, seuls les Français résidant en France peuvent voter. Les 800 000 électeurs qui vivent hors de France sont déboutés de ce droit à la représentation. Soit 2% du corps électoral. C'est l'aboutissemnet d'un paradoxe : celui du rapport de la France et de l'Etranger. Aussi bien comme territoire que comme humain. Le Français de l'étranger n'est pas un Français comme les autres et n'a pas le droit d'êre représenté. Idée en soit défendable qui voudrait que seul celui qui vit dans la cité , paie des impôts se sente concerné par son destin. Ceux qui la quittent devraient alors abandonner leur droit à l'expression. Mais alors pourquoi dans le même temps un étranger qui vit en France, y paie des impôts n'a pas le droit de voter non plus ? C'est encore la pluralité qu'on veut étouffer.

Pour en finir avec cette injustice, il faut autoriser les Français de l'étranger à voter aux élections législatives.

Il favorise enfin la soumission des partis aux deux grands formations sous peine de ne pas exister. Pour que les partis puissent vivre il leur faut des élus, or dans des élections au scrutin majoritaire beaucoup savent n'avoir aucune chance car aucun impact médiatique. Pour exister ils leur faut être inféodé à une des deux grandes formations, quitte à se renier comme l'a montré le PRG peu avant la formation du nouveau gouvernement.
Le système actuel vise donc à tuer dans l'oeuf toute expression politique indépendante et libre. Quitte à complétement fausser la représentation de la Nation au Parlement.

Pour en sortir, il faut donc une assemblée élue au scrutin proportionnel.

Ces réformes ne sont pas des gadgets électoraux. Elles visent à assurer une meilleure représentation du peuple dans l'expression du pouvoir. Car c'est de la réalité et de l'exactitude de cette représentation que découle la légitimité de tout gouvernement. Et donc la survie de notre démocratie.

Alexandre Joly.