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09 mai 2007

UDF Japon devient MD Japon !

Suite à l'annonce de la création du mouvement démocrate (MD) par François Bayrou, nous avons décidé de renommer notre blog "MD Japon". Notre logo a également été modifié. L'aventure continue au-delà de l'élection présidentielle. D'importantes élections vont encore avoir lieu : législatives, municipales, etc. Il faut donc continuer le combat et la promotion de nos idées. Au contraire de plusieurs députés UDF qui ont choisi de rallier définitivement Nicolas Sarkozy, nous souhaitons continuer à oeuvrer pour un centre indépendant, fort, fier de ses projets et rassembleurs !
 

Hervé Tisserand et Alexandre Joly. 

08 mai 2007

François Bayrou : discours du 6 mai 2007

François Bayrou a félicité le vainqueur de l'élection présidentielle tout en lançant quelques mises en garde. Il a également annoncé la création d'un Mouvement Démocrate expliquant que "les démocrates seront des rénovateurs et des rassembleurs".

 

 Hervé Tisserand

05 mai 2007

L'heure du choix

Dans la note précédente, j'exprimais le peu de cas que je fais du vote nul, blanc ou de l'abstention dans le cadre d'un second tour électoral. Soulignant que la responsabilité de chacun était de s'engager, même à son corps défendant pour un projet de France ou un autre. Je n'avançais néanmoins aucune opinion quant à ce que serait mon choix.

Celui-ci je l'ai effectué sur la capacité de chacun des deux candidats à mettre en oeuvre une politique qui s'évertuera à résoudre les grands problèmes qu'affronte notre société, sinon à ne pas les aggraver. Pour cela je me suis appuyé tant sur les projets annoncés de chacun que sur leur passé et leur environnement politique.

Quels sont les problèmes de la France que François Bayrou avait si bien su mettre en évidence : principalement un déficit démocratique criant duquel découle une déligitimation du pouvoir, une méfiance à l'encontre de toute forme d'autorité et une crise sociétale sans précédent.

Les émeutes de l'automne 2005, comme les affrontements entre pompiers et policiers que j'ai déjà évoqué ou encore les échauffourées devant cette école de Paris ne sont que les faces cachées d'un iceberg qui menace la société française. Or l'histoire récente de la France montre la capacité de notre peuple à se révolter et faire couler son propre sang (1789, 1830, 1848, 1870 / 71 et plus récemment dans les annèes 1950 en Algérie) quand un pouvoir s'aveugle et se refuse à discuter.

Or pour éviter de tels engrenages, il est impératif de modifier la façon de gouverner, les outils de gouvernance et de choisir l'homme ou la femme en mesure de réaliser ses changements et de pacifier les tensions sociales . La crise ubuesque du CPE, durant laquelle le gouvernement a fait voté en force par le parlement à coup de 49-3 une loi avant de se rétracter en ne l'estimant plus si bonne, pour se finir par une intervention du président de la République, pourtant garant de la bonne application des lois, ordonnant de ne pas appliquer la dite loi est exemplaire de la crise constitutionnelle, politique et morale que nous vivons.

Des deux candidats, force est de contacter que l'un a été un acteur majeur de cette crise : N. Sarkozy.

La France a besoin pour réparer cette crise d'un parlement représentatif (donc en partie élu à la poportionnelle, comprenant une représentation des Français de l'étranger...) d'un Conseil constitutionnel qui puisse s'auto-saisir et refouler des lois anticonstitutionnelles, d'un président responsable de ses actes, d'une justice qui ne soit plus à la botte du politique.

Des deux candidats, l'un ne veut rien changer ou presque et l'a dit : N. Sarkozy a seulement envisagé comme réforme institutionnelle de limiter à 2 mandats le poste de Président promettant juste de diriger autrement.
L'autre, S. Royal, a inscrit dans son programme des réformes institutionnelles claires au travers d'une 6ème République annoncée (renforcement du pouvoir du parlement; abandon du 49-3; fin de la direction du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Président de la République, utilisation de la proportionelle, représentation des Français de l'étranger...).

Ces projets de réforme font à mon sens la différence. Mais les promesses sont une chose, la crédibilité de l'un et de l'autre à les mettre en oeuvre en est une autre.

Quand N. Sarkozy promet dans sa profession de foi une « une démocratie irréprochable, au service de la France et des Français, transparente dans l'exercice du pouvoir, impartiale dans les nominations », des faits récents et des promesses faites le contredisent gravement.

L'impartialité est tout d'abord contradictoire avec toute forme de discrimination positive comme il l'a promis. Le communautarisme qu'il prône l'est aussi. Comment parler d'impartialité quand il promet aux descendants de Harkis qu'ils bénéficieront de la discrimination positive, sous-entendant même que l'un d'entre eux dirigerait un musée ?

Comment parler de nomination impartiale quand N. Sarkozy négocie avec J. Chirac la nomination du juge Courroye, un ami personnel, à la tête du tribunal de Nanterre en janvier 2007. Tribunal qui a en charge les affaires des Hauts-de-Seine, fief de N. Sarkozy et celles des emplois fictifs de la mairie de Paris et donc les enquêtes passées et actuelles sur J. Chirac ? Juge Courroye, pourtant jugé corriace, qui fit preuve d'une grande mansuétude envers le couple présidentiel dans l'affaire de leurs « frais de bouche » lors de leur passage à la mairie de Paris. Cette nomination suit celle de Laurent Le Mesle, ancien conseiller « justice » de J.Chirac, et directeur de cabinet de P. Clément (soutien de N. Sarkozy) à l'époque de sa nomination, comme Procureur Général à Paris.

A l'opposé, le Parti Socialiste avec ses primaires a démontré une réelle avancée démocratique , et S. Royal durant sa campagne avec sa proposition de jurys-citoyens a démontré son sens de l'écoute.
De même en annonçant la tenue d'un nouveau référendum sur l'Europe elle a démontré l'intérêt qu'elle porte aux choix des Français, contrairement à N, Sarkozy qui a annocé que tout nouveau traité serait ratifié par le parlement et non par un référendum. Faisant fis du premier choix des Français. Cela ne les réconciliera ni avec la politique ni avec l'Europe.

Je ne pense pas que la crise que vit la société française soit juste une crise économique, et le programme très mauvais en la matière de l'un et de l'autre n'aura aucune conséquence sur le rapport qu'ont les Français avec l'Etat et entre eux. Pas plus que la politique écologique. C'est pourquoi ils ne rentrent pas en ligne de compte dans mon choix final.

En revanche la tendance Atlantiste avouée de N. Sarkozy, son acceptation tacite d'un choc des civilisations par sa fixation infondée sur la Turquie et une conception communautariste de sa politique étrangère qui sert à renforcer son pouvoir intérieur, si elles sont là aussi sans grande conséquence sur la crise française, elles m'incitent à me rapprocher de S. Royal, plus gaulliste et respectuseuse de la tradition diplomatique française.

C'est donc au nom d'un certaine conception de la démocratie et de son exercice que je voterai pour Ségolène Royal.

Alexandre Joly.

04 mai 2007

Le bulletin final

Ce dimanche sera pour les militants démocrates que nous sommes un véritable créve-coeur. Nous allons devoir faire un choix entre deux propositions dont aucune ne nous satisfait et dont nous savons tous qu'il n'en sortira rien de fondamentalement changer pour la France.

La tentation première serait donc de ne pas se déplacer et de laisser les 57% de votants, qui ont portés leur voix sur S. Royal et N. Sarkozy, se départager entre eux, pendant que nous nous prélasserions aux rayons d'un soleil printanier, nous satisfaisant des 18 % de François Bayrou (28 % à Osaka !). Ou pour les plus courageux, irions voter nul ou blanc.

Ce n'est cependant pas le sens que je me fais de l'action politique.

S'engager, c'est être responsable. Et être responsable, c'est choisir. Et ce, même si les options à envisager ne sont pas celles que l'on aurait aimées avoir à prendre. Dans cette optique, puisque le vote blanc n'a aucune valeur dans des élections en France et qu'il ne peut pas être compris comme l'expression d'un troisième choix qui viserait à bloquer l'accession au pouvoir de l'un et l'autre, il n'est rien d'autre qu'un refus de prendre ses responsabilités. Car comme l'a justement écrit Reine Malouin dans Cet ailleurs qui respire : « L'abstention est un recul avant de devenir une lâcheté. »

Au soir du 6 mai, nous aurons quoiqu'il advienne (même 51 % d'abstention !) un nouveau président qui dirigera le pays pour les 5 prochaines annèes. Et il est de notre devoir de faire en sorte que celui ou celle que nous pensons être le meilleur, ou le moins pire soit élu. Car même si on ne les aime pas, S. Royal et N. Sarkozy sont bien différents.

Et c'est sur ces différences que nous devons définir notre vote futur.

Voter pour un candidat, ce n'est jamais adhérer à 100 % avec ses choix, ses idées. Même s'il existe bien des partis où le suivisme fanatique et aveugle fait recette, ce ne sont pas là des valeurs « démocrates ». Notre choix doit donc se porter vers celui ou celle avec qui on semble avoir le plus de convergences et le moins de divergences sur la vision de la nation, une gestion juste du pays, une utilisation judicieuse et respectueuse du pouvoir. Et ce dans le seul intérêt de la France.

Assumer un tel choix sans s'y dérober est un devoir citoyen.

Il ne doit pas être entravé par quelques considérations politico-tacticiennes sur une refonte du paysage politique français (éclatement du P.S ou de l'U.M.P...) comme on a pu le lire. Il ne peut non plus être camouflé sous un point de vue poujadiste qui vise à annihiler les différences dans une dialectique du : « Tous pareils, tous pourris ». Si U.M.P et P.S ont des intérêts communs, ils ont aussi de nombreuses divergences.
Le futur président appliquera une politique dont les conséquences toucheront directement la vie de 60 millions de Français. Il est donc du devoir de chacun d'entre nous d'opter pour la politique qui nous semble la meilleure ou ... la moins pire.

Alexandre Joly

01 mai 2007

SARKOZY, MAI 68 ET LES NEO-CONSERVATEURS

Lors de son show à Bercy, dimanche 29 avril, N. Sarkozy a pendant près de 20 minutes fait de nouveau le procès de Mai 1968 :  « Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 68 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. ». Il inscrit ainsi son discours dans la droite ligne des thèses des néo-conservateurs américains, et de celui qui est leur maître à penser, le philosophe allemand Leo Strauss pour qui l'Occident décline, et ce déclin serait à chercher dans un abandon de ses valeurs morales.

Ce n'est pas chez N. Sarkozy une nouveauté, c'est même une récurrence lorsqu'il s'adresse à des jeunes. On se souvient ainsi de son meeting le 18 mars 2007 au Zénith de Paris intitulé Grand Meeting des Jeunes lors duquel il affirma que : « Le drame de la jeunesse française depuis quarante ans, le vôtre par conséquent mais aussi celui de vos aînés et celui de ma génération, c’est qu’au lieu de lui apprendre à aimer on le lui a désappris. Entre la glorification de l’instinct et la montée de l’utilitarisme, on a étouffé cette alliance du sentiment et de la raison qui était l’essence même de la civilisation et de la culture. ».

Il présentait donc déjà Mai 1968 comme l'origine de tous nos maux actuels car :  « Depuis des décennies nous n’apprenons pas à aimer nous apprenons à détester. La mode est à la détestation de soi, à la détestation de la famille, de la nation, de la société, de la culture, de la civilisation, à la détestation de l’Occident, de la religion, de la morale, de l’intelligence, à la détestation du devoir, du travail, de l’excellence, de la réussite … ». Il est fort dommage qu'en mars personne, faute de débat, ne lui posa la question de savoir sur quels analyses il s'appuyait pour émettre un tel constat et faire de telles déclarations. Car si les auteurs de la dénonciation de l'auto-dénigrement sont facilement identifiables, j'attends qu'on nous présente les hérauts de l'auto-dénigrement. Qu'on nous dise enfin, qui en France ferait l'apologie du déclin, de la repentance... Quelle école de pensée ? Quels intellectuels ? Quels livres ? Pour quelle audience ?

Pour en revenir à Mai 1968, prétendre qu'un événement qui a eu lieu il y a plus de 40 ans, dont les retombées politiques furent assez faibles (rappelons qu'aux Législatives de juin 1968 l'UDR du président a obtenu plus de 60% des voix) serait à l'origine d'un soit disant déclin moral et le coeur de notre crise actuelle tient plus de l'imposture intellectuelle et du charlatanisme historique que de la reflexion politique.

Mais dans sa quête pertpétuelle du bouc émissaire, N.Sarkozy a besoin de cibles pour galvaniser ses troupes. Or, dans une phase de second tour où il faut rassembler, trouver une tête de Turc qui ne vote pas, c'est un exercice assez difficile. Ainsi la critique d'un événement historique que notre société de communication a largement emplifié, sur lequel nombres de critiques ont déjà été formulées et auquel on peut identifier son adversaire est une stratégie sommes toutes logique même si intellectuellement nulle.

On ne fera pas ici une analyse de Mai 68 et de ses conséquences car c'est un exercice périlleux d'histoire contemporaine qui demande une connaissance approfondie des évolutions de la société française dans la seconde partie du XXème siècle. Connaissances que N. Sarkozy n'a sans nulle doute absolument pas. Car Mai 68 s'inscrit dans un processus long de mutation de la société française et du monde en général et n'est en soit qu'un épiphénomène. En faire ainsi la cause des violences dans les banlieues, du chômage ou de la faible productivité en France est complètement absurde.

Mais on peut en revanche replacer le discours de N. Sarkozy dans une lignée idéologique: celles d'universitaires américains comme Léo Strauss donc, mais aussi son élève Allan Bloom (auteur en 1987 de L'Ame désarmée) ou aussi Saul Bellow (auteur lui en 2002 de Ravelstein). En matière de politique étrangère on peut leur rattacher S. Huttington et son Choc des civilisations.

Ceux-ci discourent contre le relativisme culturel et moral depuis les annèes 60. Ce relativisme culturel qui aurait abouti au politiquement correcte et dont les hommes qui le combattent sont la branche « intellectuelle » du néo-conservatisme américain, et dont messieurs P.Wolfowitz, J. Ashcroft ou R. Pearl sont les tenant politiques. Ils dénoncent l'abandon des valeurs qui selon eux forgèrent les cultures occidentales : le travail, a famille, la nation (j'ai failli dire patrie)...

Jean-François Revel, auteur de Ni Marx ni Jésus, publié en 1970, et qui a entre autre analysé toute sa vie les évolutions de la pensée américaine relevait dans les écrits de A. Bloom une dénonciation « du mépris de la société occidentale par elle-même » et qui est d'une « extrême sévérité pour la culture occidentale, se refusant à la reconnaître supérieure en aucun point. ».

En France, chez les intellectuels, P. Bruckner en 1983 dans Les sanglots de l'homme blanc reprenait ses thèses, puis R. Redeker ou Glucksmann. Mais ce n'est que récemment que celles-ci apparurent dans le discours politique dans les propos de N. Sarkozy avec une formidable similitude.

Le discours, excessivement violent et agressif de N. Sarkozy de dimanche soir à Bercy, durant lequel il a accusé la Gauche française d'être la complice des criminels,  « cette gauche qui trouve toujours des excuses aux voyous », cette Gauche héritiaire de 1968 qui aurait « cherché à faire croire que la victime comptait moins que le délinquant. » n'est pas sans rappeler les propos d'A. Bloom qui pestait contre « la culture de la drogue, culture rock, culture des gangs de la rue et ainsi de suite sans la moindre descrimination. ».

Quand Eric Besson, avant de le rallier, dénonçait en N. Sarkozy, un « bushiste, néo-conservateur à passeport français » il avait raison sur les trois points.
N. Sarkozy est bien français.
Comme on vient de le voir, ses valeurs puisent en grande partie dans la dialectique néo-conservatrice américaine.
Il a enfin pris de Bush la démarche, le style et surtout la stratégie de campagne : il a su comme lui allier le néo-conservatisme américain à une frange traditionnaliste religieuse.

Il y a 8 ans les Français raillaient les Etats-Unis, leur conservatisme, et ce président falloche qui allait les représenter.
Il aura fallu attendre 6 ans, et la victoire du Parti Démocrate dans les 2 chambres pour que les Américains retrouvent la raison et mettent fin à ce mirage d'incompètence dangereuse.

Aura-t-il fallu 7 ans aux Français pour perdre leur raison et se convertir ?

Alexandre Joly.