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26 avril 2007

LA JUSTE VOIE

Attendue depuis dimanche soir, la conférence de presse de François Bayrou de mercredi après-midi a confirmé ce que que tous les observateurs annonçaient : il ne donnera aucune consigne de vote, créera un nouveau parti démocrate et rencontrera S. Royal entre les deux tours.

Si cette attitude n'est pas une surprise, c'est qu'elle est cohérente et dans la droite ligne des valeurs défendues par François Bayrou durant cette campagne. Campagne durant laquelle cette cohérence a souvent échappé aux autres candidats, et en particulier aux deux finalistes. Cohérence à laquelle, enfin, près de 7 millions de Français ont été sensibles.

Ses électeurs se retrouveront complètement dans les propos de François Bayrou. Tant sur le fond que la forme. Et en premier lieu dans son refus de donner une consigne de vote :

En effet, si 19% des votants l'ont choisis, c'est qu'ils estimaient qu'il était le plus à même de diriger la France,  contrairement à ses adversaires. Adversaires dont il s'est fait un malin plaisir de rappeler les défauts et qui justifient son choix de n'en soutenir aucun.

Il a tout d'abord dressé un portrait peu flatteur de N. Sarkozy dont la «proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été. Par son tempérament, et les thèmes qu’il a choisis d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantage au plus riche. ». Portait qui annonce une rupture de fond avec l'U.M.P et ses pratiques musclées et souvent en contradiction avec les règles élèmentaires de la démocratie.

Positions confirmées le soir même lors du JT de 20 heures sur France2, quand il annonce qu'à titre personnel s'il ne savait pour qui il allait voter il « commençait à savoir pour qui ne pas voter. » Allusion explicite et claire à N. Sarkozy.

La gestion des finances publiques a aussi été une critique commune qu'il a lancé aux deux candidats qui «ont de surcroît promis une augmentation absolument délirante des dépenses publiques, de l’ordre de 60 milliards d’euros chacun, dans un pays endetté comme le nôtre, l’un des deux ajoutant une baisse totalement improbable des prélèvements obligatoires dans une proportion que ni Reagan ni Mme Thatcher n’ont jamais approchée même en rêve ». Ici encore on notera une attaque circonstanciée de N. Sarkozy.

Son attitude a donc été plus nuancée vis à vis de S. Royal. S'il critique les positions économiques du P.S « multipliant les interventions de l'Etat », il la reconnaît « mieux intentionnée en matière de démocratie » que son adversaire conservateur. Et la proposition de cette dernière de débattre avec François Bayrou en est une illustration courageuse car risquée. Risque que N. Sarkozy n'a pas voulu courir, et courage qu'il n'a pas su afficher, repoussant mercredi soir sur TF1 la proposition de rencontre qu'il avait reçue de François Bayrou.

En renvoyant les deux candidats et leurs partis à leurs faiblesses respectives, il confirme ainsi la nécessité d'exprimer d'autres valeurs que celles défendues par le P.S et l'U.M.P et « annonce la création d’un nouveau parti politique, le parti démocrate, qui présentera des candidats à toutes les élections à venir, et d’abord aux élections législatives, pour représenter les Français qui veulent une politique nouvelle, indépendante, libre de son expression et décidée à les défendre sans se laisser intimider par les menaces ou les tentations diverses liées au pouvoir . »

La volonté affichée de créer un Parti Démocrate est une idée dans laquelle beaucoup de Français se reconnaissent. L'U.D.F, par ses choix politiques, son programme et ses valeurs assez peu lisibles ne portaient pas suffisamment en lui les valeurs de la pensée social-démocrate. Pendant trente ans, il a surtout été perçu comme une force d'appoint pour la droite, perdant toute liberté de mouvement et sens politique.

La création de ce nouveau parti, affranchi de ses anciennes alliances, comme le refus d'appeler à voter pour un candidat sont non seulement une marque de respect pour ses électeurs mais aussi la démonstration qu'on peut faire de la politique autrement : en faisant confiance au libre-arbitre des Français, en expliquant plutôt qu'en psalmodiant, en convainquant plutôt qu'en contraignant.

C'est cette liberté que nous entendons, nous, démocrates, faire jouer le 6 mai.

Et c'est au candidat qui la respectera le mieux que nous apporterons notre soutien.

Alexandre Joly.