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22 février 2007

Peine de mort : Choc civilisationnel

Les hasards de l'information font parfois de noirs clins d'oeil. La presse nippone du 21 février a ainsi vu se télescoper deux informations aux valeurs contradictoires.

Alors qu'aux travers d'une dépêche A.P, le Yomiuri Shinbun (conservateur) écrivait de façon très neutre que la France inscrivait dans sa constitution l'abrogation de la peine de mort, l'agence de presse japonaise Kyodo News annonçait quant à elle que le Japon venait de placer une centième personne sur la liste des condamnés à mort en attente de leur sentence. Kazuo Shinozawa. 55 ans, a été convaincu du meurtre de 6 femmes en juin 2000 après qu'il ait mis le feu à la bijouterie où elles travaillaient et dans laquelle il venait de voler pour plus de 115 000 euros.

Amnesty International Japon dénonce régulièrement les conditions de détention et d'exécution des prisonniers. Ceux-ci attendent dans « des couloirs de la mort », des chambres truffées de caméra, sans contact avec l'extérieur et n'apprennent que le jour même qu'ils seront pendus dans des conditions terriblement opaques. Jusqu'à très récemment les exécutions n'étaient pas rendu publiques et les familles n'apprenaient souvent qu'a postériori la mort du condamné.

L'association, qui plus est, note une hausse du nombre de condamnation à la peine capitale depuis 2 000 et s'oppose à l'idée que cela soit le fait d'une augmentation de l'insécurité dans l'archipel, « ce que toutes les statistiques démentent. ».

Les exécutions devant être approuvés par le Ministre de la Justice, celles-ci avaient été suspendu durant plusieurs mois sous l'ancien cabinet Koizumi. Son ministre de la Justice, de novembre 2005 à septembre 2006, Seiken Sugiura, affirmait alors que la peine de mort était contraire à ses convictions bouddhistes. En dépit des nombreuses pressions il refusa toujours de contre-signer les demandes d'exécution qui lui parvenaient.

Mais avec l'avènement du nouveau premier ministre Shinzo Abe, une ligne politique plus dure s'est mise en place, avec notamment la lutte contre la délinquance en point d'orgue. Ainsi les exécutions ont repris le ... 24 décembre 2006, avec la pendaison de 4 condamnés à travers le pays.

En attendant d'allonger la liste d'un 101ème nom : Hiroshi Maeue accusé d'avoir tué 3 personnes en les filmant, dont un mineur, après avoir signé des pactes de suicide collectif avec eux.

Alexandre Joly.

21 février 2007

Accord à Pekin sur le programme nucléaire nord-coréen

Mardi 13 Février, à l'issue de la troisième session du cinquième round des pourparlers à 6 sur le programme nucléaire nord coréen, les différentes parties se sont félicités (elles se sont mêmes applaudies !) de l'accord nouvellement trouvé.

Selon cet accord, les protagonistes (Corée du Sud, du Nord, Chine, Japon, Russie et Etats-Unis) réaffirment leur volonté de « parvenir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne par des moyens pacifiques »(Art. I).

Selon l'article II, la Corée du Nord s'engage dans une première phase, dont le délai est fixé à 60 jours, à cesser les activités de la centrale de Yongbyon et accepte la surveillance des inspecteurs de l'AIEA sur ce site. Elle s'engage à discuter ultérieurement de tout son programme nucléaire, y compris concernant le plutonium déjà transformé.

En contrepartie, et simultanément, les Etats-Unis engageront des discussions bilatérales avec la Corée du Nord, pour normaliser les relations entre les deux pays. Ils retireront le régime de Kim Jumg Il de leur liste des états soutenant le terrorisme .

Le Japon s'engage a reprendre quant à lui des négociations bilatérales en respect de la déclaration de Pyongyang.

Les différentes parties s'engagent enfin à fournir à la Corée du Nord une aide énergétique d'urgence de 50 000t de fuel lourd sous 60 jours ainsi qu'une aide humanitaire.

Par l'article III, les protagonistes s'engagent à former sous 30 jours des groupes de travail sur les relations bilatérales, la dénucléarisation de la péninsule, les échanges commerciaux et les mécanismes permettant une paix stable an Asie du Nord Est.

L'article IV souligne que la Corée du Nord s'engage dans une phase ultérieure à faire une déclaration sur tout son potentiel nucléaire en échange de quoi, elle recevra une aide supplémentaire de 950 000 t de Fuel lourd..

Chacun des engagements pris devant être effectués en parallèle.

Cet accord a été unanimement salué par le nouveau Secrétaire Général des Nations Unies et ancien ministre des affaires étrangères coréen Ban Ki Moon et les principales capitales du monde. Javier Solana, pour l'Union européenne, se joignant à ce concert d'éloge félicita en plus la Chine pour son rôle d'intermédiaire.

Aux Etats-Unis, l'administration Bush a tenu à présenter cet accord comme un succès diplomatique, même si par la voix de leur représentant à Pékin pour ces négociations, Christopher Hill, ils reconnaissaient que « le plus dur restait à faire ».

Cependant de nombreuses voix ont appelé à la vigilance. « Ne sabrons pas le champagne trop vite; souvenons-nous que c'est avec le Corée du Nord que nous traitons. » écrivait Ralph Cossa, président du Pacific forum CSIS, dans le Japan Times du 19 février. En effet, l'attitude récente du régime de Kim Jung Il quant à au respect des traités signés (notamment celui de 1994 avec les Etats-Unis) incite plus à la prudence qu'à l'optimisme.

L'éditorial du Yomiuri Shinbun (conservateur) du 14 février allait plus loin dans la critique dénonçant le fait que « Pyongyang ne promettait nullement de stopper son programme nucléaire » et que « tant que le processus resterait vague, maintenir des sanctions était naturel ».

Nous pourrons très rapidement juger de l'attitude et de la volonté de Kim Jung Il : premier bilan officiel dans 30 jours.

Alexandre Joly.

20 février 2007

Au fil de la presse japonaise

Point d'originalité dans le traitement de la campagne présidentielle par les médias nippons. Appliquant comme leurs homologues français une grille de lecture Gauche-Droite, ceux-ci présentent la campagne comme un simple affrontement Royal / Sarkozy, dont le vainqueur sera le futur occupant de l'Elysée.

Point de « troisième homme » pour la presse japonaise, et jusqu'à aujourd'hui, absence complète d'article sur F. Bayrou ou les autres candidats. Seul J. M. Le Pen a eu les honneurs du Japan Times le 16 janvier, à travers un article sur les extrêmes droites en Europe. Sa photo, qui occupait un quart de page était publiée à côté de celle d'Allessandra Mussolini et le présentait comme un « guide » pour les mouvements nationalistes européens qui souhaitent former un groupe au parlement européen.

Dans la semaine du 12 au 19 février, plusieurs articles sont parus sur la présentation du programme de S. Royal. Généralement neutres, comme dans le Japan Times ou le Akai Hata (communiste), les articles se sont bornés à reprendre les mesures phares du programme (construction de 120 000 logements sociaux; création de jury citoyen encadrements militaires des mineurs délinquants...) et à présenter son coût. Dans son édition du 12, le Japan Times a cherché à presenter les points forts et les points faibles de la candidate : « La candidate est forte sur l'environnement, les problèmes familiaux et l'éducation (... ) mais après ses gaffes, beaucoup se demandent si elle a la stature pour diriger une nation qui détient l'arme nucléaire. ». L'article rappelant les propos de S. Royal sur la « rapidité du système judiciaire chinois », ceux sur le Québec et son ignorance affichée mais non assumée du nombre de SNLE en activité.

Plus critique, le Yomiuri Shinbun (conservateur) s'est attardé dans son édition du 18 février sur les couacs de la campagne socialiste : Démission de M. Besson; problème de financement du programme; absence d'effet sur les sondages du meeting de Villepinte...

Ces critiques ont été mises en comparaison avec la campagne de N. Sarkozy, présentée ici aussi comme exemplaire, « une machine de guerre bien huilée ». Le ministre-candidat qui aurait su opéré la mue de son image dans les médias internationaux, passant d'un profil de droite dure et conservateur il y a un an, à celui d'un homme de centre-droit, toujours selon le Yomiuri.

Pour le Japan Times , N. Sarkozy reste néanmoins un conservateur, pro-américain, jusque dans sa façon d'organiser ses meetings : Dans l'édition du 15 janvier, l'accent a ainsi été mis sur le coût de sa cérémonie d'investiture, 35 millions de dollar et son « matraquage dans le plus pure style américain ».

Mais la nouvelle politique de la semaine est le livre de Pierre Péan dont Marianne a publié des extraits. Le Yomiuri a ainsi présenté un article, toujours dans son édition du 18 février, sur la reconnaissance par J. Chirac de ses nombreuses « aventures amoureuses ». C'est avec admiration que l'article parla des conquêtes féminines chiraquiennes, dans la plus pure tradition française . Avec plus de gravité fut abordé le sujet de ses filles et ses remords de père.

C'est justement au rayon des paternités que l'information la plus cruciale pour le Japon était attendue : Mais grosse déception, selon le journal, le président a malheureusement démenti les vieilles rumeurs sur un éventuel fils caché illégitime qu'il aurait au Japon.

Son amour du sumo semblerait donc purement sportif...

Alexandre Joly.