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08 mai 2007

François Bayrou : discours du 6 mai 2007

François Bayrou a félicité le vainqueur de l'élection présidentielle tout en lançant quelques mises en garde. Il a également annoncé la création d'un Mouvement Démocrate expliquant que "les démocrates seront des rénovateurs et des rassembleurs".

 

 Hervé Tisserand

05 mai 2007

L'heure du choix

Dans la note précédente, j'exprimais le peu de cas que je fais du vote nul, blanc ou de l'abstention dans le cadre d'un second tour électoral. Soulignant que la responsabilité de chacun était de s'engager, même à son corps défendant pour un projet de France ou un autre. Je n'avançais néanmoins aucune opinion quant à ce que serait mon choix.

Celui-ci je l'ai effectué sur la capacité de chacun des deux candidats à mettre en oeuvre une politique qui s'évertuera à résoudre les grands problèmes qu'affronte notre société, sinon à ne pas les aggraver. Pour cela je me suis appuyé tant sur les projets annoncés de chacun que sur leur passé et leur environnement politique.

Quels sont les problèmes de la France que François Bayrou avait si bien su mettre en évidence : principalement un déficit démocratique criant duquel découle une déligitimation du pouvoir, une méfiance à l'encontre de toute forme d'autorité et une crise sociétale sans précédent.

Les émeutes de l'automne 2005, comme les affrontements entre pompiers et policiers que j'ai déjà évoqué ou encore les échauffourées devant cette école de Paris ne sont que les faces cachées d'un iceberg qui menace la société française. Or l'histoire récente de la France montre la capacité de notre peuple à se révolter et faire couler son propre sang (1789, 1830, 1848, 1870 / 71 et plus récemment dans les annèes 1950 en Algérie) quand un pouvoir s'aveugle et se refuse à discuter.

Or pour éviter de tels engrenages, il est impératif de modifier la façon de gouverner, les outils de gouvernance et de choisir l'homme ou la femme en mesure de réaliser ses changements et de pacifier les tensions sociales . La crise ubuesque du CPE, durant laquelle le gouvernement a fait voté en force par le parlement à coup de 49-3 une loi avant de se rétracter en ne l'estimant plus si bonne, pour se finir par une intervention du président de la République, pourtant garant de la bonne application des lois, ordonnant de ne pas appliquer la dite loi est exemplaire de la crise constitutionnelle, politique et morale que nous vivons.

Des deux candidats, force est de contacter que l'un a été un acteur majeur de cette crise : N. Sarkozy.

La France a besoin pour réparer cette crise d'un parlement représentatif (donc en partie élu à la poportionnelle, comprenant une représentation des Français de l'étranger...) d'un Conseil constitutionnel qui puisse s'auto-saisir et refouler des lois anticonstitutionnelles, d'un président responsable de ses actes, d'une justice qui ne soit plus à la botte du politique.

Des deux candidats, l'un ne veut rien changer ou presque et l'a dit : N. Sarkozy a seulement envisagé comme réforme institutionnelle de limiter à 2 mandats le poste de Président promettant juste de diriger autrement.
L'autre, S. Royal, a inscrit dans son programme des réformes institutionnelles claires au travers d'une 6ème République annoncée (renforcement du pouvoir du parlement; abandon du 49-3; fin de la direction du Conseil Supérieur de la Magistrature par le Président de la République, utilisation de la proportionelle, représentation des Français de l'étranger...).

Ces projets de réforme font à mon sens la différence. Mais les promesses sont une chose, la crédibilité de l'un et de l'autre à les mettre en oeuvre en est une autre.

Quand N. Sarkozy promet dans sa profession de foi une « une démocratie irréprochable, au service de la France et des Français, transparente dans l'exercice du pouvoir, impartiale dans les nominations », des faits récents et des promesses faites le contredisent gravement.

L'impartialité est tout d'abord contradictoire avec toute forme de discrimination positive comme il l'a promis. Le communautarisme qu'il prône l'est aussi. Comment parler d'impartialité quand il promet aux descendants de Harkis qu'ils bénéficieront de la discrimination positive, sous-entendant même que l'un d'entre eux dirigerait un musée ?

Comment parler de nomination impartiale quand N. Sarkozy négocie avec J. Chirac la nomination du juge Courroye, un ami personnel, à la tête du tribunal de Nanterre en janvier 2007. Tribunal qui a en charge les affaires des Hauts-de-Seine, fief de N. Sarkozy et celles des emplois fictifs de la mairie de Paris et donc les enquêtes passées et actuelles sur J. Chirac ? Juge Courroye, pourtant jugé corriace, qui fit preuve d'une grande mansuétude envers le couple présidentiel dans l'affaire de leurs « frais de bouche » lors de leur passage à la mairie de Paris. Cette nomination suit celle de Laurent Le Mesle, ancien conseiller « justice » de J.Chirac, et directeur de cabinet de P. Clément (soutien de N. Sarkozy) à l'époque de sa nomination, comme Procureur Général à Paris.

A l'opposé, le Parti Socialiste avec ses primaires a démontré une réelle avancée démocratique , et S. Royal durant sa campagne avec sa proposition de jurys-citoyens a démontré son sens de l'écoute.
De même en annonçant la tenue d'un nouveau référendum sur l'Europe elle a démontré l'intérêt qu'elle porte aux choix des Français, contrairement à N, Sarkozy qui a annocé que tout nouveau traité serait ratifié par le parlement et non par un référendum. Faisant fis du premier choix des Français. Cela ne les réconciliera ni avec la politique ni avec l'Europe.

Je ne pense pas que la crise que vit la société française soit juste une crise économique, et le programme très mauvais en la matière de l'un et de l'autre n'aura aucune conséquence sur le rapport qu'ont les Français avec l'Etat et entre eux. Pas plus que la politique écologique. C'est pourquoi ils ne rentrent pas en ligne de compte dans mon choix final.

En revanche la tendance Atlantiste avouée de N. Sarkozy, son acceptation tacite d'un choc des civilisations par sa fixation infondée sur la Turquie et une conception communautariste de sa politique étrangère qui sert à renforcer son pouvoir intérieur, si elles sont là aussi sans grande conséquence sur la crise française, elles m'incitent à me rapprocher de S. Royal, plus gaulliste et respectuseuse de la tradition diplomatique française.

C'est donc au nom d'un certaine conception de la démocratie et de son exercice que je voterai pour Ségolène Royal.

Alexandre Joly.

04 mai 2007

Le bulletin final

Ce dimanche sera pour les militants démocrates que nous sommes un véritable créve-coeur. Nous allons devoir faire un choix entre deux propositions dont aucune ne nous satisfait et dont nous savons tous qu'il n'en sortira rien de fondamentalement changer pour la France.

La tentation première serait donc de ne pas se déplacer et de laisser les 57% de votants, qui ont portés leur voix sur S. Royal et N. Sarkozy, se départager entre eux, pendant que nous nous prélasserions aux rayons d'un soleil printanier, nous satisfaisant des 18 % de François Bayrou (28 % à Osaka !). Ou pour les plus courageux, irions voter nul ou blanc.

Ce n'est cependant pas le sens que je me fais de l'action politique.

S'engager, c'est être responsable. Et être responsable, c'est choisir. Et ce, même si les options à envisager ne sont pas celles que l'on aurait aimées avoir à prendre. Dans cette optique, puisque le vote blanc n'a aucune valeur dans des élections en France et qu'il ne peut pas être compris comme l'expression d'un troisième choix qui viserait à bloquer l'accession au pouvoir de l'un et l'autre, il n'est rien d'autre qu'un refus de prendre ses responsabilités. Car comme l'a justement écrit Reine Malouin dans Cet ailleurs qui respire : « L'abstention est un recul avant de devenir une lâcheté. »

Au soir du 6 mai, nous aurons quoiqu'il advienne (même 51 % d'abstention !) un nouveau président qui dirigera le pays pour les 5 prochaines annèes. Et il est de notre devoir de faire en sorte que celui ou celle que nous pensons être le meilleur, ou le moins pire soit élu. Car même si on ne les aime pas, S. Royal et N. Sarkozy sont bien différents.

Et c'est sur ces différences que nous devons définir notre vote futur.

Voter pour un candidat, ce n'est jamais adhérer à 100 % avec ses choix, ses idées. Même s'il existe bien des partis où le suivisme fanatique et aveugle fait recette, ce ne sont pas là des valeurs « démocrates ». Notre choix doit donc se porter vers celui ou celle avec qui on semble avoir le plus de convergences et le moins de divergences sur la vision de la nation, une gestion juste du pays, une utilisation judicieuse et respectueuse du pouvoir. Et ce dans le seul intérêt de la France.

Assumer un tel choix sans s'y dérober est un devoir citoyen.

Il ne doit pas être entravé par quelques considérations politico-tacticiennes sur une refonte du paysage politique français (éclatement du P.S ou de l'U.M.P...) comme on a pu le lire. Il ne peut non plus être camouflé sous un point de vue poujadiste qui vise à annihiler les différences dans une dialectique du : « Tous pareils, tous pourris ». Si U.M.P et P.S ont des intérêts communs, ils ont aussi de nombreuses divergences.
Le futur président appliquera une politique dont les conséquences toucheront directement la vie de 60 millions de Français. Il est donc du devoir de chacun d'entre nous d'opter pour la politique qui nous semble la meilleure ou ... la moins pire.

Alexandre Joly

01 mai 2007

SARKOZY, MAI 68 ET LES NEO-CONSERVATEURS

Lors de son show à Bercy, dimanche 29 avril, N. Sarkozy a pendant près de 20 minutes fait de nouveau le procès de Mai 1968 :  « Mai 68 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral. Les héritiers de mai 68 avaient imposé l’idée que tout se valait, qu’il n’y avait aucune différence entre le bien et le mal, entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. ». Il inscrit ainsi son discours dans la droite ligne des thèses des néo-conservateurs américains, et de celui qui est leur maître à penser, le philosophe allemand Leo Strauss pour qui l'Occident décline, et ce déclin serait à chercher dans un abandon de ses valeurs morales.

Ce n'est pas chez N. Sarkozy une nouveauté, c'est même une récurrence lorsqu'il s'adresse à des jeunes. On se souvient ainsi de son meeting le 18 mars 2007 au Zénith de Paris intitulé Grand Meeting des Jeunes lors duquel il affirma que : « Le drame de la jeunesse française depuis quarante ans, le vôtre par conséquent mais aussi celui de vos aînés et celui de ma génération, c’est qu’au lieu de lui apprendre à aimer on le lui a désappris. Entre la glorification de l’instinct et la montée de l’utilitarisme, on a étouffé cette alliance du sentiment et de la raison qui était l’essence même de la civilisation et de la culture. ».

Il présentait donc déjà Mai 1968 comme l'origine de tous nos maux actuels car :  « Depuis des décennies nous n’apprenons pas à aimer nous apprenons à détester. La mode est à la détestation de soi, à la détestation de la famille, de la nation, de la société, de la culture, de la civilisation, à la détestation de l’Occident, de la religion, de la morale, de l’intelligence, à la détestation du devoir, du travail, de l’excellence, de la réussite … ». Il est fort dommage qu'en mars personne, faute de débat, ne lui posa la question de savoir sur quels analyses il s'appuyait pour émettre un tel constat et faire de telles déclarations. Car si les auteurs de la dénonciation de l'auto-dénigrement sont facilement identifiables, j'attends qu'on nous présente les hérauts de l'auto-dénigrement. Qu'on nous dise enfin, qui en France ferait l'apologie du déclin, de la repentance... Quelle école de pensée ? Quels intellectuels ? Quels livres ? Pour quelle audience ?

Pour en revenir à Mai 1968, prétendre qu'un événement qui a eu lieu il y a plus de 40 ans, dont les retombées politiques furent assez faibles (rappelons qu'aux Législatives de juin 1968 l'UDR du président a obtenu plus de 60% des voix) serait à l'origine d'un soit disant déclin moral et le coeur de notre crise actuelle tient plus de l'imposture intellectuelle et du charlatanisme historique que de la reflexion politique.

Mais dans sa quête pertpétuelle du bouc émissaire, N.Sarkozy a besoin de cibles pour galvaniser ses troupes. Or, dans une phase de second tour où il faut rassembler, trouver une tête de Turc qui ne vote pas, c'est un exercice assez difficile. Ainsi la critique d'un événement historique que notre société de communication a largement emplifié, sur lequel nombres de critiques ont déjà été formulées et auquel on peut identifier son adversaire est une stratégie sommes toutes logique même si intellectuellement nulle.

On ne fera pas ici une analyse de Mai 68 et de ses conséquences car c'est un exercice périlleux d'histoire contemporaine qui demande une connaissance approfondie des évolutions de la société française dans la seconde partie du XXème siècle. Connaissances que N. Sarkozy n'a sans nulle doute absolument pas. Car Mai 68 s'inscrit dans un processus long de mutation de la société française et du monde en général et n'est en soit qu'un épiphénomène. En faire ainsi la cause des violences dans les banlieues, du chômage ou de la faible productivité en France est complètement absurde.

Mais on peut en revanche replacer le discours de N. Sarkozy dans une lignée idéologique: celles d'universitaires américains comme Léo Strauss donc, mais aussi son élève Allan Bloom (auteur en 1987 de L'Ame désarmée) ou aussi Saul Bellow (auteur lui en 2002 de Ravelstein). En matière de politique étrangère on peut leur rattacher S. Huttington et son Choc des civilisations.

Ceux-ci discourent contre le relativisme culturel et moral depuis les annèes 60. Ce relativisme culturel qui aurait abouti au politiquement correcte et dont les hommes qui le combattent sont la branche « intellectuelle » du néo-conservatisme américain, et dont messieurs P.Wolfowitz, J. Ashcroft ou R. Pearl sont les tenant politiques. Ils dénoncent l'abandon des valeurs qui selon eux forgèrent les cultures occidentales : le travail, a famille, la nation (j'ai failli dire patrie)...

Jean-François Revel, auteur de Ni Marx ni Jésus, publié en 1970, et qui a entre autre analysé toute sa vie les évolutions de la pensée américaine relevait dans les écrits de A. Bloom une dénonciation « du mépris de la société occidentale par elle-même » et qui est d'une « extrême sévérité pour la culture occidentale, se refusant à la reconnaître supérieure en aucun point. ».

En France, chez les intellectuels, P. Bruckner en 1983 dans Les sanglots de l'homme blanc reprenait ses thèses, puis R. Redeker ou Glucksmann. Mais ce n'est que récemment que celles-ci apparurent dans le discours politique dans les propos de N. Sarkozy avec une formidable similitude.

Le discours, excessivement violent et agressif de N. Sarkozy de dimanche soir à Bercy, durant lequel il a accusé la Gauche française d'être la complice des criminels,  « cette gauche qui trouve toujours des excuses aux voyous », cette Gauche héritiaire de 1968 qui aurait « cherché à faire croire que la victime comptait moins que le délinquant. » n'est pas sans rappeler les propos d'A. Bloom qui pestait contre « la culture de la drogue, culture rock, culture des gangs de la rue et ainsi de suite sans la moindre descrimination. ».

Quand Eric Besson, avant de le rallier, dénonçait en N. Sarkozy, un « bushiste, néo-conservateur à passeport français » il avait raison sur les trois points.
N. Sarkozy est bien français.
Comme on vient de le voir, ses valeurs puisent en grande partie dans la dialectique néo-conservatrice américaine.
Il a enfin pris de Bush la démarche, le style et surtout la stratégie de campagne : il a su comme lui allier le néo-conservatisme américain à une frange traditionnaliste religieuse.

Il y a 8 ans les Français raillaient les Etats-Unis, leur conservatisme, et ce président falloche qui allait les représenter.
Il aura fallu attendre 6 ans, et la victoire du Parti Démocrate dans les 2 chambres pour que les Américains retrouvent la raison et mettent fin à ce mirage d'incompètence dangereuse.

Aura-t-il fallu 7 ans aux Français pour perdre leur raison et se convertir ?

Alexandre Joly.

29 avril 2007

Le débat entre François Bayrou et Ségolène Royal du 28 avril 2007

28 avril 2007

François Bayrou accuse N. Sarkozy de pressions sur les médias

Reçu par Jean-Michel Apathie sur RTL le 27 avril 2007, François Bayrou a accusé Nicolas Sarkoy de "verrouillage de l'information".

 

 

Il y a en effet pas mal de questions que l'on peut se poser concernant l'attitude d'un certain nombre de grands médias. Un débat voulu par la majorité des candidats n'avaient pas pu être organisé avant le premier tour. La raison était la même que celle d'aujourd'hui : le refus de Nicolas Sarkozy d'y participer. Le candidat UMP sait très bien qu'en refusant, il empêche les chaînes de télévision et les radios d'organiser un tel évènement du fait des contraintes imposées par le CSA sur l'égalité du temps de parole des différents candidats. Dans ce cas, c'est N. Sarkozy qui est le tacticien se jouant des règles démocratiques alors qu'il fait tout (déclarations, provocations, etc) pour occuper indirectement le terrain médiatique.

Mais ce qui est encore plus grave, c'est de voir la connivence  qui existe entre les grands organes de presse et le candidat UMP. Selon divers journalistes et témoins, ce dernier s'est souvent permis de menacer les journalistes ou leurs directions (cf. la rédaction de France 3 Nord / Pas-De-Calais). Il utilise également ses relations avec des actionnaires importants de ces mêmes groupe pour faire pression. Il est par exemple très proche de la famille Dassault mais aussi de Lagardère ou encore de Bernard Arnault et Martin Bouygues. Il est l'ami de certains "grands journalistes" tel que J.P. Elkabach. Cependant, il n'utilise pas toujours la force pour asservir les journalistes ; il sait aussi les séduire en les valorisant à l'extrême ou en essayant de devenir leur "ami". John Paul Lepers l'avait bien expliqué dans une interview accordée à vodeo.tv. Nicolas Sarkozy avait essayé de s'en faire un ami mais comme J.P. Lepers refusa sa proposition afin de garder une certaine distance avec le leader de l'UMP, celui-ci le pris mal et le considère depuis lors comme un ennemi. Toujours cette idée du "vous êtes avec moi ou contre moi" ! Le journaliste Philippe Cohen a bien démontré dans le magazine "Médias" comment s'organise les relations entre N.Sarkozy et une partie des médias (1). A cela s'ajoute les alliances objectives de certains éditorialistes tels que Laurent Joffrin de Libération et Jean-Marie Colombani du Monde ont tout fait pour disqualifier François Bayrou avant le premier tour en appelant à un second tour entre les candidats UMP et PS. Qu'un journal s'engage en faveur d'un candidat n'est pas condamnable en soi mais c'est la manière dont on le fait qui importe. Quand  J.M. Colombani parle d'"impératif démocratique", on voit bien qu'il s'agit de promouvoir un affrontement droite-gauche afin d'empêcher un candidat d'une troisième voie qui plus est prêt a remettre en cause les relations entre les médias et certains grands groupes industriels. A cela s'ajoute l'instrumentalisation des sondages avant le premier tour qui a surtout visé à favoriser le vote pour les représentants des des duex forces politiques qui se partagent le pouvoir depuis des décennies.

Heureusement, le débat va finalement avoir lieu même si ce ne sera pas sur un une grande chaîne de télvision. Il sera organisé par BFM TV et RMC dans l'hôtel parisien The Westin à partir de 11 heures samedi 28 avril et il devrait durer environ 1h30. Ce débat sera ouvert aux représentants de la presse et pourra être retransmis par les autres chaînes de télévision et de radio. À charge pour ces dernières de veiller, pour elles-mêmes, au respect du principe d'égalité entre les candidats.

Hervé Tisserand 

Pour en savoir plus :

(1) L'article de Philppe Cohen

Le blog de John Paul Lepers

 

27 avril 2007

La galaxie sarkozyenne

Nous avons déjà abordé le sujet dans une note du 20 avril sur ce même blog, mais l'actualité judiciaire nous ramène encore une fois chez les plus proche collaborateurs de N. Sarkozy. L'article suivant extrait du Monde du 26 avril confirme la condamnation de Joëlle Ceccaldi-Raynaud et de son père Charles.

Rappelons que Joëlle Ceccaldi-Raynaud est maire de Puteaux, charmante bourgade des Hauts-de-Seine, depuis qu'elle a gentiment évincé son papa malade du poste. Oubliant de lui rendre les clés de la mairie une fois remis.

Mais elle est surtout la collaboratrice et suppléante du député des Hauts-de-Seine N. Sarkozy depuis 1997 et a donc à ce titre été nommé député lorsque celui-ci a été appelé au gouvernement en juin 2002. Dix ans que N. Sarkozy a connaissance, appuie et soutient l'action de Joëlle Ceccaldi-Raynaud dans sa circonscription. Sans s'offusquer des méthodes.

Ce qui n'est pas le cas de la Justice.

Cette information n'a pas été, allez savoir pourquoi, relayé dans les journaux télévisés français.

Alexandre Joly. 

 

La maire et l'ancien maire de Puteaux condamnés pour diffamation

LEMONDE.FR | 26.04.07 | 18h20  

La cour d'appel de Versailles a confirmé, jeudi 26 avril, la condamnation en première instance, pour diffamation, de Joëlle Ceccaldi-Raynaud, députée et maire (UMP) de Puteaux (Hauts-de-Seine), et de son père Charles, ancien maire de la ville, dans l'une des affaires qui les opposent à Christophe Grébert, un blogueur, animateur de monputeaux.com, et par ailleurs opposant socialiste. Ils devront payer 2 500 euros d'amende chacun et régler solidairement 3 000 euros de dommages et intérêts. La condamnation devra également être publiée sur le site de la mairie de Puteaux.

L'affaire remonte à janvier 2004. Un jour où il se promène dans les rues de Puteaux, M. Grébert croise Charles Ceccaldi-Raynaud, alors maire, accompagné de policiers municipaux. Le maire ordonne aux agents d'interpeler le blogueur, qui, depuis 2002, anime un blog consacré à la vie de la commune et où il décrypte la vie des quartiers et la politique municipale sur un ton acide que supportent mal les élus locaux.

Après avoir alerté des passants, qui appellent la police nationale, M. Grébert est libéré des mains des agents municipaux. Mais quelques jours plus tard, la mairie publie une lettre expliquant que l'action de la police municipale visait à contrôler l'appareil photo du blogueur. "L'intéressé possède la fâcheuse habitude de photographier les enfants et de les approcher sans autorisation des parents", relève le maire. "On insinue que je suis pédophile", s'insurge le blogueur, qui porte plainte et obtient en 2006 la condamnation des Ceccaldi-Raynaud père et fille pour diffamation et complicité. Ceux-ci feront alors appel.

UNE AUTRE AFFAIRE

Parallèlement, une autre affaire, antérieure à la précédente, oppose toujours la mairie de Puteaux à M. Grébert. Cette fois, c'est la mairie qui poursuit le blogueur pour diffamation. Les édiles de Puteaux l'accusent d'avoir repris sur son blog "un article diffamant" du Parisien concernant le licenciement d'une employée de la mairie après qu'elle a alerté ses supérieurs sur des soupçons d'irrégularités dans l'attribution d'un marché.

En 2006, la 17e chambre correctionnelle de Paris avait prononcé la relaxe de Christophe Grébert. La mairie avait fait appel. L'audience a eu lieu mercredi 25 avril, à la 11e chambre de la cour d'appel de Paris cette fois.

"Internet n'est pas une banlieue médiatique", a fait valoir Me Fédida, défenseur de la mairie. Les blogs personnels devraient, selon l'avocat, être soumis à la loi du 29 juillet 1981 sur la liberté de la presse, y compris en matière de diffamation.

"Mais il n'y a pas diffamation, s'est défendu M. Grébert, les éléments mis en avant en 2004 sont aujourd'hui avérés." Il a cité devant la cour un récent rapport de la chambre régionale des comptes affirmant que la ville était réputée pour ses "dépenses élevées".

"On ne peut pas traiter de la même manière des citoyens seuls et de puissants groupes médias", a également déclaré M. Grébert. Son avocat, Me Jean-Marcel Nataf, a demandé à la cour d'appel de confirmer le jugement en première instance. Celle-ci a mis son arrêt en délibéré au 30 mai.

Eric Nunès


Le blog du père contre la fille

Il existe sur le Réseau un autre blog, bien plus virulent à l'encontre de l'actuelle maire de Puteaux que celui de Christophe Grébert. Puteaux pour tous déborde de commentaires pour le moins désobligeants à l'encontre de Joëlle Ceccaldi-Raynaud : elle "ne sait pas écrire", "elle n'assume pas", "elle ment".

L'auteur de ce blog peut se targuer de bien connaître l'édile puisqu'il en est... le père. Il s'agit de Charles Ceccaldi-Raynaud, toujours adjoint au maire.

A l'origine de cette guerre ouverte dans la famille Ceccaldi-Raynaud, une maladie qui a imposé à Charles de passer la main en 2004. Maire depuis trente-cinq ans, il avait alors poussé le conseil municipal à désigner sa fille pour lui succéder.

Mais en 2005, la santé retrouvée, il a exigé de retrouver le poste de maire. Sa fille a refusé. Charles Ceccaldi-Raynaud, qui a expérimenté à ses dépens la force médiatique d'un blog d'opposition, a ouvert le sien. A charge contre sa fille.

Sollicité plusieurs fois par Le Monde.fr, la mairie de Puteaux n'a jamais donné suite. »

26 avril 2007

LA JUSTE VOIE

Attendue depuis dimanche soir, la conférence de presse de François Bayrou de mercredi après-midi a confirmé ce que que tous les observateurs annonçaient : il ne donnera aucune consigne de vote, créera un nouveau parti démocrate et rencontrera S. Royal entre les deux tours.

Si cette attitude n'est pas une surprise, c'est qu'elle est cohérente et dans la droite ligne des valeurs défendues par François Bayrou durant cette campagne. Campagne durant laquelle cette cohérence a souvent échappé aux autres candidats, et en particulier aux deux finalistes. Cohérence à laquelle, enfin, près de 7 millions de Français ont été sensibles.

Ses électeurs se retrouveront complètement dans les propos de François Bayrou. Tant sur le fond que la forme. Et en premier lieu dans son refus de donner une consigne de vote :

En effet, si 19% des votants l'ont choisis, c'est qu'ils estimaient qu'il était le plus à même de diriger la France,  contrairement à ses adversaires. Adversaires dont il s'est fait un malin plaisir de rappeler les défauts et qui justifient son choix de n'en soutenir aucun.

Il a tout d'abord dressé un portrait peu flatteur de N. Sarkozy dont la «proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été. Par son tempérament, et les thèmes qu’il a choisis d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantage au plus riche. ». Portait qui annonce une rupture de fond avec l'U.M.P et ses pratiques musclées et souvent en contradiction avec les règles élèmentaires de la démocratie.

Positions confirmées le soir même lors du JT de 20 heures sur France2, quand il annonce qu'à titre personnel s'il ne savait pour qui il allait voter il « commençait à savoir pour qui ne pas voter. » Allusion explicite et claire à N. Sarkozy.

La gestion des finances publiques a aussi été une critique commune qu'il a lancé aux deux candidats qui «ont de surcroît promis une augmentation absolument délirante des dépenses publiques, de l’ordre de 60 milliards d’euros chacun, dans un pays endetté comme le nôtre, l’un des deux ajoutant une baisse totalement improbable des prélèvements obligatoires dans une proportion que ni Reagan ni Mme Thatcher n’ont jamais approchée même en rêve ». Ici encore on notera une attaque circonstanciée de N. Sarkozy.

Son attitude a donc été plus nuancée vis à vis de S. Royal. S'il critique les positions économiques du P.S « multipliant les interventions de l'Etat », il la reconnaît « mieux intentionnée en matière de démocratie » que son adversaire conservateur. Et la proposition de cette dernière de débattre avec François Bayrou en est une illustration courageuse car risquée. Risque que N. Sarkozy n'a pas voulu courir, et courage qu'il n'a pas su afficher, repoussant mercredi soir sur TF1 la proposition de rencontre qu'il avait reçue de François Bayrou.

En renvoyant les deux candidats et leurs partis à leurs faiblesses respectives, il confirme ainsi la nécessité d'exprimer d'autres valeurs que celles défendues par le P.S et l'U.M.P et « annonce la création d’un nouveau parti politique, le parti démocrate, qui présentera des candidats à toutes les élections à venir, et d’abord aux élections législatives, pour représenter les Français qui veulent une politique nouvelle, indépendante, libre de son expression et décidée à les défendre sans se laisser intimider par les menaces ou les tentations diverses liées au pouvoir . »

La volonté affichée de créer un Parti Démocrate est une idée dans laquelle beaucoup de Français se reconnaissent. L'U.D.F, par ses choix politiques, son programme et ses valeurs assez peu lisibles ne portaient pas suffisamment en lui les valeurs de la pensée social-démocrate. Pendant trente ans, il a surtout été perçu comme une force d'appoint pour la droite, perdant toute liberté de mouvement et sens politique.

La création de ce nouveau parti, affranchi de ses anciennes alliances, comme le refus d'appeler à voter pour un candidat sont non seulement une marque de respect pour ses électeurs mais aussi la démonstration qu'on peut faire de la politique autrement : en faisant confiance au libre-arbitre des Français, en expliquant plutôt qu'en psalmodiant, en convainquant plutôt qu'en contraignant.

C'est cette liberté que nous entendons, nous, démocrates, faire jouer le 6 mai.

Et c'est au candidat qui la respectera le mieux que nous apporterons notre soutien.

Alexandre Joly.