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12 avril 2007

Votons utile, votons Bayrou !

Cela fait des semaines qu'on entend dire ici et là qu'il faut voter utile c'est à dire pour les représentants de l'UMP et du PS. Pour renforcer ce discours, on n'hésite pas à faire peur aux électeurs en leur rappelant le 21 avril 2002 et la place de "finaliste" donnée à J.M. Le Pen. De fait, on entend régulièrement les hiérarques de gauche comme de droite affirmer que leur candidat est celui qui propose un vrai programme de gouvernement et qu'avec le soutien d'un grand parti il sera capable de le mettre en oeuvre. Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre tout de même !

Intéressons nous d'abord au cas Sarkozy. Ce dernier change régulièrement d'avis. Il ne cherche qu'à plaire autant que possible à l'électorat en faisant des promesses dont on sait bien qu'elles ne pourront pas être tenues. De plus, ses propositions et ses idées varient au gré de son humeur et de la manière dont elles sont comprises par l'opinion. Ainsi, concernant la politique fiscale qu'il souhaite mettre en place, un jour il veut fortement baisser l'impôt de 4 points puis il devient beaucoup plus prudent le lendemain au point de s'en sortir par une pirouette : "Je n'augmenterai pas les impôts, mais au contraire ferai tout pour les baisser." Cela est beaucoup moins clair et ... engageant. Dans ses discours, il nous a rabâché qu'il avait changé au point de citer Léon Blum et Jean Jaurès. Mais comme il a besoin des électeurs du Front National, il a droitisé son discours jusqu'à tenir des propos plus que discutables sur le suicide et la pédophilie.
La manière dont N. Sarkozy fait de la politique ressemble plus à de la technique de markéting. Il faut créer l'événement et occuper le terrain. Et même si le produit est mauvais, l'important est que l'emballage soit attrayant afin d'attirer le plus grand nombre. A-t-il tord de considérer les électeurs comme des consommateurs, j'espère que oui. Mais on ne peut pas nier que cette manière de faire rencontre un certains succès jusqu'à présent.

Passons au cas Royal. Un des points communs avec N. Sarkozy est le manque de cohérence de ses propositions ou plutôt de ses promesses. Je ne reviendrai pas ici sur ce qu'elle a dit en matière de politique étrangère. Je voudrais parler de ce qu'elle a déclarer vouloir faire en priorité si elle était élue. Elle avait d'abord déclaré que la première loi qu'elle ferait voter serait une loi concernant les femmes battues. On lui alors fait remarquer qu'une loi datant de 2004 et renforcée par la suite existait déjà. Après ça, elle a dit que sa première action en tant que présidente concernera le chômage des jeunes avec son idée de « Contrat première chance ». On voit donc qu'elle reprend la même technique marketing que N. Sarkozy en essayant de faire des appels du pied aux « électeurs-clients ».
Elle a aussi montré sa limite à tenir ses engagements. Ainsi avait-elle déclaré faire une campagne électorale d'un nouveau genre en s'abstenant de faire des attaques personnelles contre ses adversaires. Et puis il y a eu cette histoire de l'ISF où elle s'en est prise à plusieurs candidats dont François Bayrou. Enfin, elle n'en finit plus de se livrer à une petite guéguerre de noms d'oiseau avec N. Sarkozy. Et ce n'est pas son capacité à rassembler ne serait-ce que son parti qui renforce sa stature de femme d'état.

Ce qui est le plus édifiant dans tout ça est que ces deux candidats ou leurs sbires osent dire que le projet de François Bayrou est flou. En outre, ils pensent que ce dernier n'aurait aucune chance de mener à bien sa politique s'il était élu car il n'aurait pas de majorité parlementaire. Ils font fi des exemples allemand, italien et même américain qui prouvent qu'un premier ministre ou un président peut gouverner sans son parti majoritaire. De plus, ils oublient qu'eux-mêmes ne sont en rien assurer d'assurés d'avoir une telle majorité à l'Assemblée. Rappelons que nous avons déjà vécu 3 cohabitations en 20 ans ! A cela s'ajoute le fait que d'avoir une majorité à l'Assemblée mais aussi au Sénat n'est en rien un gage d'efficacité si on juge la politique menée par l'UMP.

Alors, électeurs de gauche et de droite, vous pouvez voter pour François Bayrou qui présente un projet cohérent et qui évite les mesquineries politiciennes de ses deux adversaires.

Hervé Tisserand

24 mars 2007

De la France dans le monde ?

Voilà un sujet très peu abordé jusqu'à maintenant. En dehors des candidats vraiment anti-européens (Le Pen, Laguiller et consorts) dont la logique est de ne parler de l'Europe que pour la vilipender, il est regrettable que la place de la France dans l'Europe et, plus largement, dans la communauté internationale ne fasse pas vraiment partie des débats de la campagne. Cela permettrait d'en savoir plus sur ce que la France représente pour chacun des candidats et quel est leur regard sur la situation internationale.

Seul François Bayrou a vraiment exposé sa vision de l'Europe et des relations internationales. Certes, ce serait bien qu'il développe un peu plus son idée mais il a eu le mérite de dire par exemple que les problèmes d'immigration doivent être résolus à l'échelle européenne et que l'Union Européenne a un rôle important à jouer au Proche-Orient et plus largement dans la zone méditerranéenne. Il a également affirmé que toute intervention de la France se fasse dans le cadre de l'ONU et qu'aucune dictature ne peut-être soutenue en raison de nos intérêts nationaux et ce même à court terme. Au niveau de la défense européenne, il propose "la mise en synergie de capacités militaires nationales, à qui on permet de manœuvrer ensemble, d'interagir ensemble, d'échanger des renseignements. Perspective beaucoup plus réaliste et rapide, que celle qui voudrait renoncer au caractère national des armées." (pour en savoir plus, je vous invite à lire son discours du 22 juin 2006 sur la place de la France).

Ce sont là des propositions réalistes et concrètes au contraire de celles du candidat UMP qui veut maintenir le budget de la défense à son niveau actuel tout en développant de nouvelles armes (notamment un système antimissile) et augmenté le budget de la défense à l'échelle européenne ce qui est quelque peu contradictoire. Quant à Ségolène Royal, elle fait aussi preuve d'un manque total de pragmatisme. Ainsi, elle voudrait réformer le FMI et la Banque Mondiale et instaurer une taxe sur les flux financiers. Comment ? Pas de réponse à cette question mais elle semble croire que la France seule pourrait faire ça. A propos de la coopération militaire européenne, la proposition 94 de son pacte affirme vouloir "inscrire notre effort de défense dans une politique européenne de sécurité avec des coopérations en matière de recherche / innovation et d’équipements. L’objectif est à la fois de renforcer notre sécurité et de rationaliser nos dépenses." Du nouveau matériel mais on ne parle pas de personnels pour l'utiliser ! Et Lorsqu'elle a déclaré : "Je n’engagerai pas la construction d’un deuxième porte-avions car je considère que cet équipement doit  (…) devenir un chantier européen." Elle pensait au Royaume-Unis dont la politique étrangère est souvent plus proche de celle des Etats-unis que de celle des pays fondateurs de l'Union Européenne ! (cf. 3éme débat télévisé 7 novembre La Chaîne Parlementaire). Et je n'ose même pas demander à madame Royal qui déciderait des missions de ce porte-avion.

Il est quand même inquiétant de voir ces deux candidats à la fonction de président(e) de la République ne pas s'étendre beaucoup sur la place de la France dans le monde et de n'en rester qu'aux généralités (lisez les propositions de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal sur leurs sites respectifs et vous serez étonnés de leur manque de consistance ). Et lorsqu'ils font quelques propositions, ces dernières manquent totalement de cohérences et ne servent qu'à caresser leur électorat dans le sens du poil !

Les candidats UMP et PS n'ayant guère d'idée en matière de politique étrangère, ils en sont réduits à ne parler que de l'identité nationale pour exprimer ce que représente notre pays mais en la déconnectant du thème de la place de la France dans le monde. Nous avons eu droit à Nicolas Sarkozy souhaitant créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale comme si cela pouvait redonner aux gens une idée de la France. Et maintenant, c'est Ségolène Royal qui fait chanter La Marseillaise lors de son dernier meeting à Marseille jeudi 22 mars pour montrer que les socialistes sont aussi des Français ! Le plus cocasse est que, selon Le Monde, elle a appelé l'auditoire à chanter l'hymne national avec elle ("C'est le chant que je vous propose ici à Marseille de chanter tous ensemble pour ne jamais oublier que le message universel de la France à travers le monde est plus que jamais d'actualité: la liberté, l'égalité, la fraternité") alors qu'elle -même ne l'a pas chanté ! Ainsi le journaliste du Monde, a-t-il remarqué que "Pendant le premier couplet et le refrain, la première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée est restée au milieu de la scène, immobile derrière son pupitre, sans chanter."

Il est quelque peu pitoyable de voir à quel point et comment les candidats UMP et PS vont à la pêche aux voix. En effet, seul cet l'opportunisme électoral et non des convictions politiques profondes les animent. Tout cela ne montre qu'une conception étroite, passéiste, démagogique et rétrograde des problèmes de la France. C'est comme si la France ainsi que ces deux partis étaient seuls au monde et seuls à pouvoir régler les problèmes, le paradoxe étant qu'ils n'y croient même pas eux-mêmes ! Il n'y a pas de limite à l'absurdité de certains.

Hervé Tisserand.

11 mars 2007

François Bayrou monte tandis que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ne savent plus quoi inventer !

Dans un sondage Ifop dans le Journal du Dimanche effectué les 8 et 9 mars, François Bayrou se hisse à la hauteur de Ségolène Royal avec 23% des intentions de vote. Certes, Nicolas Sarkozy est toujours en tête avec 28% des intentions de vote mais sa cote stagne voire s'effrite au regard des précédents sondages. Cela semble d'ailleurs profiter un peu à Jean-Marie Le Pen qui progresse un peu. Quant à Ségolène Royal, sa cote s'effrite de sondage en sondage. Les sondages se sont rarement montrés très fiable ces dernières années mais on peut toutefois dire que l'ensemble des sondages montrent la même chose à savoir une vraie montée en puissance de François Bayrou.
Il sera intéressant d'observer l'évolution de la popularité des différents candidats dans les jours qui viennent et notamment  suite aux dernières déclarations de Nicolas Sarkozy concernant la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale s'il est élu.

Il faut d'ailleurs noter qu'il mélange un peu tout l'ami Nicolas ; un président n'est pas un premier ministre lequel est en charge de la formation d'un gouvernement. Imaginons que Nicolas Sarkozy est élu président mais que les élections législatives donnent une majorité UDF ou socialiste au parlement, il devra alors choisir un premier ministre issu de cette majorité et auquel il ne pourra pas imposer un tel ministère. Cette proposition déjà outrancière en elle-même n'est donc qu'un vrai appel du pied aux électeurs du Front National ! Et comme l'a dit François Bayrou, ce serait bien que Simone Veil nous donne son avis à ce sujet ...

Quant à Ségolène Royal, elle continue à faire des promesses et des propositions vagues selon les personnes qu'elle a en face d'elle. Pour les promesses, ce fut les cas lorsqu'elle a rencontré des Français résidant en Allemagne (voir l'article d'Alexandre pour plus de détails : S.Royal aux Français de l'étranger). Pour les propositions vagues, il faut citer ses propos lors de sa visite du salon de l'agriculture le 10 mars : ainsi, concernant les négociations de l'OMC, elle souhaite "faire en sorte que la France obtienne impérativement de ne plus faire de concessions pour protéger son agriculture". Comment, nul ne le sait. Elle a ensuite ajouté à propos de la réforme de la PAC: "Je sens que les agriculteurs sont inquiets, ils ont peur du changement des règles. C'est dès maintenant que nous devons préparer avec eux cette réforme de la PAC". On a connu plus précis comme commentaire sur un sujet important. Comme à son habitude, elle se contente de phrases creuses et qui n'engage vraiment à rien.

Par contre, quand François Bayrou leur propose de débattre (voir l'article du Figaro à ce sujet), il n'y a pas beaucoup de volontaire. Personne pour relever le gant à ce jour ...

 Hervé Tisserand

09 mars 2007

Faisons face avec François Bayrou !

Suite au derniers sondages confirmant  que François Bayrou est  plus que jamais  en passe d'accéder au second tour, il  sait qu'il va devenir une cible si ce n'est la cible de toutes les attaques. En effet, les états-majors UMP et PS se sont déjà mis en action contre le candidat centriste. Mais face à ces intimidations et aux futurs coups bas, François Bayrou est prêt  comme vous pouvez l'entendre dans une vidéo en ligne du journal Le Monde (voir le lien ci-dessous). A nous de le soutenir et de continuer à promouvoir ses idées qui sont aussi les nôtres ! 
 
Hervé Tisserand 

07 mars 2007

Tout comme la France, le Japon a du mal à appréhender son histoire

Au Japon, le problème se pose en des termes différents mais les débats engendrés ont la même porté que ceux qui agitent la France. Ici, il n'est pas vraiment question de repentance nationale ou de "lois mémorielles". La question centrale est celle de la responsabilité du Japon pendant la deuxième guerre mondial du comportement de ses troupes dans les pays qu'il a occupé et par conséquence de ses relations avec ses voisins.

Le 1er mars 2007, Shinzo Abe, premier ministre du Japon, a déclaré que, selon lui, "il n'y a pas de preuves de prostitution forcée" de dizaines de milliers de femmes dans les pays occupés par les troupes japonaises pendant la guerre. Suite à cette déclaration, la Corée du Sud a réagi immédiatement par la voix de son ministre des affaires étrangères, Song Min-soon, qui a notamment déclaré que ce type de propos n'était "pas utiles" et qu'il fallait reconnaître la vérité. Des organisations philippines ont également dénoncé les propos du premier ministre japonais. Une victime de cet "esclavagisme sexuel", Hilaria Bustamante, une Philippine de 81 ans abusée sexuellement pendant un an à l'âge de 16 ans dans une garnison japonaise en 1942. a déclaré : "ce qu'il (Abe) a dit me met en colère. Ils (les dirigeants japonais) pensent que nous sommes juste du papier toilette que l'on peut jeter après utilisation." Suite à ces différentes réactions négatives, Shinzo Abe a chercher à minimiser ses propos en déclarant qu'il s'en tenait toujours à la déclaration de Yohei Kono, porte-parole du gouverment de l'époque, en 1993 qui s'était excusé au nom du Japon pour la prostitution forcée et pour l'implication du gouvernement militaire dans certains cas. Il est à noter que le premier ministre n'a pas repris les mots de cette déclaration mais y a seulement fait référence. Il a également dit qu'il y avait plusieurs définitions du mot "forcé". Depuis la déclaration Kono, Le Japon a mis en place un fond d'indemnisation des victimes de cette prostitution forcée (en 1995) mais ce fond est financé par des dons privés et non par l'Etat. Pour les victimes, cela signifie que le Japon ne reconnaît pas encore vraiment ce crime d'autant plus que la diète japonaise n'a jamais officiellement approuvé cette déclaration. Pourtant, nombre d'historiens ont mis en relief la prostitution forcée et à grande échelle de femmes asiatiques dans les régions occupées par l'armée impériale. Ils estiment qu'environ 200 000 femmes en ont été victimes. Ceci a été corroboré par de nombreux témoignages de victimes, de témoins mais aussi d'anciens soldats japonais (voir cet article du Japan Times pour plus de détails).
Depuis sa nomination au poste de premier ministre, monsieur Abe avait pourtant cherché à resserrer les liens diplomatiques avec les pays voisins et notamment en évitant de provoquer ces derniers par des déclarations ou des actes ambigus à la différence de son prédécesseur, Junichiro Koizumi.

Comment expliquer de telles déclarations ? Il y a plusieurs explications plausibles à celles-ci.
La première est que le fond d'indemnisation des victimes sera démantelé le 31 mars 2007 après 12 ans d'existence. Seulement 360 femmes auront bénéficié de compensations financières (voir l'article en anglais du Japan Times à ce propos).
En outre, des élections se profilent et la cote de monsieur Abe est au plus bas. Il cherche sans doute à s'attirer les voix du camps le plus conservateur de l'opinion publique japonaise.
Mais au delà de cet opportunisme électoral, il faut rappeler que monsieur Abe est le petit-fils d'un ancien Ministre du Commerce et de l'Industrie du gouvernement militaire, Nobusuke Kishi qui fut arrêté comme possible criminel de guerre avant d'être relâché sans jugement par les Américains. Il fut ensuite premier ministre du Japon, respectivement du 25 février 1957 au 12 juin 1958 et du 12 juin 1958 au 19 juillet 1960. On peut donc penser qu'il y a une part d'éducation familiale dans la posture adoptée par Shinzo Abe. Il faut ajouter que monsieur Abe a longtemps été proche d'un groupe de 130 députés du PLD (parti conservateur dominant) dirigé par Nariaki Nakayama et qui s'est arrangé pour ôter toute référence à la prostitution forcée dans la plupart des manuels d'histoires des collèges. En effet, Nariaki Nakayama fut ministre de l'éducation de septembre 2005 à octobre 2006 ! Shinzo Abe, tout comme Nariaki Nakayama, a aussi appelé à l'annulation de la déclaration de Kono (1993) avant d'occuper des postes officiels notamment dans le gouvernement de Junichiro Koizumi.
Mais ce qui me paraît important, c'est qu'au-delà de la personnalité du premier ministre japonais, beaucoup de Japonais partagent cette vision de l'histoire soit par méconnaissance historique soit consciemment. Il n'y a pas eu la même pression morale sur le Japon que celle qu'à connu l'Allemagne. De plus, le fait que ce pays fut le seul à être victime de l'arme atomique a fait que les Japonais se sentent souvent plus victimes que responsables des événements. Il ne faut toutefois pas trop noircir le tableau et voir que la société japonaise a évolué et continue à le faire. Cependant, l'enseignement de l'histoire reste un grand chantier et on peut rappeler que la France a eu (et a encore) beaucoup de mal à accepter ce que furent réellement Vichy ou la guerre d'Algérie. Le fait que le congrès américain puisse voter une résolution voulant obliger le Japon à s'excuser pour avoir instaurer un système de prostitution forcée pendant la guerre ne va peut-être pas aider le travail de mémoire des Japonais. Au lieu d'une ingérence politique, il vaudrait mieux que des historiens étrangers fassent des recherches et publient leurs travaux dans le pays concerné à l'image de ce que Robert Paxton a fait sur Vichy.
 
Hervé Tisserand

28 février 2007

France-Japon : Accord de Sécurité Sociale

Après deux ans d'attente, l'accord entre la France et le Japon relatif à la sécurité sociale a enfin été voté par l'Assemblée Nationale le 15 février et par le Sénat le 22. Il devrait entrer en vigueur sous 3 mois.

Entamées en septembre 2002, les négociations avaient abouti à un accord entre les deux pays le 25 février 2005. Mais depuis, le projet de loi était en attente d'arrangements sur les formulaires administratifs (conclu en mars 2005 puis novembre 2006) et d'une modification sur le volet des cotisations des «détachés» adoptée en janvier 2007.

Comme l'a écrit Philippe Douste-Blazy dans son exposé des motifs, cette loi était attendue tant par les ressortissants des deux pays qui souhaitaient voir se renforcer leur couverture sociale que par les entreprises de chaque pays. Pour les pouvoirs publics français, l'intérêt avoué étant d'améliorer « l’attractivité du territoire français aux investissements japonais».

Cet accord (dont vous pouvez en lire l'intégralité sur le site de l'Assemblée Nationale) traite principalement de deux thèmes majeurs : la couverture médicale et l'assurance vieillesse (retraite).
Pour la couverture médicale : il est rappelé que «toutes les personnes qui résident habituellement sur le territoire français ou japonais, bénéficient de l’égalité de traitement avec les nationaux». A condition qu'elles côtisent à l'un des régimes en vigueur dans le pays. Les cotisations effectuées dans un pays sont prises en considération lors d'une inscription dans l'autre Etat.

Une grande partie de la loi est relative aux travailleurs salariés détachés par leur employeur dans l’autre Etat : Ceux-ci restent uniquement soumis à la législation de l'Etat d'envoi pour une durée qui ne doit pas excéder cinq ans (article 6, paragraphe 1). Des mesures dérogatives ont été prises néanmoins pour les travailleurs salariés déjà détachés dans un Etat tiers (paragraphe 2) ainsi que pour ceux qui bénéficient de plusieurs détachements successifs (paragraphe 3).
A noter que l'affiliation obligatoire au régime japonais ne s'applique pas au conjoint ou aux enfants de nationalité française du détaché français au Japon.

Le chapitre sur l' assurance vieillesse :
Il était le pplus attendu car porteur d'une véritable avancée dans les droits des assurés sociaux. Il est tout d'abord prévu une levée «des clauses de résidence dans l'Etat débiteur s'agissant de l'obtention ou du versement des pensions, rentes ou versement unique (sauf en cas de résidence dans un Etat tiers).» pour ceux voulant bénéficer des prestations du pays autre.

Mais surtout il y a une «prise en compte des périodes d’assurance accomplies sous la législation d’un Etat pour l'ouverture ou le maintien du droit aux prestations dans l’autre Etat, dans la mesure où ces périodes ne se superposent pas (paragraphe 1). Cette disposition vaut également pour les régimes spéciaux qui entrent dans le champ d'application matériel de l'accord». Autrement dit les cotisations effectuées dans un pays sont prises en compte dans l'autre au moment du calcul du versement de la retraite.

Pour les Français résidant au Japon, cela n'est valable qu'à condition d'être affilié à l'un des deux régimes suivants :
- les régimes de pensions des salariés
- le régime de la Pension nationale
L'accord est alors «applicable aux personnes affiliées aux régimes des pensions des salariés
ouverts sous un seul des régimes de pensions des salariés désigné conformément à la législation japonaise

Cela permet aux Français arrivés tardivement au Japon de bénéficier des cotisations effectuées en France. En effet si dans l'hexagone, le calcul des prestations est effectué à partir du troisième mois de cotisation, au Japon il ne se fait qu'après... 25 ans. Cela était donc pénalisant pour tous les Français qui s'installaient au-delà de leur 35 ème année car repoussant leur âge de départ à la retraite. Les points accumulés en France étaient aussi et surtout passés à la trappe.

Enfin, dans le paragraphe 2, il est stipulé que seront prises en compte les périodes d'assurance accomplies et les événements survenus antérieurement à l'entrée en vigueur de l'accord
«2. Les périodes d’assurances accomplies sous la législation de l’un des Etats contractants avant l’entrée en vigueur du présent accord sont prises en compte pour la détermination du droit aux prestations reconnues en vertu de celui-ci. »
La loi affirme ainsi son aspect rétroactif, ce qui permettra aux Français qui ont cotisé en France avant 2007 de « récupérer » leurs points et de les convertir en années de cotisation au Japon le jour où ils voudront faire jouer leur droit à la retraite.

Cette loi est une réelle reconnaissance du rôle et du travail des Français vivant au Japon qui est d'autant plus agréable qu'elle intervient dans une période où ceux qui s'expatrient sont de plus en plus dénigrés dans les débats publics franco-français.

Alexandre Joly.

20 février 2007

Bayrou vainqueur au second tour

Les sondages ne seront jamais les élections, et les intentions de vote du mois de février ne sont pas les actions de vote du mois d'avril. Mais comment ne pas se réjouir devant les résultats du dernier sondage IFOP pour Fiducial et LCI qui donnent F. Bayrou victorieux au second tour quelque soit son adversaire ?

Dans le cas d'un duel Bayrou / Royal, il remporterait 54 % des voix.

Si le second tour est Bayrou / Sarkozy, il gagnerait aussi avec 52 % des voix.

Les Français auraient-ils ainsi pris conscience de l'incohérence et du manque de sérieux des deux principaux protagonistes que les médias leur servent depuis presqu'un an ? Nos concitoyens commenceraient-ils à saisir que seul le rassemblement de toutes les compétences permettra de sortir la France de la crise sociale, économique et morale dans laquelle elle est plongée ?

La tendance est réelle. F. Bayrou gagne en crédibilité quand ses deux autres concurrents en perdent en accumulant les promesses fallacieuses et démagogiques. Mais surtout son message semble de plus en plus être compris puisque selon ce sondage 83% des Français seraient « favorables à un gouvernement d'union nationale ».

Ceci dit, comme le rappelle Le Monde dans son édition du 19 février, avant le second tour il y en a un premier, et celui-ci reste encore éliminatoire pour F. Bayrou. Même si les chiffres ne cessent de monter, son score (16 %) reste encore loin derrière ceux de S. Royal (25,5 %) ou de N. Sarkozy (32 %).

Paradoxe qui doit amener les partisans de F. Bayrou à se mobiliser et à faire comprendre aux indécis que le vote utile au premier tour, c'est le vote Bayrou.