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22 mai 2007

Démocratie, où es-tu ?

L'année 2007 sera sans nulle doute une année faste pour les comptes des agences de sondage. Après plusieurs mois passés à répondre aux demandes des partis et journaux pour façonner l'esprit des Français dans l'optique de la Présidentielle, ils se remettent en ordre de bataille pour les Législatives de juin. A nous donc de les commenter, les décripter.

Année rose pour les sondeurs, mais annèe noire pour notre démocratie. Car certains résultats de cette élection, connus par avance grâce au systême mis en place, sont une incroyable insulte à la démocratie. Je veux parler ici de la sous-représentation pour ne pas dire l'absence possible de députés du MoDem, du F.N ou de la L.C.R au Parlement bien que leurs leaders aient totalisé près d'un tiers des suffrages lors de l'élection présidentielle.

Le sondage BVA pour Orange et la presse régionale publié vendredi 18 mai montre que malgrè un score total de plus de 12 %, le Modem pourrait n'avoir aucun représentant à l'Assemblée Nationale, pour un maximum de 4 ! Le F.N qui reprèsente encore 10 % de l'électorat n'aurait quant à lui aucun député. Tout comme la L.C.R.

Ironie démocratique, des partis n'ayant aucune assise populaire seraient eux représentés au palais Bourbon : représentants du PRG, du MDC et surtout entre 18 et 21 communistes alors que ceux-ci ne représentent à peine que 4 % du corps électoral.

En cause, le système électoral dont le seul but est de créer un parlement bipolarisé, docile aux ordres de l'exécutif et de sa majorité parlementaire. C'est aussi la pluralité de la société française qu'on ne veut pas voir représentée. Car en limitant la représentation, on limite le débat et les demandes d'explication. Ainsi le pouvoir a moins besoin de justifier ses choix et c'est le principal contre-pouvoir qu'on baillonne.

Le système électoral actuel a été conçu pour offrir un maximum de liberté, non pas au peuple, mais aux gouvernants. Il est cependant terriblement problématique sur trois points :

Il favorise tout d'abord la création de fiefs et baronnies dont la principale conséquence est une approche clientéliste de la politique : un député pour se faire réélire devra aller dans le sens de ses administrés quitte à oublier l'intérêt général de la nation. Le député est un colosse aux pieds d'argile : fort car s'appuyant sur la légitimité procurée par son élection personnelle dans sa circonscription, mais faible car dépendant des forces qui agitent celle-ci et simple marionnette à leurs ordres dans l'hémicycle.

Pour que l'intérêt national l'emporte sur les intérêts personnels, il faut une liste unique par parti aux législatives.

Ensuite, il n'est pas ouvert à tous les Français. Dans le cadre actuel, seuls les Français résidant en France peuvent voter. Les 800 000 électeurs qui vivent hors de France sont déboutés de ce droit à la représentation. Soit 2% du corps électoral. C'est l'aboutissemnet d'un paradoxe : celui du rapport de la France et de l'Etranger. Aussi bien comme territoire que comme humain. Le Français de l'étranger n'est pas un Français comme les autres et n'a pas le droit d'êre représenté. Idée en soit défendable qui voudrait que seul celui qui vit dans la cité , paie des impôts se sente concerné par son destin. Ceux qui la quittent devraient alors abandonner leur droit à l'expression. Mais alors pourquoi dans le même temps un étranger qui vit en France, y paie des impôts n'a pas le droit de voter non plus ? C'est encore la pluralité qu'on veut étouffer.

Pour en finir avec cette injustice, il faut autoriser les Français de l'étranger à voter aux élections législatives.

Il favorise enfin la soumission des partis aux deux grands formations sous peine de ne pas exister. Pour que les partis puissent vivre il leur faut des élus, or dans des élections au scrutin majoritaire beaucoup savent n'avoir aucune chance car aucun impact médiatique. Pour exister ils leur faut être inféodé à une des deux grandes formations, quitte à se renier comme l'a montré le PRG peu avant la formation du nouveau gouvernement.
Le système actuel vise donc à tuer dans l'oeuf toute expression politique indépendante et libre. Quitte à complétement fausser la représentation de la Nation au Parlement.

Pour en sortir, il faut donc une assemblée élue au scrutin proportionnel.

Ces réformes ne sont pas des gadgets électoraux. Elles visent à assurer une meilleure représentation du peuple dans l'expression du pouvoir. Car c'est de la réalité et de l'exactitude de cette représentation que découle la légitimité de tout gouvernement. Et donc la survie de notre démocratie.

Alexandre Joly.

29 avril 2007

Le débat entre François Bayrou et Ségolène Royal du 28 avril 2007

28 avril 2007

François Bayrou accuse N. Sarkozy de pressions sur les médias

Reçu par Jean-Michel Apathie sur RTL le 27 avril 2007, François Bayrou a accusé Nicolas Sarkoy de "verrouillage de l'information".

 

 

Il y a en effet pas mal de questions que l'on peut se poser concernant l'attitude d'un certain nombre de grands médias. Un débat voulu par la majorité des candidats n'avaient pas pu être organisé avant le premier tour. La raison était la même que celle d'aujourd'hui : le refus de Nicolas Sarkozy d'y participer. Le candidat UMP sait très bien qu'en refusant, il empêche les chaînes de télévision et les radios d'organiser un tel évènement du fait des contraintes imposées par le CSA sur l'égalité du temps de parole des différents candidats. Dans ce cas, c'est N. Sarkozy qui est le tacticien se jouant des règles démocratiques alors qu'il fait tout (déclarations, provocations, etc) pour occuper indirectement le terrain médiatique.

Mais ce qui est encore plus grave, c'est de voir la connivence  qui existe entre les grands organes de presse et le candidat UMP. Selon divers journalistes et témoins, ce dernier s'est souvent permis de menacer les journalistes ou leurs directions (cf. la rédaction de France 3 Nord / Pas-De-Calais). Il utilise également ses relations avec des actionnaires importants de ces mêmes groupe pour faire pression. Il est par exemple très proche de la famille Dassault mais aussi de Lagardère ou encore de Bernard Arnault et Martin Bouygues. Il est l'ami de certains "grands journalistes" tel que J.P. Elkabach. Cependant, il n'utilise pas toujours la force pour asservir les journalistes ; il sait aussi les séduire en les valorisant à l'extrême ou en essayant de devenir leur "ami". John Paul Lepers l'avait bien expliqué dans une interview accordée à vodeo.tv. Nicolas Sarkozy avait essayé de s'en faire un ami mais comme J.P. Lepers refusa sa proposition afin de garder une certaine distance avec le leader de l'UMP, celui-ci le pris mal et le considère depuis lors comme un ennemi. Toujours cette idée du "vous êtes avec moi ou contre moi" ! Le journaliste Philippe Cohen a bien démontré dans le magazine "Médias" comment s'organise les relations entre N.Sarkozy et une partie des médias (1). A cela s'ajoute les alliances objectives de certains éditorialistes tels que Laurent Joffrin de Libération et Jean-Marie Colombani du Monde ont tout fait pour disqualifier François Bayrou avant le premier tour en appelant à un second tour entre les candidats UMP et PS. Qu'un journal s'engage en faveur d'un candidat n'est pas condamnable en soi mais c'est la manière dont on le fait qui importe. Quand  J.M. Colombani parle d'"impératif démocratique", on voit bien qu'il s'agit de promouvoir un affrontement droite-gauche afin d'empêcher un candidat d'une troisième voie qui plus est prêt a remettre en cause les relations entre les médias et certains grands groupes industriels. A cela s'ajoute l'instrumentalisation des sondages avant le premier tour qui a surtout visé à favoriser le vote pour les représentants des des duex forces politiques qui se partagent le pouvoir depuis des décennies.

Heureusement, le débat va finalement avoir lieu même si ce ne sera pas sur un une grande chaîne de télvision. Il sera organisé par BFM TV et RMC dans l'hôtel parisien The Westin à partir de 11 heures samedi 28 avril et il devrait durer environ 1h30. Ce débat sera ouvert aux représentants de la presse et pourra être retransmis par les autres chaînes de télévision et de radio. À charge pour ces dernières de veiller, pour elles-mêmes, au respect du principe d'égalité entre les candidats.

Hervé Tisserand 

Pour en savoir plus :

(1) L'article de Philppe Cohen

Le blog de John Paul Lepers

 

19 avril 2007

Quand un journaliste parle de l'autoritarisme sarkozyste !

Joseph Macé-Scaron, le directeur adjoint de Marianne - ancien directeur du Figaro-Magazine, a révélé dans l'émission "On refait le monde" du lundi 16 avril, sur RTL qu'il avait été "démissionné" du Figaro pour avoir refusé de céder aux pressions sarkozystes. Face à l'avocat Rodolf Bosselut qui prend la défense du candidat de l'UMP, Joseph Macé-Scaron témoigne et dénonce les menaces exercées par Nicolas Sarkozy sur l'ensemble des journalistes politiques. Il rappelle l'attitude du candidat UMP envers Azouz Begag et distingue le Sarkozy séducteur de celui "en situation de puissance".
 
Hervé Tisserand 

21 février 2007

Nous, les « Sous-Français »

De tous temps et en tous lieux, les dirigeants aux abois ont pris l'habitude de mettre au pilori des groupes, des communautés faiblement représentées politiquement, pour éviter d'avoir à s'expliquer sur l'incurie de leur politique.

A ce petit jeu, à travers l'histoire, nos dirigeants ont pris pour cible en fonction de leurs orientations politiques : Les Juifs, les Templiers, les immigrés, les fonctionnaires, les Turcs, les patrons, les actionnaires, les aristocrates, les maçons polonais etc...

Et depuis quelques mois, sous la plume et la verve combinées de députés de l'UMP comme du PS, la traque à un nouvel ennemi de la France a été lancé : La chasse indifférenciée à l'expatrié et à l' émigré. Tous deux coupables de vivre volontairement hors des frontières du territoire nationale dans l'unique objectif d'échapper à l'impôt après avoir profité, disent-ils, des largesses de la solidarité nationale. Renonçant à nos devoirs envers la collectivité par notre refus supposé de payer un tribut sur nos revenus, nous serions coupables de trahison envers nos frères et soeurs de la nation. A ce titre, nous ne serions donc « plus Français que de nom. » (D. Strauss Kahn) et devrions donc payer un impôt spécial pour cette infamie.

Si les paroles et propositions de D. Strauss-Kahn ont surpris, révolté et été jugées (momentanément) inapplicables, elles ne doivent cependant pas cacher l'essentiel dans cette affaire : La recherche systématique du bouc émissaire dans la cause du mal français au détriment de la raison. Malheureusement, avec le développement des associations, l'ultra-médiatisation et le politiquement correcte, il devient très difficile de nos jours de trouver des proies faciles. Car pour qu'une Tête de Turc soit efficace elle doit répondre à quelques impératifs politiques :

  • Etre acceptable par l'ensemble de la population.

  • Toucher une minorité d'individus dont on peut faire croire qu'elle a une influence.

  • S'attaquer à un groupe qui n'a que peu ou pas de relais politique et médiatique.

  • Ne pas avoir de conséquences politiques collatérales.

Et les Français de l'étranger répondent parfaitement à ces 4 exigences.

Premier point. Dans un pays dont on ne cesse de répéter qu'il est endetté, trouver une catégorie de citoyens qui ne paye pas l'impôt sur le revenu en France (même si c'est à juste titre !) est une aubaine. Peu importe si on oublie de préciser que ceux-ci paient l'impôt dans le pays où ils travaillent, et peu importe aussi si on omet de dire qu'ils ne bénéficient d'aucun service de l'état.

Le tout est de faire croire qu'ils ont de l'argent, qu'ils quittent le pays pour cette raison et qu'ils doivent donc le partager coûte que coûte. Ce discours est d'autant plus facile à accepter par nos concitoyens qu'il ne leur coûtera rien.

Pour parvenir au second point, il suffit souvent de se saisir de l'actualité : L'affaire Johnny est tombée à point nommé pendant cette campagne pour alimenter l'idée que les Français qui quittaient le pays étaient riches et fuyaient tous l'ISF. Mais cette affaire est l'arbre qui cache la forêt. En effet des magasines comme Le Point ont déjà fait paraître depuis plusieurs mois de nombreux articles sur le thème des Français qui quittent le pays pour des paradis fiscaux. Relayant ainsi les propos de députés UMP comme Olivier et Serge Dassault qui ont fait de ce thème l'un de leur credo. Et il n'y a aucune raison pour que cela cesse.

Troisièmement pour que l'attaque soit couronnée de succès, il faut prendre une cible qui a peu de chance de rameuter des troupes : 2 500 000 personnes qui vivent à l'étranger c'est beaucoup. Mais répartis sur toute la planète c'est un concert dans le désert. Quand on connaît en plus la grande discrétion des quelques organisations censées les représenter et la faciliter à les rendre dociles, il ne faut pas s'étonner que la campagne de dénigrement n'ait pas trouvé forte opposition.

Dernière condition : Ne pas avoir d'effet collatéral. Autrement dit ne pas avoir de répercussion sur les prochaines élections. C'est bien là, le fond du problème pour nous. Nous sommes 2 500 000 mais avec un poids électoral dans l'Assemblée Nationale nul, car n'avons aucun représentant. Aucun député ne risque son poste à nous insulter ou à émettre les propositions de loi les plus défavorables possibles à notre encontre, car nous n'avons aucun pouvoir de contradiction et de sanction. Nous ne votons pas directement aux élections législatives et aucun député ne dépend de nos votes. 2 500 000 Français non représentés, c'est un peu comme si les Bouches du Rhône ne votaient pas !

Cette absence de représentativité, véritable déni démocratique, est l'explication première des dérapages de messieurs Strauss-Kahn ou Dassault. Ne pouvant voter comme les autres Français pour nos représentants, nous sommes effectivement à leurs yeux des sous-français. Et à traiter comme tel. Donc, tant que nous ne parviendrons pas à nous faire représenter, la campagne de dénigrement continuera, et ce n'est pas la relative trêve de la Présidentielle (seule élection où nous avons du poids et qui explique l'approche plus nuancée de S. Royal et N. Sarkozy sur la question) qui inversera la tendance.

Si les propositions de D. Strauss-Kahn n'ont pas été officiellement retenues par la candidate socialiste, nul doute qu'elles réapparaîtront un jour prochain sous la forme d'une proposition de loi émanant d'un obscure député souhaitant mettre son nom sur une loi de la République.

Et personne ne sera présent dans l'hémicycle du palais Bourbon pour s'y opposer.

Alexandre Joly.