Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05 mai 2007

L'heure du choix

Dans la note précédente, j'exprimais le peu de cas que je fais du vote nul, blanc ou de l'abstention dans le cadre d'un second tour électoral. Soulignant que la responsabilité de chacun était de s'engager, même à son corps défendant pour un projet de France ou un autre. Je n'avançais néanmoins aucune opinion quant à ce que serait mon choix.

Celui-ci je l'ai effectué sur la capacité de chacun des deux candidats à mettre en oeuvre une politique qui s'évertuera à résoudre les grands problèmes qu'affronte notre société, sinon à ne pas les aggraver. Pour cela je me suis appuyé tant sur les projets annoncés de chacun que sur leur passé et leur environnement politique.

Quels sont les problèmes de la France que François Bayrou avait si bien su mettre en évidence : principalement un déficit démocratique criant duquel découle une déligitimation du pouvoir, une méfiance à l'encontre de toute forme d'autorité et une crise sociétale sans précédent.

Les émeutes de l'automne 2005, comme les affrontements entre pompiers et policiers que j'ai déjà évoqué ou encore les échauffourées devant cette école de Paris ne sont que les faces cachées d'un iceberg qui menace la société française. Or l'histoire récente de la France montre la capacité de notre peuple à se révolter et faire couler son propre sang (1789, 1830, 1848, 1870 / 71 et plus récemment dans les annèes 1950 en Algérie) quand un pouvoir s'aveugle et se refuse à discuter.

Or pour éviter de tels engrenages, il est impératif de modifier la façon de gouverner, les outils de gouvernance et de choisir l'homme ou la femme en mesure de réaliser ses changements et de pacifier les tensions sociales . La crise ubuesque du CPE, durant laquelle le gouvernement a fait voté en force par le parlement à coup de 49-3 une loi avant de se rétracter en ne l'estimant plus si bonne, pour se finir par une intervention du président de la République, pourtant garant de la bonne application des lois, ordonnant de ne pas appliquer la dite loi est exemplaire de la crise constitutionnelle, politique et morale que nous vivons.

Des deux candidats, force est de contacter que l'un a été un acteur majeur de cette crise : N. Sarkozy.

La France a besoin pour réparer cette crise d'un parlement représentatif (donc en partie élu à la poportionnelle, comprenant une représentation des Français de l'étranger...) d'un Conseil constitutionnel qui puisse s'auto-saisir et refouler des lois anticonstitutionnelles, d'un président responsable de ses actes, d'une justice qui ne soit plus à la botte du politique.

Des deux candidats, l'un ne veut rien changer ou presque et l'a dit : N. Sarkozy a seulement envisagé comme réforme institutionnelle de limiter à 2 mandats le poste de Président promettant juste de diriger autrement.
L'autre, S. Royal, a inscrit dans son programme des réformes institutionnelles claires au travers d'une 6ème République annoncée (renforcement du pouvoir du parlement; abandon du 49-3; fin de la direction du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Président de la République, utilisation de la proportionelle, représentation des Français de l'étranger...).

Ces projets de réforme font à mon sens la différence. Mais les promesses sont une chose, la crédibilité de l'un et de l'autre à les mettre en oeuvre en est une autre.

Quand N. Sarkozy promet dans sa profession de foi une « une démocratie irréprochable, au service de la France et des Français, transparente dans l'exercice du pouvoir, impartiale dans les nominations », des faits récents et des promesses faites le contredisent gravement.

L'impartialité est tout d'abord contradictoire avec toute forme de discrimination positive comme il l'a promis. Le communautarisme qu'il prône l'est aussi. Comment parler d'impartialité quand il promet aux descendants de Harkis qu'ils bénéficieront de la discrimination positive, sous-entendant même que l'un d'entre eux dirigerait un musée ?

Comment parler de nomination impartiale quand N. Sarkozy négocie avec J. Chirac la nomination du juge Courroye, un ami personnel, à la tête du tribunal de Nanterre en janvier 2007. Tribunal qui a en charge les affaires des Hauts-de-Seine, fief de N. Sarkozy et celles des emplois fictifs de la mairie de Paris et donc les enquêtes passées et actuelles sur J. Chirac ? Juge Courroye, pourtant jugé corriace, qui fit preuve d'une grande mansuétude envers le couple présidentiel dans l'affaire de leurs « frais de bouche » lors de leur passage à la mairie de Paris. Cette nomination suit celle de Laurent Le Mesle, ancien conseiller « justice » de J.Chirac, et directeur de cabinet de P. Clément (soutien de N. Sarkozy) à l'époque de sa nomination, comme Procureur Général à Paris.

A l'opposé, le Parti Socialiste avec ses primaires a démontré une réelle avancée démocratique , et S. Royal durant sa campagne avec sa proposition de jurys-citoyens a démontré son sens de l'écoute.
De même en annonçant la tenue d'un nouveau référendum sur l'Europe elle a démontré l'intérêt qu'elle porte aux choix des Français, contrairement à N, Sarkozy qui a annocé que tout nouveau traité serait ratifié par le parlement et non par un référendum. Faisant fis du premier choix des Français. Cela ne les réconciliera ni avec la politique ni avec l'Europe.

Je ne pense pas que la crise que vit la société française soit juste une crise économique, et le programme très mauvais en la matière de l'un et de l'autre n'aura aucune conséquence sur le rapport qu'ont les Français avec l'Etat et entre eux. Pas plus que la politique écologique. C'est pourquoi ils ne rentrent pas en ligne de compte dans mon choix final.

En revanche la tendance Atlantiste avouée de N. Sarkozy, son acceptation tacite d'un choc des civilisations par sa fixation infondée sur la Turquie et une conception communautariste de sa politique étrangère qui sert à renforcer son pouvoir intérieur, si elles sont là aussi sans grande conséquence sur la crise française, elles m'incitent à me rapprocher de S. Royal, plus gaulliste et respectuseuse de la tradition diplomatique française.

C'est donc au nom d'un certaine conception de la démocratie et de son exercice que je voterai pour Ségolène Royal.

Alexandre Joly.

04 mai 2007

Le bulletin final

Ce dimanche sera pour les militants démocrates que nous sommes un véritable créve-coeur. Nous allons devoir faire un choix entre deux propositions dont aucune ne nous satisfait et dont nous savons tous qu'il n'en sortira rien de fondamentalement changer pour la France.

La tentation première serait donc de ne pas se déplacer et de laisser les 57% de votants, qui ont portés leur voix sur S. Royal et N. Sarkozy, se départager entre eux, pendant que nous nous prélasserions aux rayons d'un soleil printanier, nous satisfaisant des 18 % de François Bayrou (28 % à Osaka !). Ou pour les plus courageux, irions voter nul ou blanc.

Ce n'est cependant pas le sens que je me fais de l'action politique.

S'engager, c'est être responsable. Et être responsable, c'est choisir. Et ce, même si les options à envisager ne sont pas celles que l'on aurait aimées avoir à prendre. Dans cette optique, puisque le vote blanc n'a aucune valeur dans des élections en France et qu'il ne peut pas être compris comme l'expression d'un troisième choix qui viserait à bloquer l'accession au pouvoir de l'un et l'autre, il n'est rien d'autre qu'un refus de prendre ses responsabilités. Car comme l'a justement écrit Reine Malouin dans Cet ailleurs qui respire : « L'abstention est un recul avant de devenir une lâcheté. »

Au soir du 6 mai, nous aurons quoiqu'il advienne (même 51 % d'abstention !) un nouveau président qui dirigera le pays pour les 5 prochaines annèes. Et il est de notre devoir de faire en sorte que celui ou celle que nous pensons être le meilleur, ou le moins pire soit élu. Car même si on ne les aime pas, S. Royal et N. Sarkozy sont bien différents.

Et c'est sur ces différences que nous devons définir notre vote futur.

Voter pour un candidat, ce n'est jamais adhérer à 100 % avec ses choix, ses idées. Même s'il existe bien des partis où le suivisme fanatique et aveugle fait recette, ce ne sont pas là des valeurs « démocrates ». Notre choix doit donc se porter vers celui ou celle avec qui on semble avoir le plus de convergences et le moins de divergences sur la vision de la nation, une gestion juste du pays, une utilisation judicieuse et respectueuse du pouvoir. Et ce dans le seul intérêt de la France.

Assumer un tel choix sans s'y dérober est un devoir citoyen.

Il ne doit pas être entravé par quelques considérations politico-tacticiennes sur une refonte du paysage politique français (éclatement du P.S ou de l'U.M.P...) comme on a pu le lire. Il ne peut non plus être camouflé sous un point de vue poujadiste qui vise à annihiler les différences dans une dialectique du : « Tous pareils, tous pourris ». Si U.M.P et P.S ont des intérêts communs, ils ont aussi de nombreuses divergences.
Le futur président appliquera une politique dont les conséquences toucheront directement la vie de 60 millions de Français. Il est donc du devoir de chacun d'entre nous d'opter pour la politique qui nous semble la meilleure ou ... la moins pire.

Alexandre Joly

26 avril 2007

LA JUSTE VOIE

Attendue depuis dimanche soir, la conférence de presse de François Bayrou de mercredi après-midi a confirmé ce que que tous les observateurs annonçaient : il ne donnera aucune consigne de vote, créera un nouveau parti démocrate et rencontrera S. Royal entre les deux tours.

Si cette attitude n'est pas une surprise, c'est qu'elle est cohérente et dans la droite ligne des valeurs défendues par François Bayrou durant cette campagne. Campagne durant laquelle cette cohérence a souvent échappé aux autres candidats, et en particulier aux deux finalistes. Cohérence à laquelle, enfin, près de 7 millions de Français ont été sensibles.

Ses électeurs se retrouveront complètement dans les propos de François Bayrou. Tant sur le fond que la forme. Et en premier lieu dans son refus de donner une consigne de vote :

En effet, si 19% des votants l'ont choisis, c'est qu'ils estimaient qu'il était le plus à même de diriger la France,  contrairement à ses adversaires. Adversaires dont il s'est fait un malin plaisir de rappeler les défauts et qui justifient son choix de n'en soutenir aucun.

Il a tout d'abord dressé un portrait peu flatteur de N. Sarkozy dont la «proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été. Par son tempérament, et les thèmes qu’il a choisis d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantage au plus riche. ». Portait qui annonce une rupture de fond avec l'U.M.P et ses pratiques musclées et souvent en contradiction avec les règles élèmentaires de la démocratie.

Positions confirmées le soir même lors du JT de 20 heures sur France2, quand il annonce qu'à titre personnel s'il ne savait pour qui il allait voter il « commençait à savoir pour qui ne pas voter. » Allusion explicite et claire à N. Sarkozy.

La gestion des finances publiques a aussi été une critique commune qu'il a lancé aux deux candidats qui «ont de surcroît promis une augmentation absolument délirante des dépenses publiques, de l’ordre de 60 milliards d’euros chacun, dans un pays endetté comme le nôtre, l’un des deux ajoutant une baisse totalement improbable des prélèvements obligatoires dans une proportion que ni Reagan ni Mme Thatcher n’ont jamais approchée même en rêve ». Ici encore on notera une attaque circonstanciée de N. Sarkozy.

Son attitude a donc été plus nuancée vis à vis de S. Royal. S'il critique les positions économiques du P.S « multipliant les interventions de l'Etat », il la reconnaît « mieux intentionnée en matière de démocratie » que son adversaire conservateur. Et la proposition de cette dernière de débattre avec François Bayrou en est une illustration courageuse car risquée. Risque que N. Sarkozy n'a pas voulu courir, et courage qu'il n'a pas su afficher, repoussant mercredi soir sur TF1 la proposition de rencontre qu'il avait reçue de François Bayrou.

En renvoyant les deux candidats et leurs partis à leurs faiblesses respectives, il confirme ainsi la nécessité d'exprimer d'autres valeurs que celles défendues par le P.S et l'U.M.P et « annonce la création d’un nouveau parti politique, le parti démocrate, qui présentera des candidats à toutes les élections à venir, et d’abord aux élections législatives, pour représenter les Français qui veulent une politique nouvelle, indépendante, libre de son expression et décidée à les défendre sans se laisser intimider par les menaces ou les tentations diverses liées au pouvoir . »

La volonté affichée de créer un Parti Démocrate est une idée dans laquelle beaucoup de Français se reconnaissent. L'U.D.F, par ses choix politiques, son programme et ses valeurs assez peu lisibles ne portaient pas suffisamment en lui les valeurs de la pensée social-démocrate. Pendant trente ans, il a surtout été perçu comme une force d'appoint pour la droite, perdant toute liberté de mouvement et sens politique.

La création de ce nouveau parti, affranchi de ses anciennes alliances, comme le refus d'appeler à voter pour un candidat sont non seulement une marque de respect pour ses électeurs mais aussi la démonstration qu'on peut faire de la politique autrement : en faisant confiance au libre-arbitre des Français, en expliquant plutôt qu'en psalmodiant, en convainquant plutôt qu'en contraignant.

C'est cette liberté que nous entendons, nous, démocrates, faire jouer le 6 mai.

Et c'est au candidat qui la respectera le mieux que nous apporterons notre soutien.

Alexandre Joly.

25 avril 2007

La course à l'échalotte.

Indécence : à peine leur victoire connue, les deux candidats conservateurs choisis pour s'affronter lors du second tour ont changé leur discours et sont partis à la chasse aux voix des électeurs de François Bayrou :nos voix, n'hésitant pas pour cela à renier ce qu'ils avaient dit il y a encore peu.

Ces grand-écarts pourraient prêter à rire, si de telles bassesses n'étaient pas le fruit de celui ou celle qui deviendra notre futur président. Celui ou celle qui nous représentera.

De concert, depuis plusieurs mois, S. Royal et N. Sarkozy n'ont de cesse de présenter François Bayrou comme le candidat de l'autre camp, l'allié circonstanciel de l'ennemi, le candidat leurre, le cheval de Troie...

Mais voici que par la magie d'un second tour incertain, François Bayrou et nous, ses électeurs, devenons subitement les gens les plus convoités de la planète politique. Ceux qui ont toujours fait partie de leur famille, ceux qui, un peu différents et caractériels se seraient égarés sur des chemins de traverse. Ceux enfin à qui on trouve subitement des qualités humanistes, sociales, réalistes.

Nous croient-ils donc si naïfs ?

Nous n'avons pas oublié que S. Royal a assimilé durant toute sa campagne l' U.D.F à la droite sarkozyenne, alors qu'elle même courrait derrière J.M. Le Pen en s'aventurant sur les terrains de la bigoterie nationaliste, du protectionnisme ou de la critique de l'Europe.

Nous n'avons pas oublié que N. Sarkozy a accusé François Bayrou de vouloir pactiser avec la gauche et l'extrême gauche dans un immense déni politique, alors que lui même citait J.Jaurès et L.Blum les associant dans sa bouillie idéologique à Jean-Paul II.

Nous n'avons pas oublié qu'une de ses fatwa affirmait que François Bayrou trahissait ses électeurs en ne s'associant pas à lui. Mais voilà qu'avec 18,5 % des voix, le traître se voit confirmer et devient donc légitime.

C'est pitoyable !

Si N. Sarkozy et S. Royal veulent gagner les suffrages de ceux qui ont voté pour François Bayrou, il va leur falloir donner des gages sérieux de crédibilité quant à leur volonté d'accepter et de composer avec nos valeurs, nos idées. Et mettre au placard, nombre de leurs écarts de langages et de leurs valeurs réactionnaires. Et c'est à la lueur du débat qui s'engage jusqu'au 6 mai que nous ferons notre choix.

Car nous avons une alternative au choix binaire qui nous est imposé : le vote blanc.

Alexandre Joly.