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16 février 2009

Réunion de la section Japon

Dimanche 15 février 2009 à 14 heures, la réunion mensuelle des adhérents du Modem résidant au Japon s’est tenue à Tokyo.

 

En introduction de cette réunion, Alexandre Joly, le président provisoire de la section, a présenté l’état d’avancement du processus d’adoption du Règlement Intérieur du MDFE Asie. L’avant-projet de celui-ci, rédigé par la section a été envoyé à tous les adhérents du Modem en Asie au mois de janvier. Il n’a pour l’instant rencontré qu’une objection : dans l’annexe la définition de la section de Pékin utilisait le terme de « Chines » au pluriel. Nous l’avons donc remplacé par « Chine, Taiwan » pour des raisons de clarté.

 

Nous vous rappelons à ce sujet, que les discussions sur le contenu du Ri sont encore ouvertes sur le forum du MDFE Asie.   

 

Deux sujets intéressant les Français de l’étranger résidant au Japon ont ensuite été abordés :

Le projet de loi du 18 décembre 2008 relatif au droit de vote des Français de l’Etranger lors des élections européennes de Juin 2009 et son adoption par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Sujet que nous avons déjà présenté sur ce site.

Puis, la controverse ADFE / UFE concernant une lettre du sénateur Del Picchia, représentant des Français de l’étranger et membre de l'UMP, sur la « prise en charge » des frais de scolarité des élèves des lycées français à l’étranger. Controverse sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine note.

 

Nous avons ensuite engagé une discussion sur les prises de position récentes de François Bayrou concernant l’actualité (critique du plan de relance, mouvement dans les DOM TOM, réintégration du commandement de l’OTAN…).

 

L’élaboration du règlement intérieur de la section a aussi été traitée. Le RI sera l’un des thèmes principaux de notre prochaine rencontre.

A ce propos, comme nous vous le signalions après notre première réunion, le Bureau Provisoire de la section Japon est, et demeure, ouvert à tous les adhérents qui souhaitent participer à la création de la section, et des postes de Responsable peuvent être encore attribués dans des domaines de compétences spécifiques.

 

Notre prochaine réunion se déroulera le dimanche 15 mars à 14 heures.

20 janvier 2009

Réunion de la section Japon

Dimanche 18 janvier 2009, la deuxième réunion des adhérents du Modem résidant au Japon s’est tenue à Tokyo à 14 heures.

L’ambiance fût des plus studieuses puisque nous avons adopté un avant-projet de Règlement Intérieur pour le MDFE Asie – Océanie.

Cet avant-projet a été envoyé aux différents correspondants du MoDem en Asie et Océanie et sera présenté aux adhérents du parti dans cette zone la semaine prochaine. Il sera alors l’objet d’un débat sur notre forum.

Comme nous le signalions après notre première réunion, le Bureau Provisoire de la section Japon est, et demeure, ouvert à tous les adhérents qui souhaitent participer à la création de la section, et des postes de Responsable peuvent être encore attribués dans des domaines de compétences spécifiques.

Notre prochaine réunion se déroulera soit le mercredi 11 février, soit le dimanche 15 février à 14 heures en fonction des disponibilités de chacun.

09 novembre 2008

Obama vu d’Obama... et d’ailleurs au Japon

À l’instar de nombreuses villes américaines, une ville japonaise a connu l’euphorie de la victoire du candidat démocrate à l’élection présidentielle ce mercredi 5 novembre. Non pas  qu’elle soit peuplée d’expatriés états-uniens ou qu’une base US y soit implantée mais sa population s’est naturellement identifiée à celui qui porte le même nom que la ville : Obama.

 

Les habitants de la ville d’Obama, comme plus de 65% de leurs compatriotes Japonais, se sont donc réjouis de la victoire du candidat afro-américain. Et l’homonymie n’est pas la seule raison de cet engouement. Les Japonais, comme beaucoup d’autres "obamaniaques" à travers le monde croient voire en Barak Obama un homme susceptible d’apporter la paix, de rassembler les peuples et de trouver des solutions  au désordre économique et financier. Ce que résumait Yuichi Matsumoto, un commerçant de 69 ans du port d’Obama à l’AFP :  « Je pense qu’il va faire beaucoup de bonnes choses, comme mettre fin à la guerre en Irak et trouver une solution à la crise économique » . La symbolique Obama a donc aussi imprégné la population japonaise tout autant que celles d’Europe, d’Amérique du Nord ou d’Afrique.

 

Mais qu’en est-il des élites et particulièrement du pouvoir politique ?

 

Contrairement notamment à la France, où Nicolas Sarkozy s’est béatement félicité de la victoire de son « copain », le Premier ministre japonais Taro Aso a félicité le candidat pour sa victoire, se bornant à rappeler « les relations que cultivent les deux parties depuis plus de 50 ans ». Plus tard, devant la presse il a affirmé qu’il « s’attachera à renforcer l’alliance nippo américaine et à résoudre les différents challenges auxquels doit faire face la communauté internationale :  l’économie, le terrorisme et l’environnement ». On a connu commentaires plus chaleureux !

 

Car ces propos diplomatiques cachent en réalité fort mal la perplexité des autorités japonaises face au nouvel arrivant à la Maison Blanche. Des déclarations de responsables du parti au pouvoir, le Jimintō, à l’agence de presse Kyodo montrent une certaine anxiété du pouvoir. Ainsi, Tadamori Oshima, responsable des relations avec le Parlement pour le parti a déclaré qu’il n’avait pas « encore d’idées claires sur les bases de sa politique étrangère ». Hajime Funada, président du Conseil Général du parti, soulignait lui qu’il ne savait pas « ce que sera la politique envers la Corée du Nord » de Barak Obama. 

 

En effet, le sujet des relations avec l’Asie a été complètement absent de la campagne électorale. Alors si John Mac Caïn incarnait la continuité et donc rassurait, la politique asiatique de Barak Obama est un grand saut dans l’inconnue et inquiète. Inquiétude basée sur quelques propos de campagne et renforcée par quelques signes post électoraux.

 

Il faut dire que les relations entre le Japon et les Etats-Unis sont parmi les plus développées du monde entre deux grandes puissances et que les dossiers « chauds » sont nombreux. On citera les accords commerciaux, le redéploiement des bases américaines au Japon, la relation avec la Corée du Nord, ou encore le soutien japonais à la guerre en Afghanistan...

 

Ainsi, au chapitre économique, la rumeur de la nomination de Lawrence Summers, l’ancien Secrétaire au Trésor de Bill Clinton, à un poste central dans la nouvelle administration ne ravive pas de bons souvenirs chez les Japonais. Celui-ci s’en prenait en effet régulièrement au Japon alors en crise, sommant à plusieurs reprises Tokyo d’effectuer des réformes économiques, de « booster » la demande intérieure et d’assumer sa place de leader économique. Attitudes jugées insultantes à l’époque et au cœur d’une période de fictions entre les deux pays.

 

Surtout, même si les analystes nippons parient sur une politique de dollar fort de la part de Barak Obama, ce qui arrangerait les exportations japonaises, l’inquiétude est forte que celui-ci ne soit tentée de satisfaire un pilier de sa base électorale, les syndicats du secteur industriel, et n’applique alors une politique plus protectionniste dont pâtirait les industries japonaises, notamment un secteur automobile déjà bien en crise. Le journal Yomiuri du 6 novembre dit ainsi craindre que pour «le parti Démocrate, qui tire sa force des syndicats, et qui sort renforcé des élections dans les deux chambres du Congrès de mardi, il serait facile d’appliquer la bonne vieille méthode du protectionnisme. »   

 

En matière agricole, la crainte vient de propos de campagne dans lesquels l’ancien sénateur de l’Illinois affirmait vouloir « presser plus fortement »  la Corée du Sud et le Japon à accepter les critères sanitaires américains pour accroître l’exportation de bœuf made in america. Sujet plus politique que vraiment économique, mais toutefois ultra sensible pour le gouvernement japonais à un moment ou les scandales sanitaires se succèdent sur les produits alimentaires.

 

L’ambassadeur américain à Tōkyō a bien tenté de rassurer le gouvernement japonais en déclarant à juste titre que « Démocrates et Républicains croient depuis la guerre que la sécurité des Etats-Unis dépend d’une bonne et prospère alliance avec le Japon », le scepticisme reste de mise. Et comme le note le Asahi Shinbun dans son éditorial du 7 novembre, deux dossiers en particulier risquent de poser problème : « le soutien qu’apporte le Japon à la guerre mené par G. W. Bush contre le terrorisme en Afghanistan, et la coopération dans la façon de traiter avec la Corée du Nord ».

 

Sur le sujet afghan, le programme de Barak Obama qui est non seulement de renforcer l’action des troupes américaines sur place mais aussi de demander aux alliés d’en faire de même n’est pas en conflit avec la vision du gouvernement mais renvoie à un sujet qui est une épine pour le cabinet Aso. La Japon qui soutient l’action internationale par un appui logistique dans l’Océan Indien sera sollicité par Barak Obama. Or le gouvernement en place n’est pas du tout sûr de recevoir l’aval du parlement pour prolonger la mission en cours vu que la Chambre Haute est aux mains de l’opposition qui y est opposée. Et qui est en cela appuyée par la majorité des Japonais. Or un renouvellement de la mission japonaise ne serait que le strict minimum pour satisfaire Washington et beaucoup craignent que comme en 1991 lors de la guerre du Golfe une contribution financière ne soit aussi réclamée. Ce qui aux vues des finances du pays serait un coup d’arrêt à toute politique de relance ou de sauvetage des déficits. Sur ce sujet Taro Aso n’a donc comme choix que se fâcher avec les Américains ou avec son opinion publique. Sachant que la prochaine échéance électorale est dans moins de 10 mois.

 

 Second sujet très sensible : la Corée du Nord. Si pour le monde entier le problème coréen se résume à la menace nucléaire, pour les Japonais il se double d’une affaire émotionnelle et politiquement sensible, à savoir celles des personnes enlevées par le régime communiste dans les années 70 et 80. Même si Tōkyō s’est montré irrité cet été par le retrait par Washington de la Corée du Nord de la liste des états terroristes, G. W. Bush avait pris soin de rassurer directement les familles japonaises touchées de son appui et de sa volonté de résoudre aussi ce problème. Mais qu’en sera-t-il avec Barak Obama ? La Asahi, citant un responsable du ministère des affaires étrangères pense que :  « le problème des personnes enlevées sera délaissé si Washington et Pyongyang engagent des discussions plus proches. ». Ce qui isolerait le Japon et son Premier ministre, ce dernier étant "condamné" par l'opinion publique, son parti et son image de faucon à adopter une position intransigeante sur le sujet.

 

L’élection de Barak Obama est-elle pour autant une mauvaise nouvelle pour Tōkyō ?

Pas forcément. Un point positif pour le pays selon les analystes tient dans la vision plus participative et multilatérale du monde qu’a le nouveau président américain. Ainsi que dans la nécessité qui lui est faite de travailler de concert avec ses partenaires et alliés pour résoudre les problèmes internationaux actuels. Dans cette nouvelle donne internationale, le pays du soleil levant a toute sa place. Ainsi le Asahi Shinbun  souhaite que le Japon fasse entendre « ses idées et agisse » car « le monde selon Obama offre au Japon une opportunité idéal d’afficher sa puissance diplomatique. » .

 

Alexandre Joly.

11:42 Publié dans News du Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obama, japon

22 septembre 2008

Taro Aso : nouveau Premier ministre du Japon

En remportant au premier tour ce lundi 22 septembre l’élection interne au poste de président de son parti, le Jimintō, Taro Aso deviendra automatiquement mercredi le nouveau Premier ministre du Japon. Bénéficiant d’une très large majorité à la Diète, le chef du Jimintō ne rencontrera donc aucune opposition dans sa démarche pour devenir chef du gouvernement.

 

En choisissant Taro Aso par 351 voix sur ses 527 membres électeurs, le Jimintō change une nouvelle fois radicalement de stratégie politique, tant le personnage est l’opposé de son prédécesseur Yasuo Fukuda. Ce dernier avait en effet été largement élu en septembre 2007 (contre Taro Aso déjà)  à la tête du parti car il incarnait une image plus classique, conciliante et rassurante que son adversaire. Il était aussi censé faire oublié la dérive personnaliste du pouvoir qu’avaient personnifiés les deux gouvernements de Junichiro Koizumi (2001-2006) et de Shinzo Abe (2006-2007).

 

Avec l’élection de Taro Aso, le Jimintō fait donc le choix d’un premier ministre charismatique, populiste et populaire, libéral et nationaliste qui se définit lui-même comme un faucon. Le style de gouvernance sera donc très proche de celui de Koizumi dont il fût le ministre des affaires intérieures et des communications (septembre 2003~octobre 2005), puis ministre des affaires étrangères (octobre 2005~août 2006). Il occupa ce dernier poste jusqu’en août 2007 dans le gouvernement Abe.  

 

Mais ce choix du Jimintō s’explique avant tout par la volonté du parti de se doter d’un chef de file fort en vue des élections législatives qui doivent se tenir avant septembre 2009, et capable de faire oublier les différents scandales qui éclaboussèrent cette législature. Cette analyse est qui plus est renforcée par les rumeurs d’une élection anticipée, à laquelle appellent autant Taro Aso que l’opposition, et dont certains analystes ont déjà « fixé » la date au 26 octobre.

 

Or si sa personnalité a souvent joué des tours à Taro Aso, notamment lors des 3 précédentes élections internes au poste de président du parti qu’il a largement perdu (un front anti-Aso s’était même créé l’an denier), elle lui offre aussi une popularité et une visibilité que ses adversaires n’ont pas.

 

Taro Aso, comme bon nombre de politiciens japonais, est un homme du sérail : Son père était député ; son grand-père maternel, Shigeru Yoshida, fut cinq fois Premier ministre entre 1946 et 1954 ; sa femme est la fille de l’ancien Premier ministre Zenko Suzuki ; et enfin il est le beau-frère du prince Tomohito de Mikasa, cousin de l’Empereur. Un tel lignage plaît beaucoup aux Japonais.

En costumes clairs, l’air décontracté, il cultive néanmoins une différence de style avec les autres politiciens japonais (comme Koizumi avant lui) avouant par exemple sa passion pour les manga quand les autres ont des goûts plus classiques et moins populaires.

Enfin certains traits le différencient clairement : il est chrétien (baptisé Francisco), dans un pays où ceux-ci furent longtemps pourchassés ; il a aussi participé aux J.O de Montréal en 1976 dans la discipline du Tir aux Pigeons.

 

Mais Taro Aso est aussi connu pour ses propos à l’emporte pièce, comme bon nombre de leaders populistes de droite dans le monde d’ailleurs. En 2005 il parla ainsi des Japonais en terme de race, et en 2006 alors ministre des Affaires étrangères il qualifia de positive la colonisation de Taïwan par l’armée impériale japonaise. Sa dernière « perle » est ssez récente puisqu’elle date du 4 août 2008, 3 jours après avoir été nommé numéro 2 du Jimintō : il estima alors, que laisser le Japon être gouverné par le parti d’opposition centriste, le Minshūtō, serait aussi préjudiciable pour le pays que lorsque l’Allemagne le fût par les Nazis.

 

La mission de Taro Aso est donc de mener à bien la campagne législative à venir. Une victoire de son parti le renforcera, mais elle ne pourra  pas cacher la principale réalité de la vie politique japonaise. Depuis la démission de Koizumi en septembre 2006, le pays a connu 6 remaniements ministériels, 3 premiers ministres et aucune des réformes impératives dont aurait besoin le pays tant sur le plan social (réforme des retraites t de la sécurité sociale, dénatalité) qu’économique (surendettement, opacité bancaire, retour de la décroissance)…

 

Alexandre Joly.      

 

 

 

 

 

05 août 2008

La chute annoncée du PLD ?

Rien y fait !  La chute de la maison Jiminto (le Parti Libéral Démocrate), au pouvoir au Japon depuis presque 60 ans, semble irrémédiable. Et le remaniement ministériel opéré par le Premier Ministre Yasuo Fukuda vendredi 1er août, pourtant sensé lui offrir une petite bouffée d’oxygène dans un océan de sondages négatifs, n’aura pas eu l’effet escompté.

Avec une cote de popularité tombée au-dessous de 25% de satisfaction en juillet, et suivant l’idée que « le soutien du public au gouvernement augmentait généralement après avoir été remanié » comme l’écrivait le  Japan Times du 04 août, , le chef du gouvernement espérait s’offrir un second souffle avant d’attaquer la ligne droite qui mène aux Législatives de Septembre 2009. Peine perdue : selon deux sondages opérés ce week-end par les journaux Mainichi  et  Asahi, le taux de satisfaction a au mieux pris trois points selon le premier, au pire est resté inchangé selon le second. Seul et isolé, le journal conservateur Yomiuri aurait noté une augmentation de 14 points à 41%.

Mais pourquoi cette défiance sans précédent ?

Propulsé chef du gouvernement en Septembre 2007, suite à la démission de Shinzo Abe qui avait tenu son poste moins du’un an, Yasuo Fukuda avait alors la triple tâche d’effacer et résoudre les scandales apparus sous son prédecesseur et qui furent à l'origine de sa démission (affaires de corruption touchant notamment le ministère de la Défense ; perte de millions de dossiers de cotisations retraite), résoudre les problèmes endémiques de financement des caisses de sécurité sociale et de retraite, et enfin faire oublier les réformes libérales, devenues impopulaires, de Junichiro Koizumi (2000-2006) qui  avaient entraînées un accroissement sans précédent des inégalités. Sa compétence, son expérience et son intégrité associés à son désir de développer une "société plus sûre pour tous les Japonais" devaient donc rabibocher le PLD et les électeurs. 

Mais, héritant d’une situation déjà bien difficile, il eut à travailler avec un gouvernement dont il n’avait pas choisi les membres et qu’il ne pût modifier car remanié un mois à peine avant sa nomination et surtout il dût apprendre à gouverner avec une Chambre Haute acquise à l'opposition et bénéficiant d'une capacité de blocage importante et paralysant son action. Dans ces conditions la crise des subprime qui n’épargna pas le marché nippon, et depuis quelques mois la hausse du prix des carburants et des matières premières ont été encore plus difficiles à appréhender et à gérer. Conclusion de 10 mois de gouvernance Fukuda: non seulement les problèmes dont il a hérité n’ont pas été solutionné mais en plus s’y sont ajoutées de nouvelles crises qui touchent directement le pouvoir d’achat des électeurs japonais. Rien de bon pour les élections !

Le chef du gouvernement aurait pu plaider qu’aucune de ces crises n’était de sa responsabilité, tant au niveau mondial que national, si son incapacité à les gérer n’était aussi en cause. Au point de vue politico-judiciaire, les affaires de corruption continuent à faire jour au ministère de la Défense, les dossiers retraite et sécurité sociale sont au point mort, et la hausse des prix touche les produits de base et donc les ménages les plus faibles. Mais plus grave que ces mauvais résultats, on est en peine à fixer la ligne politique du gouvernement.

Et le remaniement de vendredi n’a fait que renforcer ce manque de visibilité. En effet comme nombre des ministres sont connus pour être des libéraux, tel le ministre de l’Economie  Bunmei Ibuki, apôtre du désengagement de l’état et de la réduction de ses dépenses, on aurait pu penser à un retour d’une politique de réforme comme l’a connu le Japon sous le cabinet Koizumi. Mais parce que celles-ci furent impopulaires, les premières déclarations du premier ministre (parfois en contradiction avec ses ministres) ont été pour annoncer  des aides d’urgence aux pêcheurs, qui ont pourtant déjà reçus près de 74 milliard de yens de subventions spéciales, et une prochaine révision à la hausse du budget, déficitaire, pour amortir les difficultés liées à la hausse des prix. Alors politique d’austérité ou relâchement budgétaire ?

Dans le même ordre d’idée, la nomination à la tête d’un populaire Secrétariat à la Défense des Consommateurs de l’égérie anti-Koizumi, Seiko Noda (elle s’était opposée à la privatisation de  la Poste) contraste avec les nominations des libéraux Kaoru Yosano et Toshihiro Nikai aux ministères des finances et du commerce qui furent  eux, des artisans des réformes libérales de Koizumi. Dont celle de la Poste.

Cette distribution tous azimuts, et toutes factions du PLD confondues, de ministères s’est aussi répercutée dans l’organigramme du parti. Ainsi Taro Aso, opposant malheureux de Fukuda lors des dernières élections à la tête du parti, réapparaît-il comme Secrétaire Général et donc futur premier ministrable. Taro Aso, faucon en politique étrangère pourrait faire tâche dans la politique de réchauffement des relations avec le voisins chinois et coréens entreprise par Yasuo Fukuda.

En fait, il semblerait que l’objectif de ce dernier ne soit pas, contrairement aux vœux pieux du Yomiuri dans son édito du 2 août de « s’attaquer aux problèmes politiques urgents», mais bien plutôt comme l’a présenté le Japan Times de «mener son camp à la victoire lors des prochaines élections à la chambre basse avec un PLD unifié ». A défaut d’être cohérent pourrait-on rajouter. 

Pari risqué car ce ne sont que des gesticulations politiciennes visibles, qui en plus sont en contradiction  avec  la stratégie du principal allié du Jiminto, le  Shin-Komeito. En effet ces dernières semaines celui-ci appelait ouvertement à des élections anticipées et à un changement de premier ministre. L’objectif du parti bouddhiste était que soient dissociés les élections Législatives (mal engagées), prévues en Septembre 2009 de celles du parlement de Tokyo, fief et base du parti, en août 2009. Or ce remaniement et les déclarations qui s’en suivirent montrent qu’il n’en sera pas ainsi et le risque est grand que la politique ouvernementale soit sanctionnée lors de ces deux échéances électorales..

Enfin autre source de tension entre les deux partis, le Shin-Komeito est opposé à son allié sur la prorogation de la loi anti-terroriste qui doit être voté cet automne. Or avec une opposition qui domine la Chambre Haute (équivalent du Sénat), les voix du parti bouddhiste sont indispensables au PLD pour faire adopter cette loi impopulaire à la chambre Basse. Mais « après 9 ans d’alliance » s’interroge le journal Asahi, bien que le Shin-Komeito en aie retiré des bénéfices politiques indiscutables « que pense maintenant le parti et que veut-il faire ?». Va-t-il accompagner son allié dans sa chute ?

Ainsi, une conjoncture défavorable, son incapacité à se renouveler, une absence de ligne politique claire et un allié frustré laissent à penser que 2009 pourrait voir le Jiminto être pour la première fois exclue du pouvoir et son rival le Minshuto, le Parti Démocrate, devenir le premier parti à faire jouer l’alternance au Japon. Mais ce serait non seulement oublier les particularismes des élections japonaises mais surtout faire abstraction de l’immense complexité de la vie politique nippone et de ses incroyables rebondissements.

Alexandre Joly. 

14 mai 2008

Interview au blog du démocrate

Je retranscris ci-après, l'intégralité d'un questionnaire que nous a fait parvenir le blog du démocrate en début de mois. 

 * * *

 - Quelle est l'image générale du mouvement démocrate parmi les français résidant du Japon, de Tokyo ? Quelles sont les réactions des japonais curieux de vos actions et démarches ?

Alexandre Joly : L'image du Modem parmi la communauté française au Japon est similaire à celle des Français de l'hexagone. Cela va de la sympathie et la communion de valeurs ou d'idée, à la critique habituelle des partisans du bipartisme selon lesquels nous n'avons pas d'idée ou de programme et que nous sommes indécis.

Ceci dit, les bons résultats de François Bayrou lors du premier tour de la présidentielle de l'an dernier sur le Japon, où il a terminé second avec un résultat supérieur à 23% dans chacun des deux bureaux de vote de l'archipel, tendent à démontrer que son message passe bien dans la communauté.

Pour ce qui est de l'attitude des Japonais concernant le Modem, elle à l'image de celle qu'ils ont pour la politique française en général: un desintérêt poli. Si les grands médias ont traité de la campagne de 2007, c'était plus pour mettre en valeur le fait qu'une femme avait des chances d'être élue que sur le contenu des programmes.

Hervé Tisserand : Les Japonais ne connaissent guère la situation politique française. Nicolas Sarkozy est bien évidemment connu mais c'est pratiquement le seul leader politique français actuel à l'être.

De l'élection présidentielle, les médias japonais n'ont retenu que l'affrontement Sarkozy-Royal. Malheureusement, François Bayrou et le Modem ne sont guère connus en dehors de quelques cercles francophiles et de spécialistes. Cependant, on peut considérer qu'il en va de même pour les Français concernant ce qui se passe au Japon.

Quant aux Français résidant au Japon, le regard qu'ils portent sur le Modem est semblable à celui des Français de France comme l'a bien dit Alexandre. Ce qui est inquiétant, c'est le peu d'intérêt pour les programmes d'où une méconnaissance de ceux-ci et de ce qu'ils impliquent malgré le fait qu'ils soient souvent disponibles sur le net. Cela peut expliquer le désenchantement de certains qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy.

- Quelles sont les initiatives originales prises par l'antenne d'Osaka dont vous êtes le plus fiers ?

 A. J. : Incontestablement notre blog. Nous avons été les précurseurs au Japon dans la blogosphère des mouvements politiques français à en créer un. Si bien que des sympathisans locaux de l'UMP ont découvert notre site et se sont empressés d'en organiser un pour soutenir leur candidat dans les semaines qui suivirent.

H. T. : Je confirme que notre blog est ce dont nous sommes le plus fier. Il a permis de diffuser les idées du Mouvement Démocrate au sein de la communauté francophone du Japon. Il a également permis de donner des informations importantes à cette même communauté concernant la vie au Japon.

- Quelle sont les spécificités de l'antenne modem d'Osaka ?

A. J. : D'être à Osaka et non à Tokyo, la capitale du pays. C'est un concours de circonstance qui résultait de l'existence d'une forte concentration de jeunes Français dans une entreprise japonaise sur Osaka et qui a donc amener à des échanges de point de vue politique et au rassemblement de certains sympathisants du modem.

Cela tient aussi à la structure sociologique de la répartition géographique des ressortissants français au Japon. Dans la région d'Osaka/Kyoto, le Kansai, nombreux sont les universitaires, professeurs et artistes. Cela s'est ressenti lors du premier tour où S. Royal a fini en tête et F. Bayrou deuxième. Inversement, à Tokyo les cadres d'entreprise, les entrepreneurs sont majoritaires et N. Sarkozy a fini en tête, juste devant F. Bayrou.

H. T. : Comme l'a bien remarqué Alexandre, les Français du Kansai (la région d'Osaka et de Kobe) diffèrent sensiblement de ceux du Kanto (la région de Tokyo). Ici, la population française est sans doute plus jeune et un peu moins liée aux grandes entreprises françaises.

- Quelles sont les attentes des français de l'étranger pour participer à la vie du mouvement ? Quelles seraient vos suggestions ?

A. J. : Les Français de l'étranger ne sont pas un groupe homogène, il y a différents types d'émigrès et donc différents types d'attentes. Aux deux extrêmes, vous avez tout d'abord l'expatrié, envoyé pas sa société pour une mission à moyen terme, dont les préoccupations sont de l'ordre du pratique et de l'instantané (école pour les enfants, côtisations retraite, impôts...) et puis vous avez l'émigré intégrationniste, qui travaille dans une société japonaise, a un conjoint japonais qui ne sait pas s'il va rentrer un jour et dont les attentes politiques seront plus idéologiques et globalisantes (image de la France, relations avec le pays en question, politique sur la double-nationalité...)

Un parti politique moderne devrait avoir une fédération regroupant des membres qui incarneraient ces différentes tendances.

H. T. : Beaucoup de résidants regrettent leur manque de représentativité à l'assemblée nationale. Il est difficile de faire entendre la voix des Français vivant à l'étranger alors que nous sommes de plus en plus nombreux. François Bayrou et le Modem envisagent d'importantes réformes concernant la décentralisation. Il faudrait que certains de ces projets concernent ceux ne résidant pas ou plus sur le sol français et notamment leur représentativité politique et leur participation à la vie nationale.

Nous pouvons apporter beaucoup de choses et notamment un regard sur la France plus distant. Nous pouvons également faire savoir comment ça se passe ailleurs - certaines idées sont bonnes à prendre. On éviterait ainsi les débats trop franco-français.

- Le potentiel d'internet est souvent mis en valeur pour l'animation interne des mouvement politiques, notamment à l'étranger. Quelles vertus lui accordez-vous réellement ?

A. J. : Pour les Français de l'étranger, Internet a révolutionné notre relation avec la métropole en général et le suivi de la politique française en particulier. Pour avoir vécu deux campagnes présidentielles depuis le Japon (2002 et 2007), je peux vous affirmer que la seconde a été vécu comme l'ont vécu des millions de nos concitoyens alors que la première n'a été qu'un lointain cauchemard.

Cette différence se voit tout d'abord dans la capacité et la rapidité d'accés aux programmes politiques, aux informations générales et au débat public qu'offre l'Internet. Les blogs et surtout les sites d'information des journaux, TV, radio accessibles online sont des moyens de s'informer en temps réel, quand il fallait attendre une semaine au par avant pour avoir les journaux par courrier.

Ensuite, Internet est un moyen très efficace pour « atteindre » les gens et débattre avec eux. Les forums et sessions de « chat » sont notament de très bons vecteurs pour lier les différents membres de la commuanuté française.

Car il ne faut pas oublier une chose, c'est que nos concitoyens sont isolés quand ils vivent à l'étranger. Imaginez que sur un archipel comme celui du Japon il n'y a que 2 bureaux de vote à Tokyo et Osaka, qui correspondent aux deux grandes concentrations de ressortissants français, et des centaines de nos concitoyens vivent à des heures de transport de celles-ci.

H. T. : Internet permet à toute personne éloignée du sol national de garder un contact direct avec son pays: Il est possible de suivre l'actualité au jour le jour et de savoir où en est le pays.

Pour les personnes vivant dans un pays étranger, cela permet d'établir des contacts et de former des communautés dans lesquelles on peut discuter voire débattre.

Internet est aussi un moyen de partager des expériences et des ressources. Les mouvements politiques devraient plus utiliser ce vecteur pour communiquer avec leurs adhérents et leurs sympathisants et pas seulement lors des grandes échéances électorales. Je ne crois pas trop, pour des raisons de cohérence et de faisabilité, à l'idée de la démocratie participative telle que la conçoit Ségolène Royal mais il n'empêche que les discussions, qu'elles aient lieu dans une salle ou sur internet, peuvent permettre d'enrichir le débat politique.

-  A quelles consultations du mouvement démocrate souhaiteriez-vous être associer ?

A. J. : Aujourd'hui, comme jamais dans l'histoire de notre pays, de nombreux Français s'expatrient et émigrent plus ou moins longtemps. Nous entrons dans une ère d'hyper-nomadisme pour reprendre les termes de Jacques Attali dans sa « Bréve histoire du futur » et un parti politique moderne doit pouvoir capter ces Français nomades en les intégrant pleinement à ses structures.

Des fédérations des Français de l'Etranger d'Asie, d'Amérique ou d'Afrique, en fonction de leur nombre devraient être créées et ses membres avoir les mêmes possibilités d'agir sur le parti que les membre de la fédération du Gers ou celle de Paris...

De même que les institutions de la République devraient mieux prendre en compte les ressortissants français de l'étranger. Mais ceci est une autre histoire.

Ensuite, en tant que blog de sympathisants du Modem, nous aimerions aussi avoir un interlocuteur privilégié à l'intérieur de celui-ci qui répondrait à nos questions, qu'elles soient d'ordre politique ou juridique.

Aujourd'hui, la révolution Internet dont nous parlions précédemment permet d'abattre toutes les difficultés matériels,comme l'éloignement, pour les mettre en place.

H.T. : De nos jours, de plus en plus de Français vivent à l'étranger. La mondialisation fait que les pays sont de plus en plus interdépendants et en même temps et chacun d'entre eux cherche à profiter au maximum de ce mouvement. Je pense qu'un parti politique tel que le Mouvement Démocrate a besoin d'une structure permettant à ses adhérents et à ses sympathisants de faire connaître leurs expériences. Les experts ne suffisent pas. Les Français de l'étranger peuvent montrer comment on vit dans d'autres pays et mettre en lumière les avantages et les inconvénients de ces derniers.

- Quels sont vos perspectives et objectifs pour 2008-2009 ?

A. J. : Les blogs comme le nôtre ont un pic d'activité lors des campagnes électorales. Les prochaines échéances seront donc européennes, même si les Français de l'étranger ne sont pas conviés à s'exprimer sur cette élection importante comme sur tant d'autres, comme les Législatives.

D'ici là nous continuerons à nous concentrer sur les trois objectifs de notre blog : Participer au débat politique par la publication de points de vue et de commentaires, informer sur la vie au Japon et surtout tenter de rassembler autour de la diffusion des valeurs démocrates.

H. T. J'espère que nous pourrons mieux faire connaître l'actualité japonaise aux Français – le Japon est quand même la deuxième puissance économique du globe.

J'espère également que des Japonais accepteront d'intervenir directement sur notre site afin de diversifier les points de vue.

- Un dernier mot ?

A. J. : La démocratie et ses valeurs sont aujourd'hui mises à mal dans de nombreux pays par une substitution du principe de raison à celui de passion. De chacun de ces deux principes découlent pourtant deux façons radicalement opposées de s'adresser au peuple souverain et d'obtenir ses suffrages : c'est la voix du démagogue contre celle du démocrate.

C'est cette dernière que notre blog entend porter.

H. T. : Nous sommes dans une situation où nous avons l'impression de prêcher dans le désert. Quand on souhaite débattre sur le fond, on nous oppose une politique de communication, quand les gens veulent parler d'un sujet important, on préfère donner la parole aux experts qui sont souvent coupés de certaines réalités, quand il faudrait réfléchir à certaines questions à tête reposée, on est convié à réagir vite et en fonction de notre émotion du moment, etc. Il ne faut pas désarmer mais continuer à faire part de nos convictions.

 

06:33 Publié dans News du Japon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : modem, japon, blogs

21 avril 2008

Le soutien militaire japonais en Irak jugé anticonstitutionnel

L'un des sujets de controverse les plus virulents entre le parti au pouvoir, le Parti Libéral Démocrate (PLD) et l'opposition, emmenée par le Parti Démocrate Japonais (PDJ), vient de connaître un nouveau rebondissement. Rebondissement que les deux camps jugent, étonnamment, favorables à leur point de vue.

De par sa constitution, « le peuple japonais renonce pour toujours à la guerre comme droit souverain et à la menace ou l'usage de la force comme moyen pour résoudre un problème international ». C'est le paragraphe 1 de l'article 9. Néanmoins, des éléments des Forces d'Auto-Défense peuvent être déployés à l'étranger s'ils ne sont pas engagés sur des théâtres de guerre, comme ce fut le cas dans les années 90 au Cambodge.

C'est à partir de ce précédent que le gouvernement de J. Koizumi avait justifié le déploiement de soldats dans le sillage des troupes américaines en Irak en 2003, une fois la guerre déclarée officiellement finie par G.W. Bush. Stationné dans le sud du pays, à Sanawa, le détachement avait été autorisé par le parlement japonais à se déployer car la zone était jugée non-belligérante par le gouvernement nippon. Point de vue que l'opposition dénonçait déjà.

L'histoire aurait pu s'arrêter après le rapatriement du contingent japonais en 2005 de cette zone, si dans le même temps le gouvernement japonais n'avait transformé son aide terrestre en soutien logistique aérien. En effet l'A.S.D.F, les forces aériennes japonaises, stationnées au Koweit, apporte quotidiennement un soutien logistique important en approvisionnant et ravitaillant les forces internationales en Irak, en faisant la liaison entre le Koweit et l'aéroport de Bagdad.

Le débat sur la reconduction de ce soutien avait été l'an dernier, après la victoire du PDJ à la Chambre Basse de la Diète, l'objet de passes d'arme entre le gouvernement et l'opposition qui bloquait et retardait le vote. Le premier ministre de l'époque, S. Abe, arguant du fait que l'aéroport de Bagdad n'était pas une zone de guerre, le gouvernement passa la loi « en force », la Chambre Haute, tenue par le PLD, ayant prédominance sur la Chambre Basse. Et le déploiement de l'ASDF fut ainsi reconduit pour deux ans.

Parallèlement à cette joute politique, des citoyens portèrent l'affaire devant les tribunaux. Plus de 1 222 plaignants estimaient que l'envoi de troupes japonaises était contraire à la constitution et portèrent plainte auprès du tribunal de District de Nagoya. En Avril 2006, les juges reboutèrent les demandes des plaignants qui firent aussi tôt appel devant la Haute Cours de Justice de Nagoya. C'est le jugement de ce tribunal, jeudi 18 avril, qui fait rebondir l'affaire.

Le verdict avait deux volets distincts. Le premier volet, sur lequel s'appuie le gouvernement pour revendiquer une partie de sa victoire, concerne les demandes de compensation des plaignants qui estimaient leur droit à une existence pacifique bafouée. Le jugement a confirmé celui d'avril 2006 qui rejetait l'assertion que « les vies et libertés des plaignants sont actuellement violées ». Ils furent donc une nouvelle fois déboutés. C'est donc sur le second volet, plus constitutionnel que le jugement du tribunal a surpris.

Ainsi, à la question de savoir si l'aéroport de Bagdad était une zone de guerre, la réponse du juge K. Aoyama, a été « oui ». A la question de savoir si en apportant un soutien logistique à l'armée américaine en Irak, le Japon se comportait en pays belligérant la réponse fut aussi « oui ». Et à la question de savoir s'il était donc constitutionnel d'envoyer des troupes aériennes en Irak, la réponse a été clairement « non ».

Camouflet important porté au gouvernement. Sauf que, juridiquement et donc techniquement, une haute Cours ne peut émettre des décisions contraignantes en matière constitutionnelle, et ne peut donc faire fléchir le gouvernement. Seule la Cours Suprême en a l'autorité. Le gouvernement n'est donc pas contraint d'infléchir sa politique. Et bien évidemment il ne va pas faire appel du jugement, car pour le coup, l'affaire serait portée devant la dite Cours Suprême.

L'affaire en restera là, d'un point de vue juridique, mais comme l'écrivait le journal Ashi dans son éditorial de vendredi, « le gouvernement devrait prendre très au sérieux » cette décision, et ne pas juste se retrancher derrière un artifice juridique comme l'a fait le Premier Ministre Fukuda pour continuer la même politique en Irak. Politique soutenue par moins de 20% des Japonais selon les dernières enquêtes d'opinion.

Alexandre Joly.

 

08 août 2007

S. ABE et le nucléaire militaire

 “Nous prendrons l'initiative auprès de la communauté internationale, et nous consacrerons de tout coeur, à l'éradication des armes nucléaires et à la réalisation de la paix. » a signifié le premier ministre Shinzō Abe dans un discours prononcé lors des cérémonies commémorant le 62ème anniversaire du bombardement de Hiroshima.

C'est la première fois depuis sa nomination que le chef du gouvernement s'exprime si clairement sur ce qu'est et sera sa politique nucléaire depuis sa nomination en septembre 2006. Par ses mots, il s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs qui confirmèrent la nature pacifiste et anti-nucléaire du Japon. Cette politique est symbolisée par la doctrine dite des 3 non. « Non fabrication. Non possession. Non circulation » d'armes nucléaires sur le sol nippon.

La position de Shinzō Abe, qu'il affirme tardivement, intervient après plusieurs mois d'intense débat sur le devenir de la position japonaise vis à vis des armes nucléaires. Issu des rangs nationalistes, le premier ministre était soupçonné de tendre une oreille attentive à ceux qui au Japon réclame un réexamen de la doctrine nucléaire de l'archipel.

Les soupçons se sont développés après que des membres du Jimintō, le parti au pouvoir, mais aussi des universitaires ou spécialistes de la défense aient demandé que soit réapprecié la position japonaise suite au test effectué par la Corée du Nord le 9 octobre 2006. Loin de le condamner, Shinzō Abe a au contraire laissé se développer dans les médias le débat.

Ceci est allé conjointement avec la volonté affichée du gouvernement de faire modifier la Constitution pacifiste japonaise, et notamment son article 9 qui interdit au Japon de faire la guerre. A cela se sont ajoutés enfin les propos de l'ancien (et premier en titre) ministre de la Défense, Fumio Kumya, qui fin juin avait suscité une polémique en semblant légitimer l'utilisation de l'arme nucléaire, au travers d'une tentative d'explication des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki. Cette polémique lui coûta son poste, et fût l'une des raisons de la défaite du Jimintō aux élections sénatoriales du 29 juillet.

Ainsi, si le débat sur la modification de la constitution qui empêche toute participation du Japon sur des théâtres de guerre, n'est pas clos, en revanche la volonté de Shinzō Abe de faire en sorte que « les tragédies de Hiroshima et de Nagasaki ne se renouvellent jamais en aucun lieu sur Terre », referme provisoirement celui sur le nucléaire militaire japonais.

 

Alexandre Joly