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13 octobre 2008

Les Européens sont-ils vraiment prêts à mettre en place une défense européenne ?

La lecture d'un article de l'intellectuel néerlandais Ian Buruma, The Wrong Lesson of Munich, (Japan Times du 15 septembre 2008), permet de poser la question de la défense européenne dans des termes qu'on entend peu ou pas en France. Après une démonstration du traumatisme lié aux accords de Munich de 1938, Ian Buruma se demande si les Européens sont prêts et aptes à faire tout ce qu'il faut pour construire une défense européenne commune.

Il y a plusieurs raisons expliquant les difficultés de la mise en place d'une défense européenne commune.
La première raison est le choix de civilisation fait par les Européens. Les Européens s'enorgueillissent souvent de leurs capacités à instaurer des négociations diplomatiques entre adversaires. C'est pour cela que les accords de Münich sont un traumatisme car le jusqu'au boutisme diplomatique n'a en rien évité le pire, au contraire. Les états de l'Union Européenne ont souvent – pas toujours - misé uniquement sur la diplomatie par contrainte (manque de moyens militaires) mais aussi par choix (tout sauf une intervention armée). En cela, les gouvernements des pays membres expriment le sentiment pacifique dominant de leurs opinions publiques respectives surtout depuis la chute du bloc communiste. Comme l'a dit Robert Kagan, les Européens vivent dans un monde post hobbesien. Ils conçoivent le modèle de la construction européenne comme un modèle universel allant de soi. Mourir en faisant la guerre pour des intérêts stratégiques ou pour des idéaux n'est plus vraiment à l'ordre du jour. Il suffit de voir comment est perçue la guerre en Afghanistan.

Mais il y a aussi des raisons liées à l'évolution des puissances européennes depuis 1945.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les états européens ont pu construire une organisation commune principalement économique garantissant la paix entre eux. La fin des empires coloniaux de certains pays membres, la forte présence militaire américaine en Europe dans le contexte de la guerre froide via l'OTAN, tout cela a conduit à la perte d'importance relative des forces armées des différents pays dans leur budget.
Il faut également ajouter que malgré la coopération entre les états européens n'a pas gommé les différences de vue en matière de politique étrangère. La Suède et L'Espagne n'ont pas souvent les mêmes priorités diplomatiques de par leur histoire, leur poids dans les affaires du monde, leur zone d'influence, etc. Le conflit russo-géorgien a mis en exergue ces différences de vue.

Les Européens critiquent souvent l'unilatéralisme américain et l'usage un peu trop facile de la force militaire par les Etats-Unis. Ils en sont partiellement responsables. L'Union Européenne a vu ses états membres réduire considérablement leur budget de la défense. De fait, les pays européens ont souvent dû faire appel à leur allié américain en cas de crise grave sur leur continent : guerre en ex-Yougoslavie, crise des missiles lors de la guerre froide, etc. Le comportement des Européens est très contradictoire : volonté d'indépendance politique, idée de défendre la paix dans le monde, envie d'être une alternative à la puissance américaine. Mais dans le même temps, ils ne se donnent pas les moyens militaires et diplomatiques de leurs actions et ils appellent au secours le grand frère américain certes un peu rustre mais très utile quand il faut user de la force !

Si les Européens veulent vraiment peser sur la scène internationale et s'ils veulent vraiment se confronter au monde extérieur, il faudra qu'ils se remettent en cause et acceptent d'augmenter les budgets des ministères de la défense, de s'organiser au niveau de la chaîne de commandement, de mieux coordonner leurs forces armées et, surtout, ils devront accepter que l'usage de la force est parfois inévitable. Un Français ou un Allemand peut-il accepter de combattre pour ses voisins Baltes ou autres ? Peut-il comprendre que l'usage de l'outil militaire est parfois nécessaire ? Ce sont questions auxquelles il faudra rapidement répondre si l'on veut construire une véritable défense européenne.

 

Hervé Tisserand.

La Puissance et la Faiblesse. Les États-Unis et l’Europe dans le nouvel ordre mondial de Robert Kagan, 2003. Editions Plon

The Wrong Lesson of Munich de Ian Buruma.

Une défense européenne essoufflée, par Laurent Zecchini, Le Monde du 01.10.08.

22 septembre 2008

Taro Aso : nouveau Premier ministre du Japon

En remportant au premier tour ce lundi 22 septembre l’élection interne au poste de président de son parti, le Jimintō, Taro Aso deviendra automatiquement mercredi le nouveau Premier ministre du Japon. Bénéficiant d’une très large majorité à la Diète, le chef du Jimintō ne rencontrera donc aucune opposition dans sa démarche pour devenir chef du gouvernement.

 

En choisissant Taro Aso par 351 voix sur ses 527 membres électeurs, le Jimintō change une nouvelle fois radicalement de stratégie politique, tant le personnage est l’opposé de son prédécesseur Yasuo Fukuda. Ce dernier avait en effet été largement élu en septembre 2007 (contre Taro Aso déjà)  à la tête du parti car il incarnait une image plus classique, conciliante et rassurante que son adversaire. Il était aussi censé faire oublié la dérive personnaliste du pouvoir qu’avaient personnifiés les deux gouvernements de Junichiro Koizumi (2001-2006) et de Shinzo Abe (2006-2007).

 

Avec l’élection de Taro Aso, le Jimintō fait donc le choix d’un premier ministre charismatique, populiste et populaire, libéral et nationaliste qui se définit lui-même comme un faucon. Le style de gouvernance sera donc très proche de celui de Koizumi dont il fût le ministre des affaires intérieures et des communications (septembre 2003~octobre 2005), puis ministre des affaires étrangères (octobre 2005~août 2006). Il occupa ce dernier poste jusqu’en août 2007 dans le gouvernement Abe.  

 

Mais ce choix du Jimintō s’explique avant tout par la volonté du parti de se doter d’un chef de file fort en vue des élections législatives qui doivent se tenir avant septembre 2009, et capable de faire oublier les différents scandales qui éclaboussèrent cette législature. Cette analyse est qui plus est renforcée par les rumeurs d’une élection anticipée, à laquelle appellent autant Taro Aso que l’opposition, et dont certains analystes ont déjà « fixé » la date au 26 octobre.

 

Or si sa personnalité a souvent joué des tours à Taro Aso, notamment lors des 3 précédentes élections internes au poste de président du parti qu’il a largement perdu (un front anti-Aso s’était même créé l’an denier), elle lui offre aussi une popularité et une visibilité que ses adversaires n’ont pas.

 

Taro Aso, comme bon nombre de politiciens japonais, est un homme du sérail : Son père était député ; son grand-père maternel, Shigeru Yoshida, fut cinq fois Premier ministre entre 1946 et 1954 ; sa femme est la fille de l’ancien Premier ministre Zenko Suzuki ; et enfin il est le beau-frère du prince Tomohito de Mikasa, cousin de l’Empereur. Un tel lignage plaît beaucoup aux Japonais.

En costumes clairs, l’air décontracté, il cultive néanmoins une différence de style avec les autres politiciens japonais (comme Koizumi avant lui) avouant par exemple sa passion pour les manga quand les autres ont des goûts plus classiques et moins populaires.

Enfin certains traits le différencient clairement : il est chrétien (baptisé Francisco), dans un pays où ceux-ci furent longtemps pourchassés ; il a aussi participé aux J.O de Montréal en 1976 dans la discipline du Tir aux Pigeons.

 

Mais Taro Aso est aussi connu pour ses propos à l’emporte pièce, comme bon nombre de leaders populistes de droite dans le monde d’ailleurs. En 2005 il parla ainsi des Japonais en terme de race, et en 2006 alors ministre des Affaires étrangères il qualifia de positive la colonisation de Taïwan par l’armée impériale japonaise. Sa dernière « perle » est ssez récente puisqu’elle date du 4 août 2008, 3 jours après avoir été nommé numéro 2 du Jimintō : il estima alors, que laisser le Japon être gouverné par le parti d’opposition centriste, le Minshūtō, serait aussi préjudiciable pour le pays que lorsque l’Allemagne le fût par les Nazis.

 

La mission de Taro Aso est donc de mener à bien la campagne législative à venir. Une victoire de son parti le renforcera, mais elle ne pourra  pas cacher la principale réalité de la vie politique japonaise. Depuis la démission de Koizumi en septembre 2006, le pays a connu 6 remaniements ministériels, 3 premiers ministres et aucune des réformes impératives dont aurait besoin le pays tant sur le plan social (réforme des retraites t de la sécurité sociale, dénatalité) qu’économique (surendettement, opacité bancaire, retour de la décroissance)…

 

Alexandre Joly.      

 

 

 

 

 

05 août 2008

La chute annoncée du PLD ?

Rien y fait !  La chute de la maison Jiminto (le Parti Libéral Démocrate), au pouvoir au Japon depuis presque 60 ans, semble irrémédiable. Et le remaniement ministériel opéré par le Premier Ministre Yasuo Fukuda vendredi 1er août, pourtant sensé lui offrir une petite bouffée d’oxygène dans un océan de sondages négatifs, n’aura pas eu l’effet escompté.

Avec une cote de popularité tombée au-dessous de 25% de satisfaction en juillet, et suivant l’idée que « le soutien du public au gouvernement augmentait généralement après avoir été remanié » comme l’écrivait le  Japan Times du 04 août, , le chef du gouvernement espérait s’offrir un second souffle avant d’attaquer la ligne droite qui mène aux Législatives de Septembre 2009. Peine perdue : selon deux sondages opérés ce week-end par les journaux Mainichi  et  Asahi, le taux de satisfaction a au mieux pris trois points selon le premier, au pire est resté inchangé selon le second. Seul et isolé, le journal conservateur Yomiuri aurait noté une augmentation de 14 points à 41%.

Mais pourquoi cette défiance sans précédent ?

Propulsé chef du gouvernement en Septembre 2007, suite à la démission de Shinzo Abe qui avait tenu son poste moins du’un an, Yasuo Fukuda avait alors la triple tâche d’effacer et résoudre les scandales apparus sous son prédecesseur et qui furent à l'origine de sa démission (affaires de corruption touchant notamment le ministère de la Défense ; perte de millions de dossiers de cotisations retraite), résoudre les problèmes endémiques de financement des caisses de sécurité sociale et de retraite, et enfin faire oublier les réformes libérales, devenues impopulaires, de Junichiro Koizumi (2000-2006) qui  avaient entraînées un accroissement sans précédent des inégalités. Sa compétence, son expérience et son intégrité associés à son désir de développer une "société plus sûre pour tous les Japonais" devaient donc rabibocher le PLD et les électeurs. 

Mais, héritant d’une situation déjà bien difficile, il eut à travailler avec un gouvernement dont il n’avait pas choisi les membres et qu’il ne pût modifier car remanié un mois à peine avant sa nomination et surtout il dût apprendre à gouverner avec une Chambre Haute acquise à l'opposition et bénéficiant d'une capacité de blocage importante et paralysant son action. Dans ces conditions la crise des subprime qui n’épargna pas le marché nippon, et depuis quelques mois la hausse du prix des carburants et des matières premières ont été encore plus difficiles à appréhender et à gérer. Conclusion de 10 mois de gouvernance Fukuda: non seulement les problèmes dont il a hérité n’ont pas été solutionné mais en plus s’y sont ajoutées de nouvelles crises qui touchent directement le pouvoir d’achat des électeurs japonais. Rien de bon pour les élections !

Le chef du gouvernement aurait pu plaider qu’aucune de ces crises n’était de sa responsabilité, tant au niveau mondial que national, si son incapacité à les gérer n’était aussi en cause. Au point de vue politico-judiciaire, les affaires de corruption continuent à faire jour au ministère de la Défense, les dossiers retraite et sécurité sociale sont au point mort, et la hausse des prix touche les produits de base et donc les ménages les plus faibles. Mais plus grave que ces mauvais résultats, on est en peine à fixer la ligne politique du gouvernement.

Et le remaniement de vendredi n’a fait que renforcer ce manque de visibilité. En effet comme nombre des ministres sont connus pour être des libéraux, tel le ministre de l’Economie  Bunmei Ibuki, apôtre du désengagement de l’état et de la réduction de ses dépenses, on aurait pu penser à un retour d’une politique de réforme comme l’a connu le Japon sous le cabinet Koizumi. Mais parce que celles-ci furent impopulaires, les premières déclarations du premier ministre (parfois en contradiction avec ses ministres) ont été pour annoncer  des aides d’urgence aux pêcheurs, qui ont pourtant déjà reçus près de 74 milliard de yens de subventions spéciales, et une prochaine révision à la hausse du budget, déficitaire, pour amortir les difficultés liées à la hausse des prix. Alors politique d’austérité ou relâchement budgétaire ?

Dans le même ordre d’idée, la nomination à la tête d’un populaire Secrétariat à la Défense des Consommateurs de l’égérie anti-Koizumi, Seiko Noda (elle s’était opposée à la privatisation de  la Poste) contraste avec les nominations des libéraux Kaoru Yosano et Toshihiro Nikai aux ministères des finances et du commerce qui furent  eux, des artisans des réformes libérales de Koizumi. Dont celle de la Poste.

Cette distribution tous azimuts, et toutes factions du PLD confondues, de ministères s’est aussi répercutée dans l’organigramme du parti. Ainsi Taro Aso, opposant malheureux de Fukuda lors des dernières élections à la tête du parti, réapparaît-il comme Secrétaire Général et donc futur premier ministrable. Taro Aso, faucon en politique étrangère pourrait faire tâche dans la politique de réchauffement des relations avec le voisins chinois et coréens entreprise par Yasuo Fukuda.

En fait, il semblerait que l’objectif de ce dernier ne soit pas, contrairement aux vœux pieux du Yomiuri dans son édito du 2 août de « s’attaquer aux problèmes politiques urgents», mais bien plutôt comme l’a présenté le Japan Times de «mener son camp à la victoire lors des prochaines élections à la chambre basse avec un PLD unifié ». A défaut d’être cohérent pourrait-on rajouter. 

Pari risqué car ce ne sont que des gesticulations politiciennes visibles, qui en plus sont en contradiction  avec  la stratégie du principal allié du Jiminto, le  Shin-Komeito. En effet ces dernières semaines celui-ci appelait ouvertement à des élections anticipées et à un changement de premier ministre. L’objectif du parti bouddhiste était que soient dissociés les élections Législatives (mal engagées), prévues en Septembre 2009 de celles du parlement de Tokyo, fief et base du parti, en août 2009. Or ce remaniement et les déclarations qui s’en suivirent montrent qu’il n’en sera pas ainsi et le risque est grand que la politique ouvernementale soit sanctionnée lors de ces deux échéances électorales..

Enfin autre source de tension entre les deux partis, le Shin-Komeito est opposé à son allié sur la prorogation de la loi anti-terroriste qui doit être voté cet automne. Or avec une opposition qui domine la Chambre Haute (équivalent du Sénat), les voix du parti bouddhiste sont indispensables au PLD pour faire adopter cette loi impopulaire à la chambre Basse. Mais « après 9 ans d’alliance » s’interroge le journal Asahi, bien que le Shin-Komeito en aie retiré des bénéfices politiques indiscutables « que pense maintenant le parti et que veut-il faire ?». Va-t-il accompagner son allié dans sa chute ?

Ainsi, une conjoncture défavorable, son incapacité à se renouveler, une absence de ligne politique claire et un allié frustré laissent à penser que 2009 pourrait voir le Jiminto être pour la première fois exclue du pouvoir et son rival le Minshuto, le Parti Démocrate, devenir le premier parti à faire jouer l’alternance au Japon. Mais ce serait non seulement oublier les particularismes des élections japonaises mais surtout faire abstraction de l’immense complexité de la vie politique nippone et de ses incroyables rebondissements.

Alexandre Joly. 

07 mai 2008

Nous et la Chine

Il serait plus que temps de se poser des questions concernant nos relations et celles des pays démocratiques avec la Chine.
La question tibétaine est revenue sur le devant de l'actualité, les jeux olympiques de Pékin auront lieu dans moins de cent jours, la politique étrangère de la Chine que ce soit en Afrique (Soudan, Zimbabwee, etc) ou en Asie (Birmanie, Iran, Corée du Nord, etc) pose question. A cela s'ajoute le poids économique toujours plus grand de ce pays et le fait que la Chine a été et est toujours un centre culturel et historique d'importance. Ce pays a beaucoup influencé l'histoire de l'humanité ce qu'il va sans doute continuer à faire.
 
 
La question des jeux olympiques.

Beaucoup de gens ne souhaitent pas un véritable boycott des jeux olympiques en arguant d'une invraisemblable séparation entre sport et politique. Plusieurs points s'opposent à une telle attitude.
Tout d'abord, le Comité International Olympique s'enorgueillit de promouvoir les valeurs de l'olympisme moderne (fraternité des hommes quelque soit leur origine, respect de la condition humaine, etc) et mit même clairement en avant de la défense des droits de l'homme lors du choix de Pékin en 2002. Ce sont des valeurs politiques et non des valeurs propres au sport. De plus, et paradoxalement, le comité olympique arrive trop souvent et trop facilement à faire abstraction de la situation politique de certains pays choisis pour organiser les jeux. Les exemples sont nombreux et les plus marquants sont Berlin en 1936, Mexico en 1968, Moscou en 1980 et maintenant Pékin. Tout le monde sait bien que les pays organisateurs essaient toujours d'utiliser l'organisation des jeux comme une vitrine de leur modèle social et économique. C'est d'autant plus vrai et important pour les pays peu ou pas du tout démocratiques. Les enjeux financiers sont énormes et les multinationales qui sponsorisent les jeux olympiques feront tout ce qu'elles peuvent pour éviter un boycott des jeux par les nations mais aussi par les sportifs sur lesquels elles ont une grande emprise. Il y a donc une alliance objective entre les pays organisateurs et les sponsors.
Reste que le problème de l'organisation de cet évènement en Chine n'est qu'un problème ponctuel alors que d'autres questions ayant des répercussions plus profondes se posent à nous.
 

La Chine comme partenaire économique

Beaucoup d'entreprises européennes, américaines, japonaises, etc ont choisi de délocaliser une partie de leurs chaînes de montage et d'assemblage en Chine. Les raisons sont connues : faiblesse des coûts de production (bas salaires, loyers peu chers, etc) et présence sur un marché à fort potentiel. Tout cela a été encouragé par la politique économique du gouvernement chinois qui a tout fait pour attirer les investisseurs étrangers. Dans un contexte de libre-échange, il est normal que les entreprises cherchent à être présente partout tout en cherchant à rentabiliser au maximum leurs investissements. Cela a bien évidemment profité à d'autres pays que la Chine. Mais ce qui est frappant dans le cas chinois est la frénésie de ces investissements et le manque de vision à moyen et long terme de ces entreprises. Certes, ces dernières en profitent beaucoup maintenant mais ne se sont-elles pas tirées une balle dans le pied ? Le système économique fait que la Chine a acquis d'énormes capacités financières qui nous rendent de plus en plus dépendant d'elle. Les Chinois sont également en train de rattraper leur retard technologique à grands pas grâce aux transferts volontaires et involontaires de technologies. De plus, la concentration sans précédent de certaines productions dans ce pays est anormale et économiquement dangereuse ; c'est par exemple le cas des jouets. A cela s'ajoute que le niveau de qualité des composants et de la fabrication est souvent moyen voire médiocre. Certains experts et certains responsables politiques et économiques affirment que les pays économiquement développés conserveront une bonne avance technologique et une capacité d'innovation supérieure à des pays tels que la Chine ou l'inde. Ce raisonnement ne tient pas. Un pays peut rattraper son retard beaucoup plus rapidement que dans le passé. La Corée du sud et Taïwan commencent déjà à égaler les capacités d'innovations technologiques du Japon dans certains secteurs électroniques ! Pourquoi la Chine n'en serait-elle pas capable ?
Il faudrait éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier et avoir une vision à long terme des effets d'une délocalisation importante de nos capacités de production. En favorisant trop la Chine ou un autre pays, les pays développés rétrograderont.
 
 
La Chine dans le concert des nations

En tant que puissance nucléaire, économique et démographique, la Chine est bien évidemment une pièce importante et incontournable de l'échiquier mondial. Les Etats-Unis semblent s'en être rendus compte au contraire des Européens. De par ses besoins en terme de matières premières (pétrole, métaux, gaz, etc), la Chine cherche à s'assurer des routes d'approvionnement sûres. Cela explique en partie la présence de plus en plus importante de ce pays en Afrique et et en Asie mais aussi ses tentatives, encore timides, en direction de l'amérique du sud. Le problème se posera également bientôt avec l'Inde et le Brésil.
Cependant, l'économie n'est pas la seule explication de cette "mondialisation de la Chine". Il y aussi des raisons politiques. L'économie chinoise s'est en partie libéralisée mais le système politique n'a pas suivi le même chemin. Ce qui se passe au Tibet mais aussi avec les Ouïgours montre bien que le régime chinois utilise le nationalisme comme un instrument de pouvoir. Il suffit d'entendre et de lire les slogans des manifestants déclarant que le Tibet fait et fera toujours partie de la Chine. Penser que le développement économique va améliorer les choses, c'est faire preuve de beaucoup d'optimisme voire de naïveté. A la différence de l'Union Soviétique, la Chine commence à avoir une puissance économique telle que le pouvoir ne sera sans doute pas immédiatement menacé par son opinion publique puisqu'il pourra satisfaire les besoins basiques de sa population. Ce pays développe et modernise également son armée afin de pouvoir contrer l'influence américaine jusque sur les océans (cf. la construction d'une immense base navale de Sanya à Haïnan 1). Cela doit lui permettre de protéger ses routes commerciales et de faire pression sur ses voisins avec lesquels il y a nombre de contentieux frontaliers agravés par la présence de matières premières et de sources d'énergie (2).
A tout cela, il faut ajouter un aspect culturel : la volonté de la Chine de retrouver son statut de première puissance du monde. Certes, ce n'est pas une particularité chinoise. Les Américains, les Russes et même les Français (sur un plan plus moral) veulent être les phares de l'humanité. Le problème est le contenu idéologique qui soutient une telle volonté. Le système politique chinois étant ce qu'il est, on peut plus que douter de ses bienfaits pour le monde.

Il est donc important de d'entretenir des relations avec la République populaire de Chine mais il faut aussi savoir s'opposer à elle quand cela est nécessaire. On le fait bien avec d'autres grandes puissances comme les Etats-Unis. Ce que messieurs Raffarin et Poncelet ont récemment fait ressemble plus à une pantalonnade qu'à une véritable mission diplomatique. Les pays occidentaux doivent comprendre la spécificité de la Chine et traiter avec elle d'égal à égal sans renoncer à leurs principes. Il en va de même pour nos relations avec la Russie. Le relativisme culturel trop poussé encourage à tout accepter même l'inacceptable. Quant à nos décideurs économiques, ils devraient éviter de ne s'intéresser qu'au court terme.
 
 
Hervé Tisserand 

28 avril 2007

François Bayrou accuse N. Sarkozy de pressions sur les médias

Reçu par Jean-Michel Apathie sur RTL le 27 avril 2007, François Bayrou a accusé Nicolas Sarkoy de "verrouillage de l'information".

 

 

Il y a en effet pas mal de questions que l'on peut se poser concernant l'attitude d'un certain nombre de grands médias. Un débat voulu par la majorité des candidats n'avaient pas pu être organisé avant le premier tour. La raison était la même que celle d'aujourd'hui : le refus de Nicolas Sarkozy d'y participer. Le candidat UMP sait très bien qu'en refusant, il empêche les chaînes de télévision et les radios d'organiser un tel évènement du fait des contraintes imposées par le CSA sur l'égalité du temps de parole des différents candidats. Dans ce cas, c'est N. Sarkozy qui est le tacticien se jouant des règles démocratiques alors qu'il fait tout (déclarations, provocations, etc) pour occuper indirectement le terrain médiatique.

Mais ce qui est encore plus grave, c'est de voir la connivence  qui existe entre les grands organes de presse et le candidat UMP. Selon divers journalistes et témoins, ce dernier s'est souvent permis de menacer les journalistes ou leurs directions (cf. la rédaction de France 3 Nord / Pas-De-Calais). Il utilise également ses relations avec des actionnaires importants de ces mêmes groupe pour faire pression. Il est par exemple très proche de la famille Dassault mais aussi de Lagardère ou encore de Bernard Arnault et Martin Bouygues. Il est l'ami de certains "grands journalistes" tel que J.P. Elkabach. Cependant, il n'utilise pas toujours la force pour asservir les journalistes ; il sait aussi les séduire en les valorisant à l'extrême ou en essayant de devenir leur "ami". John Paul Lepers l'avait bien expliqué dans une interview accordée à vodeo.tv. Nicolas Sarkozy avait essayé de s'en faire un ami mais comme J.P. Lepers refusa sa proposition afin de garder une certaine distance avec le leader de l'UMP, celui-ci le pris mal et le considère depuis lors comme un ennemi. Toujours cette idée du "vous êtes avec moi ou contre moi" ! Le journaliste Philippe Cohen a bien démontré dans le magazine "Médias" comment s'organise les relations entre N.Sarkozy et une partie des médias (1). A cela s'ajoute les alliances objectives de certains éditorialistes tels que Laurent Joffrin de Libération et Jean-Marie Colombani du Monde ont tout fait pour disqualifier François Bayrou avant le premier tour en appelant à un second tour entre les candidats UMP et PS. Qu'un journal s'engage en faveur d'un candidat n'est pas condamnable en soi mais c'est la manière dont on le fait qui importe. Quand  J.M. Colombani parle d'"impératif démocratique", on voit bien qu'il s'agit de promouvoir un affrontement droite-gauche afin d'empêcher un candidat d'une troisième voie qui plus est prêt a remettre en cause les relations entre les médias et certains grands groupes industriels. A cela s'ajoute l'instrumentalisation des sondages avant le premier tour qui a surtout visé à favoriser le vote pour les représentants des des duex forces politiques qui se partagent le pouvoir depuis des décennies.

Heureusement, le débat va finalement avoir lieu même si ce ne sera pas sur un une grande chaîne de télvision. Il sera organisé par BFM TV et RMC dans l'hôtel parisien The Westin à partir de 11 heures samedi 28 avril et il devrait durer environ 1h30. Ce débat sera ouvert aux représentants de la presse et pourra être retransmis par les autres chaînes de télévision et de radio. À charge pour ces dernières de veiller, pour elles-mêmes, au respect du principe d'égalité entre les candidats.

Hervé Tisserand 

Pour en savoir plus :

(1) L'article de Philppe Cohen

Le blog de John Paul Lepers

 

26 mars 2007

Nouveau ralliement à François Bayrou

medium_Francois_Goulard.2.jpgCette fois, c'est un membre de l'UMP qui a décidé de soutenir François Bayrou. Ce n'est pas n'importe quel membre de l'UMP puisqu'il s'agit de François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche et reconnu proche de Dominique de Villepin. Il est également, avec Hervé Mariton, le cofondateur du club libéral Réforme et Modernité. François Goulard a fait cette annonce dans le quotidien "Ouest-France" du lundi 26 mars où il a notamment déclaré : "Aujourd'hui, j'ai décidé de soutenir François Bayrou, l'homme et son projet". Espérons que cela va continuer à l'UMP mais aussi au PS puisque plusieurs hauts fonctionnaires proches du PS (les groupes "Spartacus" et "Gracques") se sont déjà ralliés au candidat centriste.
 
Hervé Tisserand 

23 mars 2007

Le meeting de François Bayrou au Zenith : extrait vidéo


François Bayrou.
envoyé par UDF

21 mars 2007

L'intervention de François Bayrou à Question Ouverte le 19 mars

Le 19 mars 2007, François Bayrou a été l'invité de l'émission de France 2 "Question Ouverte". Il a réaffirmé être prêt pour un débat avec Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Il a également montré que ces deux derniers ainsi que lui-même ne sont pas du tout assurés d'avoir une majorité parlementaire. La différence entre lui et les autres est qu'il tend la main à l'ensemble des forces républicaines suivant en cela l'exemple allemand.

 

 
 
Hervé Tisserand