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25 juillet 2007

Ce que François Bayrou pense du comité de réforme de Nicolas Sarkozy

 
Hervé Tisserand 

07 juillet 2007

Quand Georges Frêche, ancien maire de Montpellier et actuel président de la région Languedoc-Roussillon parle d'Israël. Edifiant !

Voilà un discours qui sort de l'ordinaire et qui mélange beaucoup de thèmes : la France de Vichy, les conflits israelo-palestinien, l'Iran...

A chacun de se faire une idée sur ce discours ... Pour ma part, je pense que ce discours illustre bien comment les notables politiques cherchent à séduire certaines parties de leur électorat en usant de la démagogie et du populisme. Mais le plus inquiétant est qu'un élu issu d'un parti républicain (même s'il a été exclu du PS en janvier 2007) puisse tenir de tels propos. S'il n'y avait que cet individu pour tenir de genre de discours, ce ne serait pas trop grave mais quand on sait que nombres de personnalités politiques et même notre président font du communautarisme une nouvelle ligne directrice de la politique, il y a de quoi s'inquiéter. Si on relit certaines déclarations de ce monsieur, on peut se rendre compte que ses convictions sont très changeantes ; un jour, il va se montrer très sensible au sort des Harkis et un autre jour, il va les insulter ! Son discours n'a rien à voir avec Israël, la Palestine ou l'Iran, il s'agit surtout de conserver son cheptel d'électeurs à tous prix.
 
Ce discours a été fait à l’occasion de la “Journée de Jérusalem”, organisée sous les auspices de la mairie et de l’agglomération de Montpellier dimanche 24 juin au Parc Gramont, à Montpellier. 
 
 
Hervé Tisserand 
 
Pour en savoir plus sur le personnage, sa bio sur Wikipedia.

13 juin 2007

Qu'est-il donc arrivé à Sarkozy lors du G8 ?

On peut se en effet se poser des questions à la vue de ces images de la RTBF belge. Quelle que soit la raison de cette "défaillance", on peut dire que cela ne donne pas une bonne image du chef de l'état français. Et il est quand même stupéfiant de voir que les médias français n'ont pratiquement pas fait mention de cette étrange attitude de Nicolas Sarkozy.
 

 
Hervé Tisserand 

08:39 Publié dans Actu France | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Sarkozy, G8, Poutine, Presse

14 mai 2007

Gros mensonges entre amis

Mardi, alors qu'il venait de finir son jogging quotidien sur une île maltaise, N. Sarkozy a tenu à s'expliquer sur les réactions qu'a suscité son séjour sur un yacht de V. Bolloré. Affirmant qu'il « ne voyait pas de polémique », il a ajouté que l'entrepreneur français lui lançait des invitations depuis plus de 20 ans et qu'il les avait toujours repoussées.

Anticipant les questions sur la pertinence d'une relation si poussée entre le monde politique et le monde des affaires, il a affirmé que V. Bolloré n'avait « jamais travaillé avec l'Etat ». Le groupe Bolloré confirma ces dires dans un communiqué de presse le mercredi 09 mai indiquant qu'il n'avait « jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat français. »

Mensonges assez hallucinants pour qui se prend la peine de faire un tour sur le site du groupe  http://www.bollore.com

On peut ainsi y lire que le groupe se targue dans sa rubrique Activités-Terminaux et Systèmes spécialisés de fournir via son entreprise IER et sa filiale Automatic Systems « une gamme complète d'équipement d'accès sécurisé des piétons et des véhicules (contrôle d'immigration, contrôle d'embarquement...) et de protection des sites sensibles. ». De même le groupe Bolloré est fier d'annoncer que « IER développe des bornes pour les administrations, les collectivités locales... ». Donc contrairement à ce qu'affirment de concert N. Sarkozy et le groupe Bolloré, ce dernier a bien été et continue à être un client de l'Etat.

Que le groupe Bolloré émette des communiqués de presse mensonger, cela ne pose pas de problèmes démocratiques. Que le futur président le fasse, cela est plus problématique. Surtout qu'il ne peut plaider l'ignorance puisqu'à travers la sécurité c'est le ministère de l'Intérieur qu'il a dirigé qui a été client du groupe Bolloré.

Preuve en est facile à trouver dans le Journal Officiel. Ainsi l'annonce 357 du 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003C nous apprend que le ministère de l'intérieur et de l'aménagement a passé une commande de 342 329,00 EUR (H.T) pour la «  mise en place de locaux de sûreté modulaires à l'hôtel de police de Grenoble (38). ». Appel d'offre ouvert le 22 février 2006 et attribué le 11 décembre 2006. Donc le ministère que N. Sarkozy a dirigé, a lui même était un client du groupe Bolloré mais celui-ci prétend le contraire. Voilà qui est plutôt déconcertant.

D'autres contrats ont été signés entre l'Etat et le groupe Bolloré. Un très bon article du monde les a recensé, et je le retranscris plus après.

N. Sarkozy affirmait durant sa campagne qu'il modifierait sa façon de faire la politique s'il était élu. Effectivement, les mensonges sont plus gros que jamais, la collusion entre le pouvoir politique et le monde de l'argent et des médias à son paroxysme (aucun JT n'a contredit N. Sarkozy et même cherché à savoir si ce qu'il disait était vrai !). Et aux yeux de tous.


Alexandre Joly.


* * *


Le groupe de Vincent Bolloré a bien obtenu des marchés publics

LEMONDE.FR | 10.05.07 | 20h52 


ontrairement à ce qu'avaient affirmé Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy, mercredi 9 mai, le groupe de l'homme d'affaires s'est bien vu attribuer ces dernières années des marchés publics. Sur le site Internet des Journaux officiels de la République française, on retrouve ainsi la trace de plusieurs attributions de marchés publics.

SDV
, la filiale logistique du groupe Bolloré, a obtenu le 10 août 2006 l'attribution du marché du "traitement de la valise diplomatique fret" par le ministère des affaires étrangères, selon l'annonce numéro 368 publiée le 6 novembre 2006 dans le Bulletin officiel des annonces de marchés publics (BOAMP). "Ce marché est un 'contrat sensible' au sens de l'arrêté du 18 avril 2005 (...) relatif aux conditions de protection du secret et des informations concernant la défense nationale et la sûreté de l'Etat dans les contrats", précise l'annonce. La valeur totale estimée de ce marché est comprise entre 1,4 million et 5,6 millions d'euros, hors taxes, pour "une durée de 48 mois à compter de la notification du marché".

SDV s'est également vu attribuer le 17 juin 2005 un marché de "transport de fret par voie aérienne commerciale à la demande et pour le compte du ministère de la défense", d'une valeur estimée à 36 millions d'euros, hors taxes, peut-on lire dans l'annonce numéro 907 publiée le 26 septembre 2005. Le contrat est lui aussi d'une durée de 48 mois. On retrouve également SDV logistique internationale dans l'annonce numéro 329 publiée le 13 mars 2006. Cette fois, l'attribution du marché, le 5 janvier 2006, concerne des "prestations de transport aérien et d'opérations ponctuelles de dédouanement de diverses marchandises pour la direction des monnaies et médailles". Le montant est "indéfini". L'annonce 839, publiée le 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003 C, fait également mention de SDV TTA, parmi d'autres entreprises, dans l'attribution d'un marché, le 16 novembre 2006, concernant un "accord carde acheminements" par l'économat des armées.

"VINCENT BOLLORÉ N'A JAMAIS TRAVAILLÉ AVEC L'ÉTAT"

Par ailleurs, selon l'annonce numéro 474 publiée le 16 mars 2007 dans le BOAMP 017C, le groupe Bolloré Energie a obtenu l'attribution du marché, le 6 janvier 2007, "de fourniture de fioul domestique" par le centre hospitalier de Laval. Le montant du marché est de 130 152,36 euros, hors taxes. Bolloré Energie apparaît également dans l'attribution, le 21 décembre 2006, du marché de "fourniture de fioul domestique" par la ville de Colmar dans l'annonce 602 publiée le 23 mars 2007 dans le BOAMP 018C. Le montant du marché, qui est reconductible annuellement pour 2008, 2009 et 2010, est de 153 390 euros hors taxe.

Enfin, l'annonce numéro 357 publiée le 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003C, le groupe Bolloré a obtenu le 11 décembre 2006 du ministère de l'intérieur un marché de "mise en place de locaux de sûreté modulaires à l'hôtel de police de Grenoble", d'un montant hors taxe de 342 329 euros.

Dans le cadre de la polémique suscitée par le séjour de Nicolas. Sarkozy sur le yacht de Vincent Bolloré au large de Malte, le groupe de l'homme d'affaires avait affirmé mercredi qu'il n'avait "jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat français". Nicolas Sarkozy avait indiqué de son côté que "Vincent Bolloré est un des grands industriels français. Il n'a jamais travaillé avec l'Etat. Il fait honneur à l'économie française".


Le Monde.fr

12 mai 2007

De la versatilité de certains élus UDF

Depuis l'entre deux tours de l'élection présidentielle, on a vu plusieurs députés UDF rejoindre ou soutenir Nicolas Sarkozy. Ceux qui ont choisi de le soutenir ponctuellement afin de faire campagne contre Ségolène Royal avaient sans doute des raisons compréhensibles dans le contexte électoral. Parmi ces élus UDF, certains avaient opté pour le candidat UMP dès avant le premier tour. Ce fut notamment le cas de Gille de Robien et d'André Santini. Ceux-la ont clairement trahi leur parti et feraient mieux d'adhérer à l'UMP afin que les choses soient plus claires et cela rendrait leur action cohérente jusqu'au bout ... Mais sont-ils capables d'être cohérents ?

Le plus choquant dans tout ça est l'attitude des élus qui ont choisi de voter Nicolas Sarkozy au second tour et qui persistent maintenant dans ce soutien qui n'a plus rien de ponctuel. Des gens comme Hervé Morin, Maurice Leroy ou encore Pierre Albertini qui étaient des proches de François Bayrou ont même signé un texte intitulé "Pour un centre libre dans la majorité présidentielle" dans le Figaro du 8 mai 2007. Dans ce texte, ils voudraient que la mouvance centriste s'intègre à la majorité présidentielle c'est-à-dire à l'UMP. Ils s'appuient pour sur 3 arguments pour justifier leur prise de position :

  • L'incompatibilité du programme économique de Ségolène Royal : "économie, retraites, 35 heures, interventionnisme public débridé."

  • l'accord de principe de Nicolas Sarkozy à une dose de proportionnelle et la ratification des nominations aux grands emplois par les commissions parlementaires compétentes décidant à la majorité qualifiée,

  • Les propositions institutionnelles de Nicolas Sarkozy concernant l'Europe et sa position concernant la Turquie.

Cette prise de position de divers élus UDF ou apparentés est une véritable injure à l'intelligence, à la morale et aux électeurs de François Bayrou. Sur le plan économique, les programme de S. Royal et de N. Sarkozy bien que relativement différents nécessitaient à peu près le même montant de dépenses publiques et allaient donc contre toute logique de réduction du déficit public. La dose de proportionnelle envisagée par N. Sarkozy ne sert qu'à fourvoyer et à manipuler les élus de "petits partis" afin qu'ils deviennent des valets de l'UMP. Cela n'a rien à voir avec la refonte du système électoral voulue par l'UDF et par François Bayrou. En outre, N. Sarkozy semble plutôt vouloir un peu de proportionnelle pour les élections sénatoriales et non législatives...

Ce qui est surtout dommageable, c'est que la majorité de ce groupe de parlementaires se ment à elle-même et donc aux électeurs. Maurice Leroy, député du Loir-Et-Cher, déclarait le mars 2007 (source: site de l'UDF) : "Si on était dans le schéma Ségolène Royal-Nicolas Sarkozy, c'est . C'est le choix du vieux système. Moi je n'appelle à voter ni pour l'un ni pour l'autre". Il ne lui aura fallu que quelques semaines pour retourner sa veste. Quant à Hervé Morin, il s'en était souvent pris à Nicolas Sarkozy et également à ceux qui l'avait rallié depuis longtemps comme Gilles de Robien. Lors d'une interview accordée au journal 20 Minutes en août 2006, on lui avait demandé : "le divorce avec Gilles de Robien est-il consommé ?"  et il avait répondu : "Je n'ai pas vocation à être un coupeur de têtes. Mais à un moment, il faudra qu'il nous indique s'il soutient François Bayrou ou s'il veut faire le jeu de l'UMP. On ne peut pas être constamment le cul entre deux chaises." (source : 20 Minutes, éditions du 08/06/2006). Cela vaut également pour lui.

Ce ne sont que quelques exemples de ce gigantesque retournement de veste effectué conjointement par ces "élus du peuple". Ils n'hésitent pas à se trahir et nous avec au nom de petites tractations politiques. J'espère que leurs électeurs sauront leur faire regretter ces trahisons lors des prochaines élections. Touts ça semble donner raison au vieil adage : "qui se ressemble s'assemble". Et en matière de trahison politique, Nicolas Sarkozy n'est pas le premier venu. Le Mouvement Démocrate peut donc se passer de ces personnes, d'autres sont prêtes à les remplacer et à oeuvrer à un vrai parti centriste indépendant et ouvert.

Hervé Tisserand 

10 mai 2007

Ploutocratie

 48 heures. Il n'aura fallu attendre que 48 heures pour que N. Sarkozy affiche la façon dont il va diriger le pays et le système de gouvernance qui sera le sien. Celui de l'alliance du pouvoir ( kratos en grec) et de l'argent (ploutos) : la ploutocratie ou le pouvoir fait par ceux qui ont de l'argent pour ceux qui ont de l'argent... Contredisant ouvertement sa promesse électorale de «changer la façon de faire de la politique».

L'escapade de notre nouveau président à Malte pour 2 jours n'a en soit rien de scandaleuse. Il a largement mérité ses vacances après une campagne rude durant laquelle il n'a pas ménagé ses efforts. De même il n'y a rien de scandaleux à quitter la France pour prendre le large en Europe et prendre ainsi un maximum de recul. Enfin, il n' y a rien de scandaleux à prendre des vacances de luxe quand on en a les moyens et qu'on se les paye.

Mais voilà...Qui a payé ?

N. Sarkozy n'est pas encore président de la République : il aurait donc dû payé son voyage en jet privé « Falcon » entre Paris et Malte. De même le yacht sur lequel il se repose ne lui appartenant pas, car étant propriété d'une société de location de navire, il aurait dû en payer la location : entre 160 000 et 190 000 euros la semaine.

Nul doute que N. Sarkozy a des revenus importants et donc les moyens de s'offrir de jolies vacances, mais il n'a jamais fait parti du club des milliardaires français. Or ces vacances en sont dignes. Et ses anciennes et nouvelles fonctions doivent l'obliger à dévoiler si c'est lui qui a financé son séjour ou quelqu'un d'autre. Et qui serait ce quelqu'un d'autre et pourquoi aurait-il fait cela ?

La société qui loue ces yachts appartiendrait au groupe Bolloré. Vincent Bolloré est une des plus grosses fortunes de France (la 13ème ) et est présenté comme un ami de N. Sarkozy. Ce dernier a reconnu que V. Bolloré l'avait invité à maintes reprises depuis 20 ans mais qu'il avait « toujours refusé ». Alors question, pourquoi accepter maintenant ?

Cette question n'est pas fortuite. Car s'il y a eu service, il est fort logique de penser qu'il y aura un jour compensation, engrenage logique de toute collusion néfaste. Et si le groupe Bolloré crie haut et fort n'avoir jamais eu aucun contrat avec l'Etat, il est comme toute société redevable devant cet Etat de la bonne gestion de ses finances, du paiement d'impôts et susceptible de contrôles de la part du Trésor Public.

Vouloir être « l'ami » bienveillant de celui qui peut inciter ou au contraire freiner ces contrôles n'est pas sans arrière pensée. C'est en tout cas une terrible claque pour tous ceux qui avaient voté pour un candidat qui voulait lutter « contre le copinage » pour aider ceux qui « n'ont pas de carnets d'adresse».

Dans une démocratie, les différents pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) doivent être indépendants. Pour conserver cette indépendance il ne doit y avoir de collusion ni entre eux ni avec quel qu'autre forme de pouvoir que ce soit (financier, militaire, industriel, médiatique...). Au risque sinon de perdre leur partialité, leur crédibilité et leur légitimité.

Comme l'a montré la dernière législature avec l'affaire Clearstream entre autre, et la campagne électorale avec sa couverture médiatique très orientée, notre régime actuel est d'une très grande porosité quant à la séparation des pouvoirs et à la limitation de leur champ de compétence. Une transformation radicale est indispensable. C'est l'un des leitmotiv du Mouvement Démocrate. Car il en va de la crédibilité, de la légitimité et de la survie de notre démocratie toute entière.

Ce n'est malheureusement pas la priorité du nouveau président qui a marqué sa volonté de ne rien changer à l'actuelle constitution et donc de perpétuer les mêmes moeurs politiques.

A regarder le « Paloma » et les côtes maltaises, on comprend pourquoi.


Alexandre Joly.

05 mai 2007

L'heure du choix

Dans la note précédente, j'exprimais le peu de cas que je fais du vote nul, blanc ou de l'abstention dans le cadre d'un second tour électoral. Soulignant que la responsabilité de chacun était de s'engager, même à son corps défendant pour un projet de France ou un autre. Je n'avançais néanmoins aucune opinion quant à ce que serait mon choix.

Celui-ci je l'ai effectué sur la capacité de chacun des deux candidats à mettre en oeuvre une politique qui s'évertuera à résoudre les grands problèmes qu'affronte notre société, sinon à ne pas les aggraver. Pour cela je me suis appuyé tant sur les projets annoncés de chacun que sur leur passé et leur environnement politique.

Quels sont les problèmes de la France que François Bayrou avait si bien su mettre en évidence : principalement un déficit démocratique criant duquel découle une déligitimation du pouvoir, une méfiance à l'encontre de toute forme d'autorité et une crise sociétale sans précédent.

Les émeutes de l'automne 2005, comme les affrontements entre pompiers et policiers que j'ai déjà évoqué ou encore les échauffourées devant cette école de Paris ne sont que les faces cachées d'un iceberg qui menace la société française. Or l'histoire récente de la France montre la capacité de notre peuple à se révolter et faire couler son propre sang (1789, 1830, 1848, 1870 / 71 et plus récemment dans les annèes 1950 en Algérie) quand un pouvoir s'aveugle et se refuse à discuter.

Or pour éviter de tels engrenages, il est impératif de modifier la façon de gouverner, les outils de gouvernance et de choisir l'homme ou la femme en mesure de réaliser ses changements et de pacifier les tensions sociales . La crise ubuesque du CPE, durant laquelle le gouvernement a fait voté en force par le parlement à coup de 49-3 une loi avant de se rétracter en ne l'estimant plus si bonne, pour se finir par une intervention du président de la République, pourtant garant de la bonne application des lois, ordonnant de ne pas appliquer la dite loi est exemplaire de la crise constitutionnelle, politique et morale que nous vivons.

Des deux candidats, force est de contacter que l'un a été un acteur majeur de cette crise : N. Sarkozy.

La France a besoin pour réparer cette crise d'un parlement représentatif (donc en partie élu à la poportionnelle, comprenant une représentation des Français de l'étranger...) d'un Conseil constitutionnel qui puisse s'auto-saisir et refouler des lois anticonstitutionnelles, d'un président responsable de ses actes, d'une justice qui ne soit plus à la botte du politique.

Des deux candidats, l'un ne veut rien changer ou presque et l'a dit : N. Sarkozy a seulement envisagé comme réforme institutionnelle de limiter à 2 mandats le poste de Président promettant juste de diriger autrement.
L'autre, S. Royal, a inscrit dans son programme des réformes institutionnelles claires au travers d'une 6ème République annoncée (renforcement du pouvoir du parlement; abandon du 49-3; fin de la direction du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Président de la République, utilisation de la proportionelle, représentation des Français de l'étranger...).

Ces projets de réforme font à mon sens la différence. Mais les promesses sont une chose, la crédibilité de l'un et de l'autre à les mettre en oeuvre en est une autre.

Quand N. Sarkozy promet dans sa profession de foi une « une démocratie irréprochable, au service de la France et des Français, transparente dans l'exercice du pouvoir, impartiale dans les nominations », des faits récents et des promesses faites le contredisent gravement.

L'impartialité est tout d'abord contradictoire avec toute forme de discrimination positive comme il l'a promis. Le communautarisme qu'il prône l'est aussi. Comment parler d'impartialité quand il promet aux descendants de Harkis qu'ils bénéficieront de la discrimination positive, sous-entendant même que l'un d'entre eux dirigerait un musée ?

Comment parler de nomination impartiale quand N. Sarkozy négocie avec J. Chirac la nomination du juge Courroye, un ami personnel, à la tête du tribunal de Nanterre en janvier 2007. Tribunal qui a en charge les affaires des Hauts-de-Seine, fief de N. Sarkozy et celles des emplois fictifs de la mairie de Paris et donc les enquêtes passées et actuelles sur J. Chirac ? Juge Courroye, pourtant jugé corriace, qui fit preuve d'une grande mansuétude envers le couple présidentiel dans l'affaire de leurs « frais de bouche » lors de leur passage à la mairie de Paris. Cette nomination suit celle de Laurent Le Mesle, ancien conseiller « justice » de J.Chirac, et directeur de cabinet de P. Clément (soutien de N. Sarkozy) à l'époque de sa nomination, comme Procureur Général à Paris.

A l'opposé, le Parti Socialiste avec ses primaires a démontré une réelle avancée démocratique , et S. Royal durant sa campagne avec sa proposition de jurys-citoyens a démontré son sens de l'écoute.
De même en annonçant la tenue d'un nouveau référendum sur l'Europe elle a démontré l'intérêt qu'elle porte aux choix des Français, contrairement à N, Sarkozy qui a annocé que tout nouveau traité serait ratifié par le parlement et non par un référendum. Faisant fis du premier choix des Français. Cela ne les réconciliera ni avec la politique ni avec l'Europe.

Je ne pense pas que la crise que vit la société française soit juste une crise économique, et le programme très mauvais en la matière de l'un et de l'autre n'aura aucune conséquence sur le rapport qu'ont les Français avec l'Etat et entre eux. Pas plus que la politique écologique. C'est pourquoi ils ne rentrent pas en ligne de compte dans mon choix final.

En revanche la tendance Atlantiste avouée de N. Sarkozy, son acceptation tacite d'un choc des civilisations par sa fixation infondée sur la Turquie et une conception communautariste de sa politique étrangère qui sert à renforcer son pouvoir intérieur, si elles sont là aussi sans grande conséquence sur la crise française, elles m'incitent à me rapprocher de S. Royal, plus gaulliste et respectuseuse de la tradition diplomatique française.

C'est donc au nom d'un certaine conception de la démocratie et de son exercice que je voterai pour Ségolène Royal.

Alexandre Joly.

01 mai 2007

SARKOZY, MAI 68 ET LES NEO-CONSERVATEURS

Lors de son show à Bercy, dimanche 29 avril, N. Sarkozy a pendant près de 20 minutes fait de nouveau le procès de Mai 1968 :  « Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 68 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. ». Il inscrit ainsi son discours dans la droite ligne des thèses des néo-conservateurs américains, et de celui qui est leur maître à penser, le philosophe allemand Leo Strauss pour qui l'Occident décline, et ce déclin serait à chercher dans un abandon de ses valeurs morales.

Ce n'est pas chez N. Sarkozy une nouveauté, c'est même une récurrence lorsqu'il s'adresse à des jeunes. On se souvient ainsi de son meeting le 18 mars 2007 au Zénith de Paris intitulé Grand Meeting des Jeunes lors duquel il affirma que : « Le drame de la jeunesse française depuis quarante ans, le vôtre par conséquent mais aussi celui de vos aînés et celui de ma génération, c’est qu’au lieu de lui apprendre à aimer on le lui a désappris. Entre la glorification de l’instinct et la montée de l’utilitarisme, on a étouffé cette alliance du sentiment et de la raison qui était l’essence même de la civilisation et de la culture. ».

Il présentait donc déjà Mai 1968 comme l'origine de tous nos maux actuels car :  « Depuis des décennies nous n’apprenons pas à aimer nous apprenons à détester. La mode est à la détestation de soi, à la détestation de la famille, de la nation, de la société, de la culture, de la civilisation, à la détestation de l’Occident, de la religion, de la morale, de l’intelligence, à la détestation du devoir, du travail, de l’excellence, de la réussite … ». Il est fort dommage qu'en mars personne, faute de débat, ne lui posa la question de savoir sur quels analyses il s'appuyait pour émettre un tel constat et faire de telles déclarations. Car si les auteurs de la dénonciation de l'auto-dénigrement sont facilement identifiables, j'attends qu'on nous présente les hérauts de l'auto-dénigrement. Qu'on nous dise enfin, qui en France ferait l'apologie du déclin, de la repentance... Quelle école de pensée ? Quels intellectuels ? Quels livres ? Pour quelle audience ?

Pour en revenir à Mai 1968, prétendre qu'un événement qui a eu lieu il y a plus de 40 ans, dont les retombées politiques furent assez faibles (rappelons qu'aux Législatives de juin 1968 l'UDR du président a obtenu plus de 60% des voix) serait à l'origine d'un soit disant déclin moral et le coeur de notre crise actuelle tient plus de l'imposture intellectuelle et du charlatanisme historique que de la reflexion politique.

Mais dans sa quête pertpétuelle du bouc émissaire, N.Sarkozy a besoin de cibles pour galvaniser ses troupes. Or, dans une phase de second tour où il faut rassembler, trouver une tête de Turc qui ne vote pas, c'est un exercice assez difficile. Ainsi la critique d'un événement historique que notre société de communication a largement emplifié, sur lequel nombres de critiques ont déjà été formulées et auquel on peut identifier son adversaire est une stratégie sommes toutes logique même si intellectuellement nulle.

On ne fera pas ici une analyse de Mai 68 et de ses conséquences car c'est un exercice périlleux d'histoire contemporaine qui demande une connaissance approfondie des évolutions de la société française dans la seconde partie du XXème siècle. Connaissances que N. Sarkozy n'a sans nulle doute absolument pas. Car Mai 68 s'inscrit dans un processus long de mutation de la société française et du monde en général et n'est en soit qu'un épiphénomène. En faire ainsi la cause des violences dans les banlieues, du chômage ou de la faible productivité en France est complètement absurde.

Mais on peut en revanche replacer le discours de N. Sarkozy dans une lignée idéologique: celles d'universitaires américains comme Léo Strauss donc, mais aussi son élève Allan Bloom (auteur en 1987 de L'Ame désarmée) ou aussi Saul Bellow (auteur lui en 2002 de Ravelstein). En matière de politique étrangère on peut leur rattacher S. Huttington et son Choc des civilisations.

Ceux-ci discourent contre le relativisme culturel et moral depuis les annèes 60. Ce relativisme culturel qui aurait abouti au politiquement correcte et dont les hommes qui le combattent sont la branche « intellectuelle » du néo-conservatisme américain, et dont messieurs P.Wolfowitz, J. Ashcroft ou R. Pearl sont les tenant politiques. Ils dénoncent l'abandon des valeurs qui selon eux forgèrent les cultures occidentales : le travail, a famille, la nation (j'ai failli dire patrie)...

Jean-François Revel, auteur de Ni Marx ni Jésus, publié en 1970, et qui a entre autre analysé toute sa vie les évolutions de la pensée américaine relevait dans les écrits de A. Bloom une dénonciation « du mépris de la société occidentale par elle-même » et qui est d'une « extrême sévérité pour la culture occidentale, se refusant à la reconnaître supérieure en aucun point. ».

En France, chez les intellectuels, P. Bruckner en 1983 dans Les sanglots de l'homme blanc reprenait ses thèses, puis R. Redeker ou Glucksmann. Mais ce n'est que récemment que celles-ci apparurent dans le discours politique dans les propos de N. Sarkozy avec une formidable similitude.

Le discours, excessivement violent et agressif de N. Sarkozy de dimanche soir à Bercy, durant lequel il a accusé la Gauche française d'être la complice des criminels,  « cette gauche qui trouve toujours des excuses aux voyous », cette Gauche héritiaire de 1968 qui aurait « cherché à faire croire que la victime comptait moins que le délinquant. » n'est pas sans rappeler les propos d'A. Bloom qui pestait contre « la culture de la drogue, culture rock, culture des gangs de la rue et ainsi de suite sans la moindre descrimination. ».

Quand Eric Besson, avant de le rallier, dénonçait en N. Sarkozy, un « bushiste, néo-conservateur à passeport français » il avait raison sur les trois points.
N. Sarkozy est bien français.
Comme on vient de le voir, ses valeurs puisent en grande partie dans la dialectique néo-conservatrice américaine.
Il a enfin pris de Bush la démarche, le style et surtout la stratégie de campagne : il a su comme lui allier le néo-conservatisme américain à une frange traditionnaliste religieuse.

Il y a 8 ans les Français raillaient les Etats-Unis, leur conservatisme, et ce président falloche qui allait les représenter.
Il aura fallu attendre 6 ans, et la victoire du Parti Démocrate dans les 2 chambres pour que les Américains retrouvent la raison et mettent fin à ce mirage d'incompètence dangereuse.

Aura-t-il fallu 7 ans aux Français pour perdre leur raison et se convertir ?

Alexandre Joly.