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25 mai 2008

Liban : leçon de diplomatie à Doha

Ce dimanche, le coeur de Beyrouth va retrouver son calme politique , sa ferveur commerciale et le Liban élire un nouveau président. Après plus de 18 mois d'un bras de fer politique dont les violences meurtrières de la semaine dernière furent l'aboutissement, l'opposition et la coalition au pouvoir, sous la houlette de parrains régionaux, sont parvenus à un accord qui permet de sortir le pays de l'impasse politique dans laquelle il était plongé.

Il n'est pas question ici de faire une analyse des conséquences libano-libanaises de cet heureux dénouement , mais de s'interroger quant au fond et la forme de l'engagement ainsi que sur les résultats obtenus par chacune des puissances agissant au pays du Cédre. Et tout particulièrement les Etats-Unis et la France.

Car si, à Paris, le Président Sarkozy s'est dit "particulièrement heureux de l'accord intervenu (...) à Doha entre les représentants des principales forces politiques libanaises, conclu sous l'égide du Qatar et de la ligue arabe" faisant écho aux propos de Condolezza Rice, le résultat est en fait un terrible échec de la politique américano-française et un désaveu criant de leur méthode.

Echec, voir défaite, car le grand vainqueur de la crise est incontestablement l'opposition et plus spécialement le Hezbollah. Non seulement le parti est parvenu à faire annuler les 2 dispositions du gouvernement qui sont à l'origine des violences (limogeage du chef de la Sécurité de l'aéroport de Beyrouth, gel du développement des réseaux de téléphonie interne au parti) mais il est aussi parvenu à imposer ses vues quand au règlement de la crise que vit le pays depuis Novembre 2006 : le cabinet Siniora va tomber, l'opposition va intégrer le nouveau gouvernement avec une minorité de blocage et un candidat de consensus va être élu président.

C'est donc un revers patent pour les Etats-Unis et la France qui n'ont eu de cesse de clamer leur soutien inconditionnel à la majorité au pouvoir et de dénoncer le Hezbollah et l'opposition comme forces anticonstitutionnelles et au service de puissances étrangères qu'il faudrait affaiblir et écarter de la vie politique libanaise.

Mais cet échec vient aussi sanctionner un réalité : l'affaiblissement de la France au Liban.

La France, qui a toujours eu un rôle majeur au Liban, ou tout au moins était un interlocuteur particulier pour les différentes parties, a perdu son statut depuis plus de deux ans quand elle a choisi de s'aligner sur les positions américaines et saoudiennes concernant le Proche-Orient. A l'initiative de Jacques Chirac, la France s'était débarrassée de ses habits de conciliateur et de modérateur pour celui de partie prenante et partiale. Suivant l'administration Bush, elle a soutenu vaille que vaille le cabinet Siniora et la majorité rassemblée autour du Courant du Futur de la famille Hariri. Nicolas Sarkozy, une fois parvenu au pouvoir a poursuivi cette politique qui avait l'avantage d'être en parfaite harmonie avec sa position atlantiste et sa volonté de se rapprocher encore un peu plus des Etats-Unis..

Cet alignement sur les vues américaines s'est aussi doublée de la mise en application des méthodes U.S, à savoir le refus de tout contact avec des membres de l'un des 2 camps. Contrairement à la diplomatie qatari qui a fait la navette entre toutes les parties. C'est par cette volonté d'ignorer ses « ennemis » qu'il faut expliquer l'échec des missions de Bernard Kouchner, qui pendant plus de 6 mois a tenté vainement de réconcilier les différentes factions libanaises et qui s'est vu, selon le journal libanais L'Orient-Le Jour du 24 mai, être pendant cette période « roulé dans la farine par les Libanais, ou du moins par une partie d'entre eux ».

Car l'exercice était bien évidemment voué à l'échec. En effet, comment prétendre vouloir trouver un accord juste et équitable, et comment passer pour un interlocuteur honnête quand on se range si clairement dans un camp ? Enfin, comment pouvait-on espérer parvenir à un accord en s'abstenant de rencontrer le Hezbollah, ou en ignorant la Syrie et l'Iran ?

Les relations avec ces deux pays, et notamment la Syrie, parlons-en justement. Grand écart, pour ne pas dire incapacité à choisir une ligne claire entre l'alignement sur la position frontale américaine et la nécessaire prise en compte de la réalité du terrain, plus conforme à la tradition diplomatique française, les décisions du «président Nicolas Sarkozy de renouer les contacts « de haut niveau » avec la Syrie, avant de les suspendre de nouveau à la fin de l’année, prise sans coordination avec le ministre des Affaires étrangères, a provoqué « un dysfonctionnement de la diplomatie française », selon Antoine Basbous que cite le journal libanais.

Dysfonctionnement basé sur une ineptie, pour ne pas dire une « abracadabrantesque » conception de la diplomatie : le refus d'avoir des contacts avec ses « ennemis ». Suivant ainsi l'idée répendue chez les conservateurs (plus ou moins « néo ») ou les « faucons » des pays occidentaux, selon laquelle une démocratie doit choisir ses interlocuteurs, Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy ont refusé d'avoir des contacts directs avec des partis politiques tel que le Hamas ou le Hezbollah, quand ce ne sont pas avec des pays, comme la Syrie.

Cette conception moralisatrice est soit le fruit d'une hypocrite et criminelle conception des relations internationales, pour laquelle les conflits ne peuvent se régler que sur le champ de bataille, avec anéantissement de l'un des protagonistes, soit le fruit d'une irresponsable naïveté et d'une grande méconnaissance de la chose diplomatique. Car qu'est-ce que la diplomatie, sinon la rencontre de puissances différentes, opposées et parfois ennemies qui cherchent à régler un conflit autrement que par la destruction de l'une des parties ?

Hubert Védrine a parfaitement résumé cela lors d'un « chat » avec des lecteurs du journal Le Monde le 20 mai en rappelant « que la diplomatie a été inventée à l'aube de l'histoire pour traiter les problèmes autrement que par la guerre.  La diplomatie ne consiste pas à se réunir avec des amis dont on partage les valeurs et à se congratuler, la diplomatie peut consister à parler avec des dirigeants ou des régimes qu'on estime horribles et dont on rejette catégoriquement toutes les valeurs, et il en a toujours été ainsi. »

Avec la fumeuse « guerre au terrorisme », la diabolisation de ses adversaires/opposants a pour objectif de réduire au maximum la grille de lecture des problèmes internationaux, pour la résumer à un affrontement binaire du bien contre le mal, notre camp contre le leur, et dans lequel seule la mise à mort de son adversaire peut résoudre le problème. Ce paradigme n'a malheureusement pour conséquence que la perpétuation des conflits et le développement d'états de guerre plus ou moins chaud.

Aux Etats-Unis, le sénateur et candidat Barrack Obama a clairement opté pour l'abandon de cette ligne et pour l'adoption d'une politique réaliste. Espérons que s'il est élu, par suivisme, la politique extérieure de Nicolas Sarkozy s'en verra elle même changée. Et l'image de la France de redorer dans un Liban en paix.

Alexandre Joly

07 mai 2008

Nous et la Chine

Il serait plus que temps de se poser des questions concernant nos relations et celles des pays démocratiques avec la Chine.
La question tibétaine est revenue sur le devant de l'actualité, les jeux olympiques de Pékin auront lieu dans moins de cent jours, la politique étrangère de la Chine que ce soit en Afrique (Soudan, Zimbabwee, etc) ou en Asie (Birmanie, Iran, Corée du Nord, etc) pose question. A cela s'ajoute le poids économique toujours plus grand de ce pays et le fait que la Chine a été et est toujours un centre culturel et historique d'importance. Ce pays a beaucoup influencé l'histoire de l'humanité ce qu'il va sans doute continuer à faire.
 
 
La question des jeux olympiques.

Beaucoup de gens ne souhaitent pas un véritable boycott des jeux olympiques en arguant d'une invraisemblable séparation entre sport et politique. Plusieurs points s'opposent à une telle attitude.
Tout d'abord, le Comité International Olympique s'enorgueillit de promouvoir les valeurs de l'olympisme moderne (fraternité des hommes quelque soit leur origine, respect de la condition humaine, etc) et mit même clairement en avant de la défense des droits de l'homme lors du choix de Pékin en 2002. Ce sont des valeurs politiques et non des valeurs propres au sport. De plus, et paradoxalement, le comité olympique arrive trop souvent et trop facilement à faire abstraction de la situation politique de certains pays choisis pour organiser les jeux. Les exemples sont nombreux et les plus marquants sont Berlin en 1936, Mexico en 1968, Moscou en 1980 et maintenant Pékin. Tout le monde sait bien que les pays organisateurs essaient toujours d'utiliser l'organisation des jeux comme une vitrine de leur modèle social et économique. C'est d'autant plus vrai et important pour les pays peu ou pas du tout démocratiques. Les enjeux financiers sont énormes et les multinationales qui sponsorisent les jeux olympiques feront tout ce qu'elles peuvent pour éviter un boycott des jeux par les nations mais aussi par les sportifs sur lesquels elles ont une grande emprise. Il y a donc une alliance objective entre les pays organisateurs et les sponsors.
Reste que le problème de l'organisation de cet évènement en Chine n'est qu'un problème ponctuel alors que d'autres questions ayant des répercussions plus profondes se posent à nous.
 

La Chine comme partenaire économique

Beaucoup d'entreprises européennes, américaines, japonaises, etc ont choisi de délocaliser une partie de leurs chaînes de montage et d'assemblage en Chine. Les raisons sont connues : faiblesse des coûts de production (bas salaires, loyers peu chers, etc) et présence sur un marché à fort potentiel. Tout cela a été encouragé par la politique économique du gouvernement chinois qui a tout fait pour attirer les investisseurs étrangers. Dans un contexte de libre-échange, il est normal que les entreprises cherchent à être présente partout tout en cherchant à rentabiliser au maximum leurs investissements. Cela a bien évidemment profité à d'autres pays que la Chine. Mais ce qui est frappant dans le cas chinois est la frénésie de ces investissements et le manque de vision à moyen et long terme de ces entreprises. Certes, ces dernières en profitent beaucoup maintenant mais ne se sont-elles pas tirées une balle dans le pied ? Le système économique fait que la Chine a acquis d'énormes capacités financières qui nous rendent de plus en plus dépendant d'elle. Les Chinois sont également en train de rattraper leur retard technologique à grands pas grâce aux transferts volontaires et involontaires de technologies. De plus, la concentration sans précédent de certaines productions dans ce pays est anormale et économiquement dangereuse ; c'est par exemple le cas des jouets. A cela s'ajoute que le niveau de qualité des composants et de la fabrication est souvent moyen voire médiocre. Certains experts et certains responsables politiques et économiques affirment que les pays économiquement développés conserveront une bonne avance technologique et une capacité d'innovation supérieure à des pays tels que la Chine ou l'inde. Ce raisonnement ne tient pas. Un pays peut rattraper son retard beaucoup plus rapidement que dans le passé. La Corée du sud et Taïwan commencent déjà à égaler les capacités d'innovations technologiques du Japon dans certains secteurs électroniques ! Pourquoi la Chine n'en serait-elle pas capable ?
Il faudrait éviter de mettre tous ses œufs dans le même panier et avoir une vision à long terme des effets d'une délocalisation importante de nos capacités de production. En favorisant trop la Chine ou un autre pays, les pays développés rétrograderont.
 
 
La Chine dans le concert des nations

En tant que puissance nucléaire, économique et démographique, la Chine est bien évidemment une pièce importante et incontournable de l'échiquier mondial. Les Etats-Unis semblent s'en être rendus compte au contraire des Européens. De par ses besoins en terme de matières premières (pétrole, métaux, gaz, etc), la Chine cherche à s'assurer des routes d'approvionnement sûres. Cela explique en partie la présence de plus en plus importante de ce pays en Afrique et et en Asie mais aussi ses tentatives, encore timides, en direction de l'amérique du sud. Le problème se posera également bientôt avec l'Inde et le Brésil.
Cependant, l'économie n'est pas la seule explication de cette "mondialisation de la Chine". Il y aussi des raisons politiques. L'économie chinoise s'est en partie libéralisée mais le système politique n'a pas suivi le même chemin. Ce qui se passe au Tibet mais aussi avec les Ouïgours montre bien que le régime chinois utilise le nationalisme comme un instrument de pouvoir. Il suffit d'entendre et de lire les slogans des manifestants déclarant que le Tibet fait et fera toujours partie de la Chine. Penser que le développement économique va améliorer les choses, c'est faire preuve de beaucoup d'optimisme voire de naïveté. A la différence de l'Union Soviétique, la Chine commence à avoir une puissance économique telle que le pouvoir ne sera sans doute pas immédiatement menacé par son opinion publique puisqu'il pourra satisfaire les besoins basiques de sa population. Ce pays développe et modernise également son armée afin de pouvoir contrer l'influence américaine jusque sur les océans (cf. la construction d'une immense base navale de Sanya à Haïnan 1). Cela doit lui permettre de protéger ses routes commerciales et de faire pression sur ses voisins avec lesquels il y a nombre de contentieux frontaliers agravés par la présence de matières premières et de sources d'énergie (2).
A tout cela, il faut ajouter un aspect culturel : la volonté de la Chine de retrouver son statut de première puissance du monde. Certes, ce n'est pas une particularité chinoise. Les Américains, les Russes et même les Français (sur un plan plus moral) veulent être les phares de l'humanité. Le problème est le contenu idéologique qui soutient une telle volonté. Le système politique chinois étant ce qu'il est, on peut plus que douter de ses bienfaits pour le monde.

Il est donc important de d'entretenir des relations avec la République populaire de Chine mais il faut aussi savoir s'opposer à elle quand cela est nécessaire. On le fait bien avec d'autres grandes puissances comme les Etats-Unis. Ce que messieurs Raffarin et Poncelet ont récemment fait ressemble plus à une pantalonnade qu'à une véritable mission diplomatique. Les pays occidentaux doivent comprendre la spécificité de la Chine et traiter avec elle d'égal à égal sans renoncer à leurs principes. Il en va de même pour nos relations avec la Russie. Le relativisme culturel trop poussé encourage à tout accepter même l'inacceptable. Quant à nos décideurs économiques, ils devraient éviter de ne s'intéresser qu'au court terme.
 
 
Hervé Tisserand 

07 août 2007

Liban : auto-censure française

 Il est parfois dans l'information des absences qui valent toutes les analyses du monde. Ce lundi soir, aucun des journaux télévisés de TF1 ou France 2 n'ont parlé des résultats des élections partielles qui se sont déroulées au Liban ce dimanche. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir ignoré l'existence de ces scrutins, puisque le dimanche soir des reportages leur étaient consacrés.

Ces mêmes résultats n'ont été relégués dans les journaux en ligne du Figaro et du Monde que dans les sous-catégories relatives, et non comme le jour des élections, dans les gros titres.

Pourquoi ce soudain désintérêt pour le Liban, pourtant sujet chéri des journaux français depuis 30 ans ? Pourquoi avoir donc relégué une information pourtant importante dans une région où la France tente de jouer un rôle majeure ? Pourquoi...

 Peut-être parce que les résultats n'ont non seulement pas été ceux espérés par les médias et la diplomatie française, ceux pour lesquels cette dernière oeuvre, mais aussi et surtout parce que ces résultats ont présenté une facette plus complexe du monde en général et du Proche-Orient en particulier que nos médias « occidentaux » n'aimeraient les voir. Ainsi, c'est un camouflet diplomatique que la France a pris dimanche soir, et ce fût une leçon de géopolitique pour les analystes et journalistes.

 *

Dimanche soir dans la circonscription du Metn-Nord, la région au nord de Beyrouth, le candidat de la majorité au pouvoir, l'ancien président Amine Gemayel, père de Pierre Gemayel, précédent député de la circonscription, mort assassiné en novembre 2006, a été battu par le candidat de l'opposition, un illustre inconnu du nom de Camille Khoury, membre du C.P.L de Michel Aoun. Cette victoire qui s'est jouée à 400 voix près, pour plus de 70 000 votants sur plus de 140 000 électeurs inscrits, a bien sûr des conséquences pour les Libanais, mais elle en aura aussi sur la façon dont la France devra conduire sa politique au Liban.

 La France soutient inconditionnellement, avec les Etats-Unis, l'Arabie-Saoudite et l'Europe, la majorité au pouvoir : une coalition composée du Courant du Futur de Saad Hariri, du P.S.P druze de W. Joumblatt et de partis chrétiens comme les Kataebs ou les Forces Libanaises. En face d'elle, l'opposition dont les fractions principales sont le Hezbollah, Amal et, récemment rallié, le Courant Patriotique du Liban de M. Aoun.

 Dans le petit monde médiatico-politique occidental, la chose est entendue : il faut soutenir les « bons » démocrates de la majorité contre les « méchants » auxiliaires de la Syrie qui sont dans l'opposition. Mais voilà, les choses sont plus complexes et face à cette complexité, on a préféré l'aveuglement, la facilité et plus grave pour les Libanais le parti-pris intéressé au détriment de la pluralité et de l'originalité libanaise. Or, les résultats de dimanche ont donné une autre image de la réalité de ce pays. Dans un processus démocratique, les Libanais d'une circonscription pourtant majoritairement chrétienne, mais où de nombreuses communautés religieuse cohabitent, ont choisi l'opposition.

 Ou plus précisément le candidat d'un parti qui fait de l'indépendance, de la déconfessionalisation et surtout de la « déféodalisation » du Liban son cheval de bataille, d'un parti dont le chef est le seul qui durant toutes les années du conflit de 1975 à 1990 n'a jamais composé avec l'occupant syrien et que nos médias présentent cependant aujourd'hui comme sa marionnette, allié du diable hezbollahi.

Mais combien en France et aux Etats-Unis ont lu la plate-forme de travail proposé par le C.P.L et signé par le Hezbollah ? Qui en Occident a lu les demandes de réforme constitutionnelle, vrais propositions de déconfessionnalisation du pays ? Qui s'est intéressé aux propositions d'amélioration du système électoral visant à défaire ces fiefs ancestraux sur lesquels s'appuient une partie de la majorité et qui alimente pourtant la corruption ?... Presque personne chez nous, mais au moins 35 000 au Liban. Et c'est bien là le principal.

Reste à savoir combien de temps cette réalité démocratique naissante va-t-elle tenir ? L'aveuglement comme les intérêts divergents font que les puissances régionales ou mondiales soufflent sur les braises libanaises encore chaudes, au risque de rallumer un incendie.

Et, si les médias français se sont abstenus de tout commentaire c'est parce qu'aujourd'hui les électeurs du Metn-Nord nous ont donné une leçon de démocratie.

 

Alexandre Joly.

01 juillet 2007

Ingérence historique

Mardi 27 juin, la commission des Affaires Etrangères du Sénat des Etats-Unis a adopté une résolution non-contraignante, demandant officiellement au Japon de reconnaître et s'excuser pour l'exploitation de « femmes de réconfort » dans les bordels militaires de campagne sous contrôle de l'armée impériale durant la deuxième guerre mondiale en Asie et dans le Pacifique.

Cette résolution, qui n'est pour l'instant pas une déclaration officielle du Sénat et n'a pour conséquent qu'une portée très limitée suscite néanmoins des remous des deux côtés du Pacifique. Car voulue par le député démocrate d'origine japonaise M. Honda, cette résolution a été soutenue par Nancy Pelosi et pourrait donc être l'avant-projet d'une résolution du Sénat à la portée plus internationale et beaucoup plus contraignante.

Et si dans les deux gouvernements on continue à clamer que les « relations américano-nippones sont inébranlables » ou comme le premier ministre japonais on rappelle que «cette commission adopte de nombreuses résolutions sans effet », ce vote de la comission est un coup très rude porté au Japon.

La presse nippone n'a d'ailleurs pas tardé à réagir, pressant le premier ministre Abe de prendre une position internationale claire. Or cela surgit à un moment où celui-ci doit affronter des élections partielles pour lesquelles son parti part handicapé, englué qu'il est dans une succession de scandales économico-politico-administratifs.

Cette résolution a aussi relancé le débat sur la perception et l'attitude qu'ont de leur histoire les Japonais comme le rappelait sur ce blog Hervé dans sa note du 7 mars. Or, une prise de position claire de Shinzo Abe aura une influence évidente sur le résultat des élections, car il devra choisir entre deux choix politiques bien tranchées aux conséquences intérieures et internationales importantes.

Ces deux positions les éditoriaux des deux grands journaux japonais publiés ce mercredi s'en font les échos respectifs.

*


Ainsi le Yomiuri Shinbun, grand journal de droite a tout à la fois critiqué la résolution américaine, car « basée sur une perception erronée des faits », et le premier ministre pour son attitude jugée conciliante envers les théses qui accusent l'armée japonaise d'avoir été impliqué dans le recrutement et la gestion des bordels militaires. Le journal reproche surtout à Shinzo Abe de s'inscrire dans la lignée officielle des gouvernements japonais depuis 1993 qui ont fait de la déclaration du Directeur de Cabinet d'alors, Yohei Kono, leur approche officielle de l'histoire. Celui-ci avait ainsi affirmé que « l'armée a été directement ou indirectement impliqué dans le recrutement forcé des femmes de réconfort ».

Le Yomiuri défend quant à lui dans ses colonnes la thése « qu'aucune preuve n'a jamais été trouvé prouvant le recrutement forcé de femmes de réconfort par les autorités militaires ». Il se fait ainsi le porte-parole des nombreux hommes politiques japonais qui remettent en cause la déclaration Kono. Hommes politiques dont S. Abe a fait un temps parti, affirmant réguliérement des propos ambigues notament en mars de cette annèe.

A cette époque le premier ministre avait dû néanmoins faire machine arrière et se faire l'avocat de la déclaration Kono devant les risques de réactions internationales, notament chinoises et coréennes. Car, ses principaux succés politiques sont d'ordre international, lui qui avait promis durant sa campagne de normaliser ses relations avec la Chine et la Corée du Sud et dont les rencontres avec les dirigeants de ces pays furent l'aboutissement. Les chancelleries asiatiques guettent chacune de ses interventions sur l'histoire et le moindre faux pas peut ainsi avoir des conséquences diplomatiques.

C'est d'ailleurs sur le thème du bras de fer diplomatique que Taro Aso, le très à droite ministre des Affaires Etrangeres avait commenté les préparatifs à cette résolution en mars, dénonçant « le lobbying d'ennemis du Japon aux Etats-Unis liés aux Chinois et aux Coréens

Ce front «négationniste» a par ailleurs tenté de faire la publicité de ses théories en s'offrant une pleine page du Washington Post, intitulée The facts. Cela eut bien évidemment l'effet inverse au résultat recherché puisque la commission n'a pas changé sa position, mais cela a surtout donné à l'affaire un retentissement encore plus grand et provoqué des réactions indignées. C'est ainsi que pendant que la commission américaine passait sa résolution, le président de la Chambre des Représentants du parlement hollandais expédiait un courrier à son homologue nippon, Yohei Kono (le même que celui de la déclaration de 1993 !), se plaignant de la trop grande liberté et du peu de contradiction qui était opposé aux députés « négationnistes ». Il rappelait surtout que des citoyennes hollandaises, suite à l'invasion de l'Indonésie, alors colonie battave, par les troupes impériales, avaient été faites prisonniéres et prostituées de force.

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Cet activisme de dizaines de députés, provenant aussi bien des rangs du Jiminto au pouvoir que du Minshuto principal parti d'opposition, l'éditorial de mercredi du grand journal de gauche l' Asahi Shinbun l'a clairement dénoncé. Comme il dénonce réguliérement dans ses colonnes toute attitude qui vise à nier ou falsifier les actions commises pendant la période coloniale et la guerre. Soit à travers des déclarations d'hommes politiques, soit à travers les commissions qui établissent les programmes scolaires d'Histoire.

En desaccord avec Shinzo Abe, l'éditorial estime que cette résolution est beaucoup plus grave qu'il ne pense et aura des conséquences diplomatiques car permet de mettre en doute la crédibilité démocratique du Japon, ce qui est néfaste quand on souhaite intégrer le Conseil de Sécurité des Nations Unis, ou prendre plus de place dans la gestion des affaires du monde. Le journal souligne que le « Japon prend des coups à chaque fois que des politiques japonais disent ou font quelquechose qui peut être interprété comme la justification des actes commis durant la guerre», et réclame en conséquence une attitude plus claire de la part du premier ministre.

Le journal lui reproche à mots couverts, comme beaucoup de monde, de ne s'être converti que trop tardivement à la déclaration Kono et de ne pas être apte à la défendre avec conviction. De même que sur le sujet, il lui est reproché de ne pas avoir mis en avant le travail de réflexion opéré par la société japonaise au sortir de la guerre, sur celle-ci et sur la colonisation. faisant d'elle une société antimilitariste.

Surtout, enfant d'une lignée politique qui a eu sa part de responsabilité pendant la guerre, conservateur, son attitude repentante est encore trop ambivalante pour être réellement crédible, comme l'ont démontrées ses visites au temple du Yasukuni qui renferme les âmes des soldats morts pour le Japon depuis le XIXe siècle. Dont celles de criminels de guerre.

Mais l' Asahi Shinbun ne concentre pas seulement ses attaques sur le Japon, il s'en prend aussi à la commission américaine et sa résolution « dont de nombreux points peuvent être remis en question ». Il lui est reproché notament d'occulter toutes les déclarations déjà faites par le Japon en matière de reconnaisance et d'excuses, mais aussi de compensations, rappelant que tous les premiers ministres depuis 1993 ont réguliérement envoyé aux victimes des lettres d'excuses et de compassions, accompagnées de dédommagements financiers.

Alexandre Joly

Ingérences historiques II

Cette ingérence historique que se permet le Sénat américain est, moralement scandaleuse et condamnable ; politiquement contre-productive et dangereuse. S'il n'est pas ici question de remettre en cause la réalité de la prostitution forcée de milliers de femme en Asie, et s'il n'est pas question non plus d'accorder le moindre crédit aux négationnistes nippons, on peut remettre en cause cette attitude moralisatrice des Etats-Unis qui vise à dicter aux autres pays (qui plus est ici, un de leurs plus fidèles alliés !) comment lire leur histoire.

Moralement scandaleuse elle l'est car les parlementaires américains, pas plus que leurs homologues français ou autres, n'ont à s'ériger en procureur de l'Histoire. Nous n'aurons de cesse à répéter ici que les parlements et les tribunaux ne sont nullement des endroits où doit se pratiquer la recherche ou l'enseignement de l'Histoire. Le Japon, comme les Etats-Unis ou la Corée du Sud sont des démocraties avec des systèmes universitaires de grandes qualités et aux chercheurs de renommées internationales. C'est à eux de faire avancer la connaissance et non à quelques députés en quête de renommée facile.

Facteur aggravant, cette résolution fait fis des différents courants de pensée dans l'opinion japonaise, la rendant monolithique et laissant croire que tous les Japonais adoptent cette position négationniste . Ce qui est évidemment une tromperie.

Condamnable elle l'est quand on analyse non seulement l'intitulé de la résolution mais aussi quand on voit quelles sont les sources sur lesquelles se sont appuyés les parlementaires et quelle a été la méthodologie de leur recherche. Dire que le travail de recherche a été très faible et parfaitement partial n'est qu'un doux euphémisme. Mais ce reproche on peut et doit aussi le faire à toutes les commissions parlementaires qui cherchent à faire de l'histoire et notamment celles qui sont en France à l'origine des lois dites mémorielles sur l'esclavage ou sur le « génocide » arménien. Les parlementaires ne sont pour la plupart pas des historiens, ils n'en ont ni la formation ni les compétences, et on ne le devient pas tout aussi facilement qu'on ne s'improvise médecin. Ce qui produit généralement des préambules historiques navrants à ces résolutions.

Quand ce n'est pas le contenu de la résolution qui l'est. Ainsi, en demandant au Japon de « reconnaître le rôle de son armée dans l'enrolement forcé » de milliers de femmes, cette commission a fait preuve d'un aveuglement et d'une méconnaissance terrible de l'attitude des différents gouvernements japonais depuis 1993 et la fameuse déclaration de Yohei Kono. Comme le soulignait l'Asahi Shinbun, tout ce que demande cette commission a déjà été fait : Tous les premiers ministres japonais dont Shinzo Abe ont fait de la déclaration Kono la position officielle du gouvernement japonais.

En réclamant au gouvernement japonais de s'excuser, la commission parlementaire américaine omet aussi les lettres d'excuses que chaque premier ministre depuis 1993 a écrit et envoyer aux différentes victimes féminines qui servirent de « femmes de réconfort ». Lettres qui reconnaissent les faits et demandent pardon pour les atrocités subies. On peut aussi s'interroger pour savoir pourquoi la commission a en sus oublié de parler du fond d'indemnisation qui a été mis en place par le gouvernement japonais ? Fond qui a permis d'allouer des indemnités aux victimes. En conclusion, cette commission n'a pas fait un travail d'Histoire, elle a instruit à charge.

Et comme tout procès historique, les travaux sur lesquels se sont appuyés la commission sont plus que critiquables. Ils ont cherché à frapper les esprits plutôt qu'à reproduire une réalité. Durant les auditions de cette commission un parlementaire a fièrement présenté au public un ouvrage sur lequel il s'était appuyé. (Je n'ose pas croire que ce soit le seul qu'il ait lu !) Cet ouvrage, The Rape of Nanking , écrit par une journaliste chinoise est un condensé des atrocités commises par l'armée impériale lors de la prise de la ville de Nankin. Et s'il n'est encore une fois pas une seule seconde question de remettre en cause les crimes commis par l'armée japonaise, cet ouvrage est historiquement très critiquable et truffé d'erreurs et approximations. Il n'est en aucun cas considéré comme un travail historique crédible. Ce qui est ennuyeux pour une commission qui prétend dicter l'Histoire.

Mais au-delà de l'aspect moral, cette déclaration aura certainement un impact contre-productif. Car comme tous les pays qui reçoivent un diktat US la société nippone adoptera une position sinon contraire, en tout cas fera le dos rond. Non par idéalisme ou négationnisme historique mais par fierté nationale et soucis de défendre son indépendance et sa liberté de pensée contre une attitude arrogante et déplacée.

Mais surtout cette résolution est dangereuse car une fois de plus les Etats-Unis installent dans le « Grand Jeu » fragile des relations internationales un nouveau principe perturbateur : Le droit d'ingérence historique. Après le droit à la guerre préventive, le droit d'ingérence humanitaire, ce droit à l'ingérence historique va légitimer les revendications et demandes de repentance des nationalistes et extrémistes de tous poils qui chercheront dans l'Histoire tout contentieux permettant de demander excuses et réparations à leurs voisins. Avec les risques de crises et de violences qui en découlent.

Si cette résolution est emprunte de bons sentiments, elle est le symbole d'un messianisme morale en matière diplomatique qui est aujourd'hui la marque de fabrique de la politique étrangère des Etats-Unis, et cela quelque soit le parti au pouvoir. Il est aussi et surtout un magnifique et hypocrite cache-sexe, pour d'autres politiques moins vendables aux opinions publics.

Cette résolution est en fin de compte la parfaite illustration de deux vices ou dérives dans la façon d'aborder la politique étrangère dans nos démocraties occidentales.

La première d'entre elle a été définie par Samuel Huttington en 1996 dans son ouvrage  Le choc des Civilisations . Celui-ci voyait comme l'un des trois moteurs de ce choc, après l'intolérance d'un monde Islamique et le nationalisme chinois, l'arrogance de l'Occident. Cette arrogance qui vise à imposer aux autres cultures ou civilisations un processus de pensée, un mode de vie et de gouvernance de type euro-américain qui ne prendrait pas en compte leurs différences et surtout apparaitrait à ces populations comme un incroyable manque de respect. Aujourd'hui, comme au dix-neuvième siècle, nous pensons pouvoir amener notre lumière sur le reste du monde. Sans nous rendre compte que les rapports de force ne sont plus les mêmes.

Cet aveuglement des rapports de force et des réalités est la deuxième dérive des politiques étrangères en cours en Occident depuis 15 ans. Elle a été magnifiquement illustré dans l'expression d'  « Irrealpolitik » par Hubert Védrine dans son ouvrage Continuer l'Histoire. Où comment la croyance que nos sociétés sont meilleures et nos valeurs supérieurs nous ont fait nier les réalités du monde pour nous penser nouveaux messies de la liberté et de la démocratie.

Arrogance et aveuglement, voici quelles sont les motivations de cette résolution, et pourquoi elle est condamnable. Arrogance et aveuglement qui sont pourtant aussi les raisons de l'échec en Irak.

Alexandre Joly.

09 mai 2007

UDF Japon devient MD Japon !

Suite à l'annonce de la création du mouvement démocrate (MD) par François Bayrou, nous avons décidé de renommer notre blog "MD Japon". Notre logo a également été modifié. L'aventure continue au-delà de l'élection présidentielle. D'importantes élections vont encore avoir lieu : législatives, municipales, etc. Il faut donc continuer le combat et la promotion de nos idées. Au contraire de plusieurs députés UDF qui ont choisi de rallier définitivement Nicolas Sarkozy, nous souhaitons continuer à oeuvrer pour un centre indépendant, fort, fier de ses projets et rassembleurs !
 

Hervé Tisserand et Alexandre Joly. 

15 avril 2007

Les graves lacunes de N. Sarkozy

On se souvient qu'au début de cette campagne les opposants à S. Royal ont, certainement à juste titre, raillé ses compétences quant à diriger un pays. En effet, ses nombreuses lacunes affichées en matière de politique étrangère (à propos de l'Iran notamment), ou dans le domaine militaire (avec l'histoire des sous-marins) furent de nature à s'interroger sur ses capacités.

Et les partisans de N. Sarkozy en ont vite déduit que seul leur poulain avait la carrure pour rentrer dans le costume de président. Néanmoins, les plus lucides durent vite déchanter en voyant leur candidat faire montre des mêmes lacunes que son adversaire socialiste.

On se souvient de son incapacité à répondre correctement à une question pourtant similaire que celle posée à S. Royal sur les sous-marins nucléaires (les images de l'interview sont disponibles sur ce blog), ou encore du malaise que suscitèrent ses propos sur l'attitude « arrogante » de la France avant la guerre du golfe et son atlantisme forcené. Et ce n'est pas son discours de politique étrangère, bien préparé par Lellouche, qui a masqué son évidente ignorance en la matière.

Preuve en est, l'extrait suivant d'une interview réalisée par J.P. Bourdin qui le questionne sur la « nature religieuse» de la nébuleuse Al Qaida. Rappelons que N. Sarkozy, comme ministre de l'intérieur de 2002 à 2004 et de 2005 à 2007, a été  en charge de la lutte anti-terroriste dans notre pays, et a donc eu à « combattre » Al-Qaida.

 
envoyé  par rmc
   Voici donc un homme qui pendant plus de quatre ans a eu la charge de coordonner et d'assurer la sécurité des Français et qui ignore les caractéristiques les plus élémentaires de la structure terroriste la plus dangereuse qui menace la France. Inquiétant !

Car : «  Non monsieur Sarkozy, on peut, contrairement à ce que vous dites, déterminer sans erreur la branche de l'Islam à laquelle se rattache Al-Qaida : Le Sunnisme. On peut même dire de quelles écoles de pensée le kharadjisme et de quels théoriciens ce groupe se revendique : A savoir les Egyptiens Sayed Qutb, auteur du manifeste Signe de piste et Abd El Salam Faraj, auteur du traité jihadiste L’impératif occulté.

De nombreux spécialistes ou anciens membres des renseignements comme Omar Nasri dans Au coeur du Jihad en 2006,ou d'universitaires criminologues comme Sifeddine Elblidi dès 1989 dans son Introduction à l’islamisme: le groupe Al-Jihad et l’organisation de la violence, ont écrits sur le sujet. Mais lisez-vous autre chose que des livres de marketing ?  Et que faisiez-vous donc lors des rapports de la D.S.T, de la D.N.A ou ceux des R.G ? »

On peut identifier les référents religieux d'Al-Qaida et on doit le faire pour être en mesure d'appréhender les groupes qui peuvent lui prêter allégence, et ceux au contraire qui lui seront toujours opposés. Et ainsi traquer ceux qui peuvent devenir nos ennemis et s'allier avec ceux qui peuvent devenir nos amis.

Mais N. Sarkozy préfére la facilité et la simplicité de l'amalgame. Il a ainsi adhéré au concept de «guerre au terrorisme » qui n'est qu'un slogan publicitaire vide qui passe bien dans les médias et est facile à comprendre par une population dopée à 24 Heures Chrono . Et tant pis si c'est déconnecté de la réalité du terrain, car il est dit que les élections dans nos démocraties post-moderne ne se gagneraient plus sur l'analyse, le raisonnement et le sérieux des candidats.

Mais que les Français sachent que toute ignorance engendre un aveuglement et favorise une vision binaire et simpliste du monde. C'est parce que les Américains, les Anglais et les Espagnols ont eu des gouvernements tout aussi ignorants et aveugles qu'ils ont mené leurs pays dans des guerres catastrophiques qui n'eurent pour conséquence que d'aggraver les tensions internationales et porter le terrorisme jusque chez eux.

Or comme l'ont montré les attentats d'avant-hier commis à Alger et imputés à l'ancien G.S.P.C devenu Organisation Al-Qaida au Maghreb Islamique en ce début d'année, la menace est plus que jamais réelle. Car la France est pour ce groupe une des cibles annoncées comme l'ont révélé des vidéos de propagande diffusées sur le Net en février et mars.

Or comment pourrions-nous nous sentir protégés par un homme ignorant les fondements idéologiques basiques de nos ennemis ? Comment cet homme va-t-il pouvoir envisager une stratégie de défense effisciente s'il ignore comment reconnaître ses alliés et ses ennemis et confond les intérêts sécuritaires de la France avec les intérêts économiques et électoraux d'autres puisssances ?

Alexandre Joly.

22 mars 2007

Combat pour la Francophonie

Ce 20 mars était la journée de la francophonie dans le monde. Une journée dont la couverture a été très modérée, un peu à l'image de ce qu'est la francophonie dans cette campagne électorale : une grande oubliée.

Au Japon, néanmoins, les francophones ont eu droit à leurs articles dans les journaux plus que ce ne fut le cas en France même. Mais surprise, ce ne fut cependant pas à la rubrique Culture, mais à celle de la Justice.

En effet, le 19 mars, un groupe de 74 personnes de différentes nationalités a décidé de poursuivre en justice le Gouvernorat de Tokyo pour les propos desobligeant de son chef, le gouverneur Shintaro Ishihara à l'encontre de la langue et de la culture française. Cette plainte faisant suite à celle déposée en 2005 par 34 plaignants contre Ishihara en personne pour les mêmes propos.

A plusieurs reprises ses dernières années, Shintaro Ishihara a eu des propos déplacés envers la langue française. Certes le personnage est coutumier du fait, puisqu'il est connu pour ses diatribes contre les étrangers (principalement Chinois et Coréens) qu'il qualifia du terme colonialiste de « sangokujin » en Avril 2000, ou encore les femmes âgées qu'il traita de « babaa », équivalent de  « vieilles peaux  inutiles » en 2001.

Ses propos sur la langue française sont intervenus le 19 octobre 2004 lors d'une réunion de soutien à l'Université municipale de Tokyo durant laquelle il a expliqué que « le français était disqualifié comme langue internationale parce que c'est une langue inapte au calcul ».
Aprés une demande d'excuse provenant de plusieurs professeurs de français, il persista le 15 juillet 2005 en expliquant que « les indigènes de Tahiti comptent de façon beaucoup plus rationnelle».
Mais plus grave, les foudres verbales de Ishihara s'abatirrent sur les Français dans leur ensemble le 19 septembre 2005 lors d'une conférence de presse à la mairie de Tokyo quand il affirma que « ce pays d'irresponsable qu'est la France veut proposer ses services (de retraitement d'eau) dans son ancienne colonie d'Indochine, alors que l'eau de France n'est même pas buvable. C'est pour cela qu'ils boivent tous de l'eau d'Evian ».

La stupidité et l'aspect erroné de tels propos auraient pu laisser indifférent s'ils n'avaient des répercussions économiques et culturelles importantes. Les dires de Ishihara ont en effet été relayé dans la presse et à la T.V japonaises qui se sont gaussés de l'étrangeté de notre façon d'énoncer les dizaines 70, 80 et 90 et de la difficulté à les assimiler.

Or ridiculiser une langue en dénonçant sa difficulté d'apprentissage et son inutilité c'est lui faire une contre-publicité qui ne peut qu'inciter d'éventuels étudiants à s'en détourner, et donc l'appauvrir jusqu'à la rendre internationnalement inopérante, mais surtout dans un premier temps cela a une répercussion économique pour ceux qui vivent de son enseignement.

Ce n'est donc pas un hasard si à la tête de ce combat on retrouve le directeur d'une école de français de Tokyo, M. Malik Berkane (dont un lien vers son site est accessible dans la rubrique Combats) soutenu par de nombreux professeurs d'université du Japon. Celui-ci est à l'origine de la première plainte contre Ishihara et de la seconde contre le gouvernorat de Tokyo.

Ce combat, les autorités françaises, si prompt à des déclarations tonitruantes sur la francophonie auraient du le soutenir. Or, ni l'ambassade, ni le ministère des Affaires Etrangères n'ont manifesté la moindre opposition aux propos de Ishihara. Et c'est donc, sans soutien officiel que Malik Berkane et d'autres professeurs de français défendent notre langue devant les tribunaux nippons.

Cette dernière plainte, déposée la veille du Jour de la Francophonie l'a été après que Ishihara ait changé sa stratégie de défense en octobre 2006, affirmant que ses propos n'étaient plus personnels et privés, mais étaient officiels et engagés donc l'administration tokyoïte. Ainsi, s'il y a condamnation, ce ne sera plus lui qui paiera, mais le gouvernorat.

Stratégie surprenante à moins d'un mois des élections gouvernatoriales qui voient Ishihara briguer un troisième mandat. Son plus sérieux adversaire Shiro Asano, indépendant comme lui, mais « soutenu » par le Parti Démocratique du Japon, a d'ailleurs fait des diatribes de Ishihara un de ses thèmes de campagne. Lors d'une conférence de presse au Club des Correspondants Etrangers de Tokyo lundi 19 mars, il a estimé que «c'est un gros problème que le gouverneur de Tokyo pointe (ainsi) du doigt des nationalités» .

Sa langue est un des atouts de notre pays, il est du devoir de nos dirigeants de la défendre aux côtés de ses concitoyens de l'étranger.

Alexandre Joly.